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    Un jour de plus, un an de plus... le gouvernement ne parle que de cela. Mais est-ce la martingale ?

    Par Sophie Fay

    Publié le 29 mars 2019 à 07h03
     
     

    Dans le cadre du grand débat national, les Français demandent à la fois plus de pouvoir d'achat, plus de services publics et moins d'impôt. Pour atteindre ces trois objectifs en même temps, il n'y aurait qu'une seule solution : travailler plus. C'est la petite musique que l'on entend de plus en plus fort et de plus en plus souvent dans les rangs du gouvernement. Plusieurs ministres y pensent, mais "à titre personnel", s'empressent-ils aussitôt de préciser... C'est un peu comme s'ils testaient l'idée auprès de différents interlocuteurs. Est-ce vraiment la martingale ?

    C'est Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, qui a lancé le premier ballon d'essai. Elle a d'abord évoqué "à titre personnel" l'idée de repousser l'âge du départ à la retraite. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, n'est évidemment pas d'accord : il prépare une réforme à droits constants, pour simplifier et crédibiliser le système de retraite auprès des jeunes, pas pour faire des économies. Mais, finalement, il reconnaît qu'on pourrait travailler un an de plus pour une autre raison, pour financer le risque dépendance, par exemple. Ce qu'Agnès Buzyn a confirmé avec sa casquette de ministre une semaine plus tard. Autre piste, lancée cette fois par la majorité : travailler un jour férié pour financer cette fameuse dépendance qui touche de plus en plus de familles. Un jour dans l'année ou un an dans sa carrière, le résultat est le même : travailler plus.

    "Les 35 heures, est-ce bien raisonnable ?"

    Et pourquoi pas travailler un peu plus dans la semaine ou l'année ? Emmanuel Macron l'avait évoqué très clairement avant de devenir ministre, assez clairement aussi avant d'entrer en campagne (dans son interview à "l'Obs", il envisageait même une modulation du temps de travail selon son âge ou ses envies, avec l'idée qu'un jeune peut avoir envie de travailler plus pour gagner plus). Il l'a encouragé avec les ordonnances travail ainsi qu'avec la défiscalisation des heures supplémentaires et de fait, les Français travaillent plutôt 39 heures que 35.

    Faut-il aller plus loin ? "A titre personnel", Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire ne serait pas contre. "A titre personnel", un ministre centriste pose aussi la question : "Les 35 heures, est-ce bien raisonnable ?"

    Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat à Bercy en charge de la réforme de la fonction publique, a aussi cette idée derrière la tête. Et pas seulement à titre personnel. Avec Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, dont il dépend, ils assument de vouloir faire travailler tous les fonctionnaires au moins 35 heures. Leur réforme de la fonction publique, présentée le 27 mars en conseil des ministres, l'impose aux collectivités locales qui ne respectent pas cette règle...

    L'article 17 du projet de loi oblige les élus à revoir le temps de travail des équipes qui feraient moins de 1.607 heures par an (soit 35 heures par semaine) après les prochaines élections. Gare aux "journées du maire" trop généreuses ! Pour que le message passe dans toutes les administrations, et pas seulement auprès des fonctionnaires locaux à qui il s'adresse formellement, les ministres ont fait plancher l'Inspection générale des Finances sur le temps de travail dans la fonction publique d'Etat (hors profs, militaires, magistrats et gendarmes).

    Là aussi, on voit apparaître des "jours ministres", une "semaine Malraux" au ministère de la Culture, une "semaine d'hiver" aux affaires sociales et presque partout des "jours de fractionnement" (lorsqu'on fractionne ses congés)... Sur 1,1 million de fonctionnaires radiographiés par l'IGF, un tiers ne ferait pas les 1.607 heures légales, dont 190.000 sans que leur fonction ou la pénibilité de leur emploi ne le justifie. Une réserve non négligeable pour réduire les effectifs de l'Etat, comme prévu par Emmanuel Macron, sans dégrader le service public ?

    On ne peut pas ignorer les problèmes des jeunes et des seniors

    Travailler plus dans sa vie,  l'année ou dans la semaine serait donc une solution pour donner plus de sécurité et de pouvoir d'achat aux Français, sans dégrader la compétitivité des entreprises, la situation des finances publiques et surtout sans augmenter les impôts de telle ou telle catégorie. La direction du Trésor en est convaincue depuis longtemps, elle qui martèle que les retraites coûte en France 13% du PIB contre à peine 10% chez nos voisins, ce qui pourrait être facilement corrigé en reculant l'âge de départ à la retraite.

    Est-ce vraiment une martingale, toutefois ? Certains ont en tête l'exemple de la très riche Suisse où l'on travaille 40 heures par semaine. Ou de l'Allemagne qui a repoussé l'âge de la retraite. Mais on ne peut pas s'empêcher de regarder autour de soi et de voir la difficulté pour les jeunes à entrer sur le marché du travail. Ne sommes-nous pas les rois des stages ? On ne peut pas non plus ignorer les difficultés des seniors pour rester en activité aussi longtemps qu'ils le voudraient parfois. Chez Ford à Blanquefort, on joue sur les départs anticipés à la retraite pour fermer l'usine en limitant la casse sociale. C'est le cas dans beaucoup de plans de sauvegarde de l'emploi. Se pose aussi la question des absences pour raisons de santé qui augmentent en fin de carrière.

    Cela n'arrêterait pas forcément le gouvernement ou le président de la République s'ils n'avaient pas peur, à ce stade, du retour de bâton politique. Après l'ISF, peuvent-ils prendre le risque de toucher à un autre totem, que ce soit celui des 35 heures ou l'âge de la retraite ? "A titre personnel", on se pose la question !

    Sophie Fay

    Sophie Fay

    Journaliste


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    De même que le côté "face" d'une pièce est toujours accompagné par le côté "pile", les comportements sadiques ne pourraient exister sans le masochisme, qui est bien plus répandu qu'on ne le pense. Ce texte est le pendant de celui que j'ai déjà publié sur le sadisme.

     

    "Les salauds sont beaucoup plus intéressants" (réplique du film L'arrangement, d'Elia Kazan)

    Le syndrome de Stockholm

    Ce nom a été donné à la suite du braquage d'une banque au cours duquel un détenu en permission, Jan-Erik Olsson, prit des employés en otages. Lors du procès, les magistrats ont constaté avec stupéfaction que les otages avaient refusé de témoigner contre leur agresseur. L’une des victimes aurait même entretenu une relation amoureuse avec Jan-Erik Olsson.
    Disons sans ambages que les explications données par les psychologues tiennent du conte de fées, ils parlent de "choc psychologique" et de "sidération". Je veux bien admettre à la rigueur que cela puisse se produire dans les premiers instants, mais que ce comportement puisse se poursuivre jusqu'au procès, cela ne tient pas la route. Il est infiniment plus probable que ces professionnels veuillent éviter les questions gênantes que les gens pourraient se poser sur la nature humaine et ses implications déstabilisantes.
    La cause qui me semble déterminante est la fascination que nous éprouvons tous à un degré plus ou moins élevé envers ceux qui osent transgresser les règles établies et prennent ce qu'ils veulent par la force ou par la ruse. Inconsciemment, nous les envions de pouvoir faire quelque chose que nous nous interdisons.

    Complémentarité de la nature humaine

    La relation entre dominant et dominés existe parmi de nombreuses espèces animales, c'est donc une des voies trouvée par l'évolution pour perpétuer la vie. Elle est essentielle dans l'organisation sociale des primates, et aussi dans notre espèce. On peut observer que les choses se mettent en place très tôt, dans les maternelles et les écoles primaires.
    Le critère de soumission n'est pas forcément la faiblesse par rapport au dominant mais porte plutôt la marque d'une plus grande inhibition. La personne la plus agressive ne s'identifie pas aux autres, ne montre pas d'empathie, elle considère simplement les autres comme des moyens d'arriver à ses fins.
    Pourquoi donc tant de personnes acceptent-ils une situation qui les désavantage autant ? En réalité, les gens ont très peu de choix dans la vie, car la crainte la mieux partagée est celle d'être complètement ignoré, comme si l'on ne comptait pas, c'est de loin ce qui est le plus insupportable et chacun fait tout pour l'éviter.
    Devant quelqu'un qui veut prendre l'ascendant sur vous, il n' y a donc que deux éventualités possibles, le combattre ou se soumettre. La plupart du temps, la personne accepte la subordination, la neutralité risquant de la faire rejeter dans le néant. C'est ainsi que les gourous assurent leur emprise sur leurs proies, qui sont consentantes dans la plupart des cas. Quand celui-ci est arrêté pour abus sexuel, il n'est pas rare que ses victimes manifestent pour qu'il sorte de prison.
    Il est notoire que les criminels en série et les auteurs de tueries de masse reçoivent régulièrement en prison des lettres d'amour, ce qui ne peut que les conforter dans la voie qu'ils ont choisi. C'est essentiellement pour cette raison que je considère la suppression de la peine de mort comme une faute grave, car il est impossible de contrer l'ascendant des grands criminels sur de nombreuses personnes.

    Soumission inscrite dans la tradition

    De nombreuses sociétés ont érigé des principes contraignants qui établissent très souvent la domination des hommes sur la famille, et en particulier sur leurs épouses. L'argument qui pouvait être valable à l'époque où la force physique était un atout prépondérant est devenu complètement obsolète maintenant que le plupart des tâches peuvent être accomplies sans effort notable. Tout naturellement, cette domination fut contestée avec le succès que l'on sait.
    Mais comme à chaque fois qu'une oppression est renversée, le balancier ne s'arrête pas au milieu du chemin, il continue son mouvement jusqu'à l'extrême opposé, si bien qu'aujourd'hui c'est le pouvoir lui-même qui est réclamé par les femmes, menaçant de détruire tout l'édifice civilisationnel bâti sur un équilibre fragile.
    Cependant, un autre courant complètement opposé est à l'oeuvre dans cette société déchirée, celui de l'islam et de son corollaire, la charia. Dans ce monde, la femme est totalement soumise et se cache sous un voile. Les tenantes du féminisme savent qu'elles ne peuvent rien faire contre cela, puisque la seule lutte qu'elles peuvent mener est contre ceux qui leur ont cédé le terrain. Mais l'islam n'a jamais cédé un pouce de terrain et elles le savent parfaitement, donc elles le laissent tranquille.
    Cette idéologie va donc séduire de nombreuses européennes qui trouvent leur raison de vivre dans le masochisme, parce que c'est un comportement extrêmement répandu. Quelle est la tendance qui va l'emporter ? A celà, je n'ai pas de réponse définitive, mais je suis persuadé que le critère décisif sera la capacité de survie du modèle qui s'imposera.