• Alerte historique des cliniques privées de Nouvelle-Aquitaine : une grève totale est annoncée le 3 juin

     

    Alerte historique des cliniques privées de Nouvelle-Aquitaine : une grève totale est annoncée le 3 juin

    Les représentants des 102 cliniques et hôpitaux privés de toute la Nouvelle-Aquitaine dénoncent une situation alarmante suite aux récentes décisions tarifaires du ministère de la Santé menaçant tout le système de soins. Avant l’arrêt de toute activité prévue le 3 juin, ils demandent un réarbitrage

    Du jamais vu. À la mesure de leur courroux, de leur indignation. Les directions des cliniques privées de Bordeaux, les médecins, et les représentants de l’URPS médecins libéraux ont tenu hier une conférence, à caractère exceptionnel pour dénoncer les dernières décisions tarifaires des hôpitaux du ministère de la santé. Avec la clé, l’annonce d’un arrêt des activités des 102 cliniques privées de Nouvelle-Aquitaine, comme ailleurs en France, à compter du 3 juin.

    Marie-France Gaucher, présidente de la Fédération de l’hospitalisation privée de Nouvelle-Aquitaine (FHP) se dit très inquiète : « Le ministre de la santé a dévoilé par voie de presse, sans concertation préalable, ni dialogue, la revalorisation des tarifs hospitaliers en 2024 : +4,3 % pour les hôpitaux publics, mais seulement +0,3 % pour les établissements privés. Il faut se souvenir que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, prévoyait une revalorisation globale de +3,2 %. Cette décision, est d’une injustice profonde. ! »

    Marie-France Gaucher, présidente de la FHP Nouvelle-Aquitaine a dénoncé hier, les décisions tarifaires des hôpitaux « sans discussion ni dialogue préalable ».Marie-France Gaucher, présidente de la FHP Nouvelle-Aquitaine a dénoncé hier, les décisions tarifaires des hôpitaux « sans discussion ni dialogue préalable ».

    Claude Petit / SO

    Autour de la table, tous, directeurs de cliniques, responsables syndicaux, médecins, chirurgiens affichent la même colère. Et incompréhension. « Il y a toujours eu un écart entre les revalorisations du public et du privé, ajoute Marie-France Gaucher, mais à ce point, en ce moment, face à l’inflation qui nous touche tous, conjuguée à une situation post-Covid qui a généré un surplus de patients lourdement affectés, on peut parler d’un gouffre. Qui risque de nous entraîner, nous et tout le système de soins, au fond du trou. Cette annonce porte un coup sévère à l’hospitalisation privée, d’où notre alerte. »

    60 % des cliniques seront en danger

    Le chirurgien Bruno Alfandari, PDG de la clinique Tivoli à Bordeaux a rappelé le poids que pèse, sur le système de santé de Nouvelle-Aquitaine, l’hospitalisation privée : « 34 % de l’offre de soins est assurée par le privé. Nous représentons toutes les spécialités, nous assurons plus de 237 000 séances de dialyses sur tout le territoire, y compris dans des secteurs ruraux, des accouchements, de la chirurgie complexe. Nos services d’urgence fonctionnent comme dans le public, et nous cumulons dans la région plus de 280 000 passages chaque année. L’assurance-maladie à 90 % prend en charge les frais d’hospitalisation et de séjours en clinique. Sans nous, le système de santé en Nouvelle-Aquitaine se casse la figure. »

    Ce jeudi à Bordeaux, la Fédération hospitalière privée de Nouvelle-Aquitaine a annoncé un arrêt des activités de toutes les cliniques et hôpitaux privés de la région à partir du 3 juin.Ce jeudi à Bordeaux, la Fédération hospitalière privée de Nouvelle-Aquitaine a annoncé un arrêt des activités de toutes les cliniques et hôpitaux privés de la région à partir du 3 juin.

    Claude Petit / SO

    Aucun des intervenants du privé ne remet en question la revalorisation accordée à l’hôpital public, mais ils réclament en urgence, une révision, un ré-arbitrage des enveloppes. « Et surtout une discussion, des négociations, tempête François Guichard, président du groupe GBNA Santé et chirurgien. 40 % des cliniques dans le pays sont déficitaires en 2023, elles seront 60 % en 2024. Combien vont être en liquidation ? Affaiblir le privé fragilise tout le système de soins, ces décisions ont été prises par des technocrates très éloignés de la réalité du terrain. Nous ne voulons pas dégrader la prise en charge de nos patients, mais nous y serons contraints. Il faudra diminuer la taille des services, la fluidité et l’adaptabilité qui faisaient notre force. Les files d’attente s’allongeront. Les patients seront perdants et le public ne pourra supporter la surcharge.”

    Les AVC à Pau devront être traités à Bordeaux ?

    Tous rappellent que lorsque l’hôpital public craque dans ses coutures, c’est le privé qui prend la relève. Durant le Covid, les cliniques n’ont pas hésité à ouvrir leurs portes, monter des tentes de soins d’urgence avec des médecins toutes spécialités confondues aux premières loges, nuit et jour. « La santé publique est aussi notre affaire, soutient le professeur Le Huec, chirurgien orthopédiste et président de la communauté médicale d’établissement à la Polyclinique Bordeaux-Nord. On soigne aussi bien dans le privé que dans le public, et contrairement à la légende, nos tarifs sont 22 % inférieurs. On ne refuse aucun patient, y compris les bénéficiaires de la CMU. »

    Bertrand Mignot patron de la clinique Saint-Augustin de Bordeaux, enfonce le clou, signale que les déficits dans le privé auront un impact sur les salaires des professionnels, sur les outils, les investissements. « C’est grave et irréparable à long terme, lâche-t-il. Certains départements dépendent de l’hospitalisation privée pour de nombreuses spécialités, je pense à Pau par exemple, dont la neurochirurgie et la prise en charge des AVC ne sont possibles que dans le privé. Si ça ferme, les personnes victimes d’un AVC devront être soignées à Bordeaux ? Une catastrophe sanitaire. »« Faire grève n’est pas dans notre culture, notent les médecins. 100 % d’arrêts pour les médecins, pas question de faire du terrorisme sanitaire, nous sommes tous des gens responsables, on prévient pour laisser le temps au ministre de la santé de revoir sa copie. »


  • Une enquête en cours sur la mort d’une patiente, après une opération bénigne dans une clinique, près de Bordeaux

    Une enquête en cours sur la mort d’une patiente, après une opération bénigne dans une clinique, près de Bordeaux

    Le 4 mars dernier, Gwenaëlle Leterme, 38 ans, décède, six jours après une intervention chirurgicale bénigne à la Nouvelle clinique de Bordeaux-Tondu, à Floirac. Ses proches s’interrogent sur sa prise en charge et ont porté plainte. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Bordeaux

    Des manquements ont-ils été commis dans la prise en charge médicale d’une jeune femme, Gwenaëlle Leterme, hospitalisée à la Nouvelle clinique Bordeaux-Tondu et morte le 4 mars dernier, quelques jours après une intervention chirurgicale bénigne pratiquée dans cet établissement privé ? Cette question est au centre d’une plainte contre X déposée par la famille de la défunte, révélée par le site Actu.fr.

    Contacté par « Sud Ouest », le parquet de Bordeaux précise qu’une enquête préliminaire est en cours. « À ce stade, l’enquête est ouverte pour ‘‘recherches des causes de la mort’’. Une autopsie a été réalisée le 8 mars. La question de l’ouverture d’une information judiciaire n’est pas encore tranchée », indique-t-on au parquet, sans plus de détails sur les résultats de l’autopsie. Les investigations débutent et ont été confiées à la division de la criminalité territoriale.

     

    Elle préparait son mariage

    Gwenaëlle Leterme avait 38 ans, un enfant de 7 ans et préparait son mariage. « La noce était prévue pour le 21 juin. C’est moi qui devais les marier », témoigne son père, Jean-Luc Leterme, adjoint au maire d’un village du Libournais, Bonzac, et retraité du secteur médico-social. Le 27 février dernier, sa fille est admise à la Nouvelle clinique Bordeaux-Tondu, à Floirac, pour une intervention chirurgicale a priori sans danger : l’enlèvement de deux kystes du tractus thyréoglosse, un type de kyste parmi les plus fréquents dans le cou.

    Gwenaëlle Leterme avait 38 ans, un enfant de 7 ans et devait se marier, le 21 juin prochain.Gwenaëlle Leterme avait 38 ans, un enfant de 7 ans et devait se marier, le 21 juin prochain.

    Famille Leterme

    « L’opération dure une petite heure, sous anesthésie générale. À notre connaissance, elle semble s’être déroulée normalement. Après l’intervention, un drain a été posé. Gwenaëlle devait sortir de la clinique le 2 mars. Ce jour-là, elle avait rendez-vous chez le traiteur pour son mariage », raconte M. Leterme.

    Mais rapidement après l’intervention, la jeune femme ressent des douleurs, des problèmes de déglutition, des difficultés à respirer. Elle en parle aux soignants et à ses proches. « Les douleurs ont empiré, le drain lui faisait extrêmement mal. Des traitements antidouleur lui ont été donnés, mais la souffrance restait. Le 1er mars, le médecin qui l’avait opérée a décidé d’enlever le drain. D’après des SMS de notre fille, il ne lui paraissait pas convaincu », poursuit Jean-Luc Leterme.

    Le drain est envoyé en laboratoire pour analyses et des bactéries streptocoques A sont détectées. « Gwenaëlle a été mise sous antibiotiques. À 21 h 42, le 1er mars, elle envoie son dernier SMS. Elle dit ressentir un engourdissement de la langue, de la mâchoire, qu’elle appelle des soignants mais que personne ne vient », relate son père.

    Vers 1 heure du matin, la trentenaire fait un arrêt cardiorespiratoire au sein de la clinique. Des soignants tentent de la ranimer, elle est conduite au bloc. Le CHU de Bordeaux est alerté et elle y est transférée en urgence par le Samu. « Il était déjà trop tard. Elle était en état de mort cérébrale et a été déclarée officiellement décédée le 4 mars », poursuit Jean-Luc Leterme. Il n’a pas vu sa fille avant sa mort. « Nous étions en vacances au Maroc, en camping-car. On était partis tranquilles, ce devait être une petite opération. »

    « La confiance s’est rompue »

    Plongée dans la douleur, la famille a dû attendre plusieurs jours avant de récupérer le corps et de pouvoir organiser les obsèques, une autopsie ayant été ordonnée. « On a appris du CHU qu’ils avaient adressé un signalement au parquet pour ‘‘événement indésirable grave’’. On n’en a pas su davantage. Aujourd’hui encore, nous n’avons pas d’information sur les résultats de l’autopsie », précise le père de la défunte, qui s’interroge sur les soins dispensés à sa fille au sein de la Nouvelle clinique Bordeaux-Tondu. « Je crains que sa souffrance n’y ait pas été prise au sérieux. »

    « Aujourd’hui encore, nous n’avons pas d’information sur les résultats de l’autopsie »

    Assez vite, il a demandé à l’établissement le dossier médical de son enfant. « J’ai dû relancer et je ne l’ai obtenu qu’au bout de cinq jours. J’ai demandé un complément d’informations et là aussi cela a mis plusieurs jours. Il y a des inconnues, des points qui paraissent incohérents. La confiance s’est rompue et nous avons décidé, en famille, de ne pas poursuivre devant la commission des usagers et de saisir la justice. Nous voulons savoir ce qui est arrivé à Gwenaëlle. » Jean-Luc Leterme a été entendu, le 16 avril, par les enquêteurs.Sollicitée par « Sud Ouest », la clinique, qui appartient au groupe Saint-Gatien, déclare « ne pas être autorisée à s’exprimer sur ce dossier, du fait du secret médical ». « Les personnels sont très affectés. Un décès à la suite d’une intervention bénigne reste une situation exceptionnelle », précise-t-elle, confirmant que le dossier médical a été transmis à la famille cinq jours après sa demande, « en temps et en heure ». « Il y a eu une volonté de dialogue et d’échanges avec la famille, assure l’établissement. Une réunion de la commission des usagers leur a été proposée. Mais ils ont refusé le rendez-vous, le 9 avril dernier. »






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