• quand la baisse de QI fait perdre des milliards

    Molécule de chlorpyrifos. Image d'illustration.
    Molécule de chlorpyrifos. Image d'illustration. - AFP
    ÉCONOMIE
    QI is money

    Scandale sanitaire du Chlorpyrifos : quand la baisse de QI fait perdre des milliards

     
    Après le Glyphosate, un nouvel insecticide, le chlorpyrifos, endommagerait le cerveau des enfants et serait responsable de la perte de 2,5 points de QI en moyenne en Europe. Un désastre sanitaire, mais aussi économique, selon des scientifiques.

    Il n’est pas encore possible de se faire livrer du QI au kilo sur Amazon ou via Deliveroo, mais des études scientifiques parviennent à estimer le coût, pour l’économie, de la baisse massive du niveau intellectuel, et par conséquent, le coût moyen d'un point de Quotient Intellectuel. Ainsi, 13 millions de points de QI en moins en Europe équivaudraient à 146 milliards d’euros de pertes par an. Soit entre 11 000 et 13 000 euros le point de QI. C’est dans un article du Monde daté de ce 18 juin et consacré au chlorpyrifos, un pesticide néfaste pour la santé des femmes enceintes, « petit frère » du glyphosate et responsable de la perte de 2,5 points de QI en moyenne pour chaque enfant européen, qu’on le (re)découvre.

    13 MILLIONS DE POINTS DE QI... OU 146 MILLIARDS D'EUROS 

    Quand santé des enfants rime avec santé économique, les pouvoirs publics réagiraient-ils plus vite ? C’est ce que laisse penser la lecture des arguments à l’origine du lancement de cette étude européenne publiée en 2015 dans la revue Year Book santé et environnement : « Dans l’objectif d’éclairer le pouvoir politique sur les bénéfices sanitaires et économiques associés à attendre d’une telle réglementation, un groupe de scientifiques a pris l’initiative de produire une estimation quantitative des coûts de l’exposition aux PE (perturbateurs endocriniens) dans l’UE… » Lancés par la Commission européenne et encadrés par un comité de pilotage, cinq panels d’experts avaient travaillé sur le sujet. Le groupe « pathologies neurodéveloppementales » avait conclu que l’exposition aux organophosphorés (famille des pesticides comme le glyphosate et le chlorpyrifos) était associée à un coût annuel très élevé de 146 milliards d’euros (entre 46,8 et 195 milliards) dû à 13 millions de points de QI perdus (entre 4,24 et 17,1 millions) et 59 300 cas de retard mental (16 500 à 84 400). Les pesticides tueraient aussi sûrement nos cellules grises que les insectes. Un véritable « neuronicides ».

    LE POINT DE QI AMÉRICAIN À 15 200 EUROS, L'EUROPÉEN À 13 000... 

    Mais ces produits agricoles ne sont pas les seuls "killers" de QI : le plomb et le mercure aussi nous feraient griller les synapses, selon un article du Mondedu 1er décembre 2014, qui revient aussi sur le mode de calcul à l’origine de ces résultats :

    « En avril 2012, David Bellinger (université Harvard) a publié dans la revueEnvironmental Health Perspectives (EHP) des estimations de la perte globale de points de QI pour les 25,5 millions d’enfants américains de moins de 6 ans. Selon ses résultats, l’exposition au plomb (principalement à travers les peintures) leur ferait perdre un total d’environ 22 millions de points de QI, par rapport à la même population qui n’aurait pas été exposée... Quant au mercure, dont les principales sources d’exposition sont certains produits de la mer, il conduit à l’évaporation de plus d’un million et demi de points de QI dans cette population. 

    Or, sur la foi du lien entre les capacités cognitives d’un individu, son niveau d’études et ses revenus, les économistes peuvent estimer le manque à gagner économique dû à l’érosion du QI. Aux Etats-Unis, selon un modèle développé par Joel Schwartz en 1994 et, depuis, largement utilisé par les chercheurs en santé publique, un point de QI en moins pour un individu et c’est environ 19 000 dollars (15200 euros) qu’il ne gagnera pas tout au long de sa vie. Cela équivaut, pour l’exposition au plomb de la population américaine, à une facture annuelle de plus de 50 milliards de dollars ! » En Europe, des données analogues suggèrent une perte économique de 8 à 9 milliards d’euros chaque année, par la seule exposition des populations au mercure…
     »

    Des calculs encore très discutés, de l'aveu même de l’épidémiologiste Denis Zmirou-Navier (EHESP).

    Si on peut discuter leur véracité scientifique, on peut surtout douter de leur pertinence morale : doit-on utiliser l’argument de la performance économique (sous prétexte que les lobbies opposent l’argument du rendement) quand se jouent un désastre sanitaire et des milliers de drames individuels ? Toute réalité a-t-elle une traduction économique ? Un sujet digne du bac philo ES, mais pas facile, la philo, avec 3 points de QI en moins...

     

     

     

     

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