•  

    Dans les années 80, certains auteurs de sciences fiction voyaient un monde dans lequel l’homme serait dégagé des servitudes du travail grâce aux technologies. Au même moment, alors que notre société de consommation atteignait son régime de croisière, la télévision qui avait conquis tous les foyers affichait la réalité d’une Afrique en proie à la pauvreté la plus extrême. Aujourd’hui, il semble que notre futur converge vers celui de l’Afrique d’alors tandis que les perspectives d’une révolution technologique au service de l’homme s’éloignent. Pourquoi en est-on arrivé là et comment sortir de l’ornière ?

    Lorsque j’étais plus jeune, dans les années 80, je ne me souciais pas trop de la politique, ni même de l’économie. Je trouvais un peu ridicule les apparitions à la télévision de ces hommes guindés à la voix plaquée or qui déclamaient sur un ton compassé des trucs que je ne faisais pas beaucoup d’effort pour comprendre. Ce qui me frappait le plus, finalement, c’était l’étrangeté de leur attitude, de leur posture ou de leur langage : Georges Pompidou avec sa gauloise et sa coiffure d’acteur de série B, Georges Marchais avec ses emportements burlesques et Giscard, qui n’aurait pas dénoté s’il avait porté une perruque poudrée. Je ne les voyais qu’à la télé et ils me semblaient tellement artificiels, tellement éloignés de mon univers que j’avais l’impression qu’ils jouaient une pièce de théâtre. Pour ce qui concernait l’économie, à défaut d’une compréhension précise, soutenue par une culture théorique, j’avais identifié quelques incohérences. La recherche des incohérences et de leur cause a toujours été un guide dans mes réflexions et malgré l’indigence de mon bagage théorique, j’ai rapidement acquis la certitude qu’il y avait un ou deux trucs qui clochaient tant en politique qu’en économie.

    Tout d’abord, il y avait les africains. Si tous les hommes étaient égaux, pourquoi étaient-ils si pauvres ? Il est probable qu’une majorité des français de cette époque aurait répondu que nous étions plus riches parce que nous étions plus intelligents et plus travailleurs. Le gouvernement du président Giscard n’affirma-t-il pas qu’« en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées » ? Je ne connaissais pas d’africains mais je connaissais quelques français et ces deux arguments ne me semblaient pas très convaincants. Ensuite, il y avait la guerre froide. Comment pouvait-on être doué de raison et tolérer un affrontement de cette nature ? Le coup de grâce est venu avec le socialisme. C’est à ce moment-là que j’ai perdu foi dans la capacité de mes concitoyens à gérer leurs problèmes. Car en effet, si le socialisme est un projet planétaire, pourquoi devrait-il se préoccuper davantage des travailleurs français que des travailleurs des pays pauvres, y compris africains ? Et dans ce cas, n’était-il pas risqué de confier notre destin à des socialistes ? Très tôt, j’ai perçu qu’il y avait une tension fondamentale entre la notion de nation et le socialisme : l’un et l’autre m’ont toujours semblé incompatible, ce qui n’a pas empêché une majorité de français de voter pour Mitterrand.

    Aujourd’hui, cette tension me semble toujours présente, à tel point que l’ultralibéral Macron a pu déclarer qu’il était socialiste. En réalité, la phase d’expansion du socialisme est parfaitement compatible avec le projet mondialiste puisque tous deux luttent pour affaiblir leur adversaire commun : l’Etat. Le socle du socialisme est la suppression des barrières érigées par les Etats entre la communauté mondiale des travailleurs et le libéralisme entend supprimer l’Etat en tant que principal intermédiaire entre l’entreprise et le marché, y compris du travail. L’une des conséquences de cette situation fut l’absence de volonté, à gauche comme à droite, de réguler un flux migratoire qui répondait aux intérêts matériels des mondialistes, puisqu’il tirait les salaires vers le bas et régulait la pression sociale, et aux intérêts idéologiques des socialistes. J’y reviendrai mais c’est là l’une des limites de notre démocratie.

    Aujourd’hui, il me semble que tout cela est largement connu. Les africains sont toujours aussi pauvres, toujours plus nombreux mais la normalité, c’est que les français sont en train de les rejoindre dans la pauvreté, ce qui tord le cou à l’idée que notre richesse serait le fruit de notre intelligence et de notre travail. L’illusion d’un destin exceptionnel n’aura duré que le temps pour les socialistes et les mondialistes de s’accorder sur la destruction de cet Etat qui assurait bonheur et prospérité aux « salopard à casquette » (expression utilisée par la bourgeoisie pour qualifier le peuple à partir de 1936). La France qui se profile sera finalement assez semblable à l’Afrique que je voyais à la télévision dans les années 80 ; ce sera un océan de pauvreté avec quelques îles de richesse. Les villes de province convergent progressivement vers leur format définitif : les impôts augmentent, puisqu’il faut bien que Paris vive, les commerces disparaissent, les hôpitaux ferment et les habitants perdent progressivement tout le confort dont bénéficiaient leurs parents. La prochaine étape sera cette protection sociale dont seuls bénéficieront ceux qui pourront se payer une assurance privée. Ce sera enfin la victoire de la classe sociale des privilégiés, des aristocrates de l’argent, qui a compris que la principale entrave à son totalitarisme procède de la solidarité des classes laborieuses.

    Dès lors que cette classe aristocratique aura affermi son autorité sur les classes laborieuses, sa principale préoccupation deviendra la perpétuation de son mode de vie et c’est là qu'apparaissent les considérations écologiques. Aujourd’hui, les principales craintes des très riches, bien avant la sécurité, sont la surpopulation et la pollution. Et puisque la pollution est directement liée à la surpopulation, nul besoin d'être devin pour imaginer ce que nous réserve un futur dirigé par une aristocratie de l'argent.

    Pour autant, et puisqu’il faut bien conclure, il me semble qu’il existe d’autres voies qui permettraient d’éviter les scénarios cauchemardesques que nous promettent à la fois les archaïsmes du socialisme et la brutalité du libéralisme. Le travail des robots, par exemple, plutôt que de créer du chômage, devrait être vu comme une opportunité pour dégager l’homme des contraintes du travail. Toutefois, il reste encore à inventer le système qui permettra de partager la richesse produite plutôt que de la concentrer entre des mains toujours moins nombreuses. La disparition des magasins offre l’opportunité de mettre un terme à cette société de consommation tant conspuée. La fin de la voiture pour tous permettra peut-être de sortir de l’individualisme qui a détruit les liens sociaux. Aujourd’hui, avant d’être matérielle, la faillite de notre société me semble davantage intellectuelle et elle ne concerne pas que les dirigeants.

    A ce titre, les personnes saines d’esprit auront compris qu’il ne faut rien attendre du politique. Les hommes politiques semblent totalement dépassés par la complexité de la société et l’ampleur des enjeux. Leur système de sélection, héritage d’un monde dont il faut sortir, favorise les candidats consensuels et serviles au détriment de ceux qui seraient créatifs et déterminés : aucun changement n’est donc à espérer de ce côté-là. Les élections en France sont une caricature de démocratie, un peu comme si les électeurs avaient le choix entre Burger King, Quick ou Mac Donald. Si les français peuvent choisir la marque de leur restaurant, ils mangeront, quel que soit leur choix, du burger.

    Le changement ne viendra pas des élites et il appartient probablement à chacun de saisir les fruits des nouvelles technologies, comme autant d’opportunités pour éviter le destin funeste que nous réservent les combats d’arrière-garde. Plutôt que de se battre contre un système, il serait certainement plus habile de créer un nouveau système et c’est, d’une certaine façon, ce que semblent sur le point de réaliser les gilets jaunes qui ont retrouvé, dans la protestation, la route du vivre ensemble. Il reste maintenant à trouver le chemin du construire ensemble. Quant à savoir si la France doit faire partie de notre futur, c'est une question qui ne devrait concerner que les Français.

     


  •  

    L'attention de la Banque centrale européenne a été concentrée sur la capacité des systèmes à maintenir des opérations et à assurer la sécurité en cas de cyberattaques, une menace de plus en plus sophistiquée et de plus en plus importante. Aujourd'hui, la criminalité et la cyberdélinquance dispose des outils nécessaires pour attaquer tout un pays (comme l'ont montré les récentes attaques qui ont paralysé des secteurs spécifiques, tels que le secteur de la santé). La BCE a récemment publié un document indiquant la feuille de route pour assurer la résilience informatique des infrastructures opérant sur le marché financier.

    Son objectif est de proposer une voie commune pour éviter la fragmentation des stratégies et de faire front commun contre la sophistication de la cyberdélinquance. La cyber-résilience dépend de contrôles de sécurité efficaces et d'une conception des systèmes qui protègent la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des services. Ces mesures devraient être proportionnées à un paysage de menaces des infrastructures du marché financier et à un rôle systémique dans le système financier, et compatibles avec sa tolérance au risque. Le fonctionnement sûr et efficace des infrastructures du marché financier est essentiel pour le maintien et la promotion de la stabilité financière et de la croissance économique. Si elles ne sont pas gérées de manière appropriée, les infrastructures des marchés financiers peuvent devenir des sources de chocs financiers, tels que des perturbations de liquidité et des pertes de crédit, ou des canaux majeurs par lesquels ces chocs se propagent sur les marchés financiers nationaux et internationaux.

    Dans ce contexte, le niveau de cyber-résilience, qui influe sur la résilience opérationnelle des infrastructures des marchés financiers, peut être un facteur décisif pour la résilience globale du système financier et de l'économie en général. La caractéristique distinctive des cyberattaques est souvent la nature persistante d'une action menée par des pirates (par exemple, des attaques avancées à menace persistante). La présence d'un adversaire actif, déterminé et parfois sophistiqué dans les cyberattaques signifie que, contrairement à la plupart des autres sources de risque, les cyberattaques sont souvent difficiles à identifier ou à éliminer et que l'ampleur de l'impact peut être difficile à déterminer. En raison de leur interconnexion, des cyberattaques peuvent survenir par le biais des participants aux infrastructures des marchés financiers, des infrastructures liées des marchés financiers, des fournisseurs de services, des fournisseurs ou des produits de fournisseurs. Les infrastructures des marchés financiers pourraient elles-mêmes devenir un réseau pour disséminer davantage les cyberattaques, par exemple via la distribution de logiciels malveillants à des entités interconnectées.

    Contrairement aux perturbations opérationnelles physiques, le cyber-risque posé par une entité interconnectée n’est pas nécessairement lié au degré de pertinence de cette entité pour le secteur des infrastructures de marché financier. Certaines cyberattaques peuvent également rendre inefficaces certaines procédures de gestion des risques et de continuité des activités. Par exemple, des dispositifs automatisés de réplication de systèmes et de données conçus pour préserver les données et les logiciels sensibles en cas de perturbation physique peuvent, dans certains cas, alimenter la propagation de programmes malveillants et de données corrompues vers les systèmes de sauvegarde. Les logiciels malveillants conçus pour tirer parti de ces faiblesses cachées peuvent échapper aux contrôles. Pour minimiser l’impact de telles attaques, il est nécessaire de disposer de capacités pour les détecter rapidement, y faire face, les contenir et les récupérer. Par conséquent, les infrastructures des marchés financiers devraient constamment accroître leurs capacités en matière de cyber-résilience dans le but de réduire les risques croissants que les cyber-menaces font peser sur les infrastructures des marchés financiers.

     






    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires