• INQUIÉTUDE POUR CES BÉBÉS OGM

    He Jiankui, le chercheur à l'origine du premier "bébé OGM", fait l'objet d'une enquête.
    He Jiankui, le chercheur à l'origine du premier "bébé OGM", fait l'objet d'une enquête. - Anthony WALLACE / AFP
    MONDE
     

    Bébé génétiquement modifié : la Chine confirme une deuxième expérience

     
    Un chercheur chinois, He Jiankui, avait annoncé en novembre dernier avoir utilisé des "ciseaux génétiques" sur des embryons humains, permettant la naissance de jumelles à l'ADN modifié. La Chine a confirmé ce lundi 21 janvier qu'une deuxième femme est enceinte d'un "bébé OGM".

    Des bébés OGM, la pratique effrayante avait déjà défrayé la chronique en novembre. Ce lundi 21 janvier, la Chine a confirmé qu'He Jiankui, le chercheur à l'origine de l'expérience destinée à créer les premiers bébés génétiquement modifiés, faisait l'objet d'une enquête de police, annonçant que celle-ci avait d'ores déjà mis au jour la grossesse d'une deuxième femme.

    He Jiankui avait choqué l'an dernier la communauté scientifique en annonçant qu'il était parvenu à altérer les gènes de jumelles afin de les empêcher de contracter le VIH. Lors d'un forum sur le génome humain à Hong Kong, le chercheur avait également déclaré que l'expérience avait donné lieu à une "autre grossesse potentielle". L'enquête dirigée par le gouvernement provincial du Guangdong a depuis lors confirmé son existence.

    HE JIANKUI A AGI "À TITRE PRIVÉ"

    Les premiers résultats de l'enquête officielle indiquent, selon l'agence Chine nouvelle, que le scientifique "a produit de faux documents d'évaluation éthique"et mis en place "à titre privé" une équipe de recherche notamment composée de scientifiques étrangers, employant des "technologies à la sécurité et à l'efficacité douteuses". D'après les enquêteurs interrogés, He Jiankui "recherchait la gloire" et a pioché dans ses "propres fonds" pour réaliser son expérience.

    Huit couples se sont portés volontaires pour prendre part au projet - quatre pères séropositifs et quatre mères séronégatives -, dont un a abandonné en cours de route. L'expérience aurait donc rencontré le succès pour deux d'entre eux. Ces résultats sont cependant à prendre avec des pincettes : les recherches de He Jiankui n'ont jamais été vérifiées de manière indépendante, et le gouvernement chinois a ordonné leur arrêt quelques jours après leur annonce officielle.

    INQUIÉTUDE POUR CES BÉBÉS OGM

    Ce type de modification génétique touchant l'humain est interdit dans la grande majorité des pays, Chine comprise. Pour réaliser son expérimentation, He Jiankui affirme avoir employé l'outil CRISPR-Cas9, le nouveau couteau suisse de la génétique, qui permet d'enlever et de remplacer des parties du génome humain afin d'en corriger des malformations. La technique est déjà appliquée sur des moustiques, afin de combattre des maladies dont l'insecte est porteur, comme le virus Zika, le paludisme ou encore la dengue. En Chine, plusieurs expériences ont déjà été menée sur des êtres humains adultes pour tenter de guérir le cancer du poumon.

    Pourquoi, alors, la découverte de He Jiankui dérange-t-elle autant la communauté scientifique internationale ? En raison du sujet de son expérience : Jiankui n'a pas choisi un malade mais le génome d'un embryon. Au-delà du risque d'eugénisme que cette expérience représente, les experts internationaux craignent qu'une ingérence dans le génome d'un embryon puisse non seulement nuire au futur individu qui le portera, mais également à sa descendance, qui héritera des mêmes changements.

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