• « Ce squat va faire date » : près de Bordeaux, les anti-LGV ont passé leur première nuit entre DJ set et débats passionnés

    « Ce squat va faire date » : près de Bordeaux, les anti-LGV ont passé leur première nuit entre DJ set et débats passionnés

    Une ferme vide et promise à la démolition le long de la future ligne à grande vitesse investie par une cinquantaine de personnes, samedi 20 avril au soir, à Cadaujac. La suite du mouvement se décide ce dimanche.

    C’est une vieille ferme très vaste à Cadaujac, dans la banlieue sud de Bordeaux. La voie ferrée qui file vers Toulouse passe juste devant. Une banderole est accrochée à la haie : « maison réquisitionnée contre les LGV ». Elle est inoccupée et promise à la démolition dans le cadre du projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux-Toulouse et Dax. Comme plusieurs autres maisons ou terrains de la même rue. Mais ce samedi soir, la vieille bâtisse a repris vie. Spots colorés à l’intérieur, tireuse à bière et à limonade installée à la hâte, deux énormes enceintes montées sur des tréteaux, DJ set engagé. Les anti-LGV ont la contestation festive.

    La banderole accrochée à la haie hier en fin d’après-midi.

    La banderole accrochée à la haie hier en fin d’après-midi.

    DL

    Hier après-midi, environ 300 personnes ont participé à une manifestation contre le projet de LGV, organisée par plusieurs collectifs d’opposants, devant la gare de Cadaujac. L’après-midi s’est conclu par une marche naturaliste, où une surprise avait été annoncée aux participants. C’était ça : la réquisition de ce corps de ferme pour y passer la nuit, au minimum, « dans la joie et la révolte ». Voire plus longtemps, une éventuelle suite sera décidée ce dimanche 21 avril. Ils sont une cinquantaine, d’horizons divers, plutôt jeunes. Certains ont des masques fantaisie sur le visage. « Portez de l’eau, des vêtements chauds, une lampe frontale, un sac de couchage, du PQ, un écocup, un casse-croûte », les consignes de base pour dormir sur place.

    Un squat « qui va faire date »

    Membre de l’un des collectifs, Ester vit son premier squat : « Ces maisons sont repérées de longue date comme devant être démolies, c’est pour ça qu’elle a été choisie. À ma connaissance, c’est le premier squat anti-LGV en Gironde. Il va faire date, car il y a des gens d’un peu partout, cela montre qu’un réseau est en train de se constituer tout au long de ce projet. Les gens ont besoin de se connaître, d’échanger, pour partager des actions. » Les anti-LGV savent qu’il est « difficile de bloquer un chantier de plus de 300 km de long, mais on peut faire de la contestation en réseau, multiplier les actions comme celle-ci », pensent une militante écolo.

    Dans la cour de la ferme brûle un grand feu de bois. On discute assis par terre en cercle, pendant que d’autres dansent. Vers 22 heures, deux gendarmes se présentent à l’entrée, se renseignent sur l’occupation, relèvent quelques identités, s’inquiètent du bruit. « Vous inquiétez pas, c’est à l’intérieur, on n’entend rien de dehors », rassure un jeune. Les gendarmes repartent. « On a vu les voisins, ils nous ont plutôt bien accueillis, eux aussi vont être expropriés partiellement par la LGV », ajoute-t-il.

    « Une façon différente de vivre »

    Jérémy, enseignant, un habitué des manifestations écologistes, encarté EELV, devant le feu : « On défend tous ici une façon différente de vivre, une société qui ne cherche pas toujours la croissance et la vitesse. On est pour les trains du quotidien, des mobilités plus douces, pas forcément plus rapide. Que le train profite à tout le monde, pas seulement à ceux qui veulent voyager vite et cher entre les grandes métropoles. »Pour Sarah, une Néerlandaise du collectif Stop LGV Bordeaux, « ce genre d’actions n’est pas forcément dans la culture de tout le monde dans les collectifs. On sort du symbolique, on occupe un espace, ça permet de se rencontrer, de prendre le temps de discuter. Ce projet n’a rien à voir avec les mobilités, c’est une logique financière. On n’a pas besoin de rouler à 320 km/h, à partir de 200 on a déjà des liaisons très rapides, la France a déjà un réseau en place. Je refuse le modèle économique de la LGV ». Dans la lumière ardente du feu, les débats sont passionnés, portés par le sentiment de « donner une nouvelle tournure à cette contestation ».

     


  • Elle marche dans le centre de Bordeaux et croise un homme qui la menace avec un pistolet

    Elle marche dans le centre de Bordeaux et croise un homme qui la menace avec un pistolet

    C’est dans la petite rue Mauriac, qui relie le bas du cours Victor-Hugo à la rue des Faures, que l’agression a eu lieu. © Crédit photo : E. A.-C.

    L’agression s’est déroulée à l’entrée du quartier Saint-Michel, mercredi 17 avril. L’arme était, en fait, factice. Un suspect a été rapidement retrouvé. Jugé pour « violences », ce vendredi 19 avril, il a été condamné à de la prison ferme

    Elle rejoignait des amis, sur la place Meynard, poumon du quartier Saint-Michel, le 17 avril. Travaillant et habitant dans le coin, elle n’avait aucune raison de se méfier quand, dans la petite rue Mauriac qui relie cours Victor-Hugo et rue des Faures, elle a croisé le chemin d’un jeune homme, appuyé contre la vitrine d’une laverie, qui lui a souri. Mais une seconde plus tard, le même sortait une arme de poing de sa poche et la pointait vers elle.

    « C’est allé très vite, sans un mot de sa part. J’ai crié et j’ai couru. Un peu plus loin, j’ai trouvé des policiers. Ils m’ont fait monter dans leur voiture ; nous avons tourné dans le secteur et j’ai reconnu mon agresseur », raconte la jeune femme, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, ce 19 avril.

    Dans le box des prévenus, un homme de 26 ans est jugé en comparution immédiate. Il commence par tout nier et se lance dans des explications alambiquées. « J’ai des problèmes avec un gars. Il a dit à son épouse de m’accuser. » Mais la partie civile est formelle : elle ne l’avait jamais vu avant mercredi dernier. En fouillant le suspect, les policiers ont découvert deux couteaux et un pistolet. Ce dernier était, en fait, une arme factice.

    « Personnalité sociopathe »

    Patiente, la présidente Sonia Silva finit par obtenir un début d’aveux. « J’ai peut-être sorti mon pistolet, mais je ne l’ai pas menacée. » Handicapé d’un bras, sans domicile, emploi ni titre de séjour, déjà connu de la justice, le prévenu est aussi poursuivi pour un maintien irrégulier sur le territoire français. Originaire d’Algérie, il vivrait en France depuis 2017 et ne veut pas partir. « Je suis suivi à Pellegrin pour mon bras. Si je pars, je le perds. »« Personnalité sociopathe », selon un expert psychiatre, « profil inquiétant », pour la procureure, l’homme ne prononce pas un mot d’excuse. « Pour rappel, nous avons connu un drame horrible il y a quelques jours, sur les quais, non loin de là où ma cliente a été agressée. Évidemment, quand elle a vu cette arme, elle a eu très peur », souligne l’avocate de la partie civile. Sa consœur en défense demande la relaxe sur les violences, plaidant le « parole contre parole ».Le tribunal n’a pas partagé cette analyse. Le jeune homme a été condamné à six mois de prison ferme et incarcéré. Huit mois ferme avaient été requis. À sa sortie, il ne pourra pas revenir à Saint-Michel : il y est interdit de séjour pendant trois ans





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