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Dans la famille Mulliez, au nom du pèze, du fisc et du saint profit
Dans la famille Mulliez, au nom du pèze, du fisc et du saint profit
Leurs mains ne tremblent pas quand ils suppriment des emplois, comme ils viennent de l’annoncer chez Auchan. Et nul besoin d’avoir le bras bien long pour le faire, puisqu’exilés fiscaux en Belgique, pour beaucoup, ils ne sont vraiment pas loin. Dans les méandres d’un gigantesque groupe qui refuse de l’admettre, leur fortune, évaluée par l’économiste Benoît Boussemart pour L’Humanité, à 52 milliards d’euros, demeure toujours largement hors de portée.
Rachida Dati, ministre de la Culture et le fondateur de Kiloutou Franky Mulliez (au centre), au Château de Dampierre (Yvelines), le 4 avril 2024.
© Alain Guizard/ABACAPRESS.COMIls ne sont pas bling-bling, les Mulliez ! Sur les 850 à 900 descendants directs de Louis et Marguerite, fondateurs de ce qui deviendra la plus vaste nébuleuse du capitalisme familial à la française – avec Auchan, Décathlon ou Leroy Merlin en têtes de gondole -, il n’y aurait, assurent-ils dans les gazettes, que « quatre à cinq jet-setteurs ». Les armadas de yachts, les flottes d’avions privés ou de voitures de sport, c’est comme la cotation en Bourse : pas leur came ! En principe, la conduite officielle pour siéger au sein de l’Association familiale Mulliez (AFM), la tour de contrôle, réservée aux héritiers et, selon l’idiome en vigueur dans la dynastie – aux « valeurs ajoutées » (maris ou épouses), du gigantesque empire commercial, consiste à s’afficher « dur au travail, efficace, chrétien pratiquant, non frivole avec l’argent ».
Plus d’un milliard d’euros de dividendes versés entre 2021 et 2023
Les Mulliez se veulent généreux avec leurs centaines de milliers d’employés dans le monde et plus encore en France… Avec eux, un paternalisme des plus balourds peut se muer en légende au fil des décennies. Quand la toiture et la flèche de Notre-Dame de Paris s’embrasent au printemps 2019, les Mulliez s’empressent de promettre, pour la reconstruction, leur aide financière, et au passage, celle de leurs personnels… Après tout, dans les hypermarchés, il y a bien de la participation, de l’intéressement et de l’actionnariat salarié. Tout à la confusion, tous dans le même bateau… Voire !
Alors que la maison-mère d’Auchan, le groupe ELO lui-même inscrit dans la galaxie Mulliez, se gargarise de ne pas avoir distribué de dividendes cette année, plus d’un milliard d’euros ont, entre 2021 et 2023, été versés, répartis entre la grande famille (98 %) et les 50 000 salariés actionnaires (2 %). Côté participation, le panier pour les employés à temps complet culminait à 17,84 euros l’année dernière. Puis, surtout, quand il faut brûler ses vaisseaux pour éponger des pertes dues à la guerre en Ukraine, avec les menaces sur leur filiale russe, ou à des stratégies erratiques, comme avec leurs projets d’absorption de concurrents, les mains des héritiers ne tremblent pas, comme l’illustre l’annonce, début novembre, de 2 389 suppressions d’emplois en France.
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