• Haïti: un seigneur de guerre se vante de ses atrocités sur les réseaux sociaux

    The Wall Street Journal
    Le chef de gang surnommé Izo poste des vidéos de viols et de meurtres agrémentées de clips de rap pour étaler sa puissance, illustrant un niveau de violence qui stupéfait jusqu’aux forces de l’ordre les plus chevronnées
    Pictures of the Week Latin America and Caribbean Photo Gallery
    Des personnes récupèrent des pièces de voitures dans un atelier de réparation qui a été incendié lors des violences commises par des gangs armés à Port-Au-Prince.  -  Odelyn Joseph/AP/SIPA/Odelyn Joseph/AP/SIPA
     

    Après que des gangsters lourdement armés ont forcé les portes du pénitencier national d’Haïti le mois dernier, un seigneur de guerre appelé Izo a publié sur son compte TikTok une vidéo montrant une foule de détenus libérés l’acclamant après ce nouveau coup porté au gouvernement très fragilisé du Premier ministre Ariel Henry.

     
     

  • Facebook, Twitter: et si c'était la fin des réseaux sociaux?

     
    L'avenir des réseaux sociaux en question. - [Keystone - Christoph Dernbach]
    Départs en cascade et chaos chez Twitter, licenciements et chute en bourse pour Meta, maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, l'avenir des réseaux sociaux semble nébuleux. Est-ce le début de la fin? Décryptage.

    Il y a Facebook. En perte de vitesse et avec une stratégie du metavers qui ne convainc pas, le géant bleu licencie 11'000 salariés. Et ensuite il y a Twitter. Après avoir mis à la porte la moitié de ses 7500 employés, Elon Musk a posé un ultimatum à celles et ceux qui sont restés, en leur demandant de "travailler de longues heures à haute intensité". La demande du milliardaire a déclenché des départs en cascade.

    Est-ce le début de la fin pour ces plateformes ? Dans un contexte de déclin évident, l'hypothèse n'est pas farfelue. Parce que nous sommes déjà en train de vivre la fin d'une certaine idée que nous avons des réseaux sociaux.

    CTRL-Z -La fin des réseaux sociaux? 
    CTRL-Z -La fin des réseaux sociaux? / La Matinale / 5 min. / le 18 novembre 2022

    >> Lire aussi : Meta, la maison mère de Facebook, supprime 11'000 emplois

    Deux décennies d'histoire

    Qui se rappelle encore de Friendster, l'ancêtre des réseaux sociaux né en 2002, et de ses 115 millions d'utilisatrices et utilisateurs ? Qui se rappelle encore de MySpace, né en 2003 et qui a "tué" Friendster et s'est ensuite fait dépasser par Facebook ?

    Au début des années 2000 les réseaux sociaux constituaient la principale expérience d'Internet pour la plupart d'entre nous. Avec une promesse : être connectés, être dans la construction ou l'approfondissement des relations avec ses amis, sa famille, ses collègues de travail.

    Et Facebook fut

    Mais comment le réseau de Mark Zuckerberg a-t-il fait pour détrôner MySpace?

    Facebook a eu le génie de mieux utiliser le concept économique de "network effect" (ndlr: l'effet de réseau), qui fait que l'utilité d'un service se mesure par la quantité d'utilisatrices et utilisateurs.

    Pour y arriver, Facebook se lance à ses débuts sur un marché de niche, celui des étudiants des universités américaines comme Harvard. Il s’ouvre ensuite à d'autres universités, avant de devenir accessible à toutes et tous en septembre 2006. Le succès de Facebook c'est l'utilisation de l'effet local de réseau. Et puis Mark Zuckerberg ne fait pas l’erreur de croire que ce qui est important c’est le nombre d’utilisatrices et utilisateurs. Non, pour lui c’est la qualité des relations qu'ils et elles entretiennent.

    MySpace permettait une connexion à des gens du monde entier, mais que l'on ne connaissait pas. Le génie de Facebook a été de nous proposer un lieu où on pouvait croiser nos amis, notre famille, nos collègues de travail.

    Facebook a ainsi réussi à remettre en question la théorie des 6 degrés de séparation, qui affirme que chaque personne dans le monde est reliée à n’importe quelle autre par une chaîne de maximum 6 maillons. Avec Facebook on en est à 3,57, lit-on sur la BBC.

    Grâce à Facebook, on connaît le monde entier à 3,57 degrés de séparation. [DR - Facebook]

    Le monde des réseaux sociaux est petit. De plus en plus petit.

    Et le bouton "J'aime" fut

    Tout bascule en 2009. On est quelque part entre l'apparition des smartphones (2007) et le lancement d'Instagram (2010).

    En 2009 le bouton "J'aime" fait son apparition sur Facebook et change à jamais nos relations dans la vie en ligne. Elles se transforment en une compétition des chiffres. Il faut décrocher un maximum de "j'aime". Il faut avoir beaucoup d'amis.

    >> A écouter aussi: Les dérives des boutons "like" :

    Un bouton Like. [Unsplash - Jackson Sophat]Unsplash - Jackson Sophat
     

    Pixels - Les dérives des boutons "like" / Le Journal de 8h / 4 min. / le 1 octobre 2022

    Autre changement, vu la quantité de contenus produits, le fil d'actualité de Facebook adopte par défaut un tri algorithmique plutôt que chronologique. Pour pouvoir se démarquer dans le flot ininterrompu d'informations il faut nourrir la machine. Plus la foule est grande, plus la possibilité d'être entendu est élevée.

    L'essor des médias sociaux

    Les réseaux sociaux deviennent ainsi des médias sociaux, comme l'explique Ian Bogost dans un article publié sur le site The Atlantic. "Les médias sociaux ont fait de vous, de moi et de tout le monde, des diffuseurs (même s'il s'agit d'aspirants). Les résultats ont été désastreux mais aussi très agréables, sans parler de la rentabilité massive - une combinaison catastrophique", écrit-il.

    On perd donc la notion de réseau de relations humaines, on va sur Facebook et sur Twitter pour s'informer. Facebook transforme son "graphique social" de relations humaines en une machine à gagner de l'argent aux annonceurs qui ciblent très finement leurs pubs grâce à nos données. C'est l'économie de l'attention.

    Le cercle vertueux devient vicieux.

    Outils importants de mobilisation lors des révoltes citoyennes, Twitter et Facebook deviennent petit à petit un moteur pour l'extrémisme, la désinformation, les discours de haine et le harcèlement. Les médias sociaux sont en plein crise existentielle.

     >> Lire aussi: En Iran, la révolte survit à la répression par la puissance des réseaux sociaux

    Tendance qui se renforce avec la récente décision d'Instagram et Facebook de copier TikTok et son algorithme de recommandation des contenus. On se dirige vers des médias numériques de masse, qui proposent des vidéos d'utilisateurs que l'on ne connaît pas, traitées par l'apprentissage automatique. Une certaine idée de Facebook et Twitter, celle des années 2010, est en train de disparaître.

    >> A écouter aussi: Le projet d'Elon Musk pour Twitter :

    "Twitter est pour Elon Musk une solution technologique clé en main pour développer sa X app". [ANADOLU AGENCY VIA AFP - UTKU UCRAK]ANADOLU AGENCY VIA AFP - UTKU UCRAK
     

    Le projet d’Elon Musk pour Twitter… et pour nous: interview d’Asma Mhalla / Tout un monde / 12 min. / le 2 novembre 2022

    Nous n'allons pas renoncer à créer des contenus et les partager avec les autres, les médias sociaux ne vont pas disparaître mais ils vont encore évoluer. Les médias sociaux se régénèrent avec l'apparition d'autres acteurs comme Mastodon vers qui se tournent de plus en plus d'utilisatrices qui ont quitté Twitter suite au rachat par Elon Musk.

    La nature humaine ne changera pas fondamentalement, nous serons toujours des êtres sociaux, et nos comportements en ligne s'adapteront aux nouvelles technologies.

    Miruna Coca-Cozma





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