• Crise du logement : à Bordeaux ce mercredi, l’État cherche des solutions pour les fonctionnaires

    Crise du logement : à Bordeaux ce mercredi, l’État cherche des solutions pour les fonctionnaires

    Alors que les prix de l’immobilier continuent de monter et que de nombreux fonctionnaires peinent à se loger dans certaines zones tendues, le gouvernement planche sur les remèdes

     

    Nouvelles constructions, mutualisation des ressources existantes : ce mercredi 17 avril à Bordeaux, le gouvernement va une nouvelle fois plancher sur des remèdes aux difficultés de logement des fonctionnaires, dont le salaire de base a longtemps été gelé tandis que les prix de l’immobilier grimpaient en flèche.

     

    « Pendant deux ans, j’ai habité chez mon frère sur le canapé », raconte Anne-Marie, une conservatrice de bibliothèque revenue travailler à Paris en 2019 après plusieurs années dans les Alpes-Maritimes. « Quand je suis arrivée, je gagnais moins de 2 500 euros », poursuit-elle. Avec ce salaire, « je n’aurais pu me loger que dans un studio, à plus de 45 ans », déplore Anne-Marie, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

     

    La délivrance est finalement venue d’un changement de situation familiale : « j’ai rencontré quelqu’un, on s’est installés ensemble et j’habite maintenant à Montreuil (Seine-Saint-Denis, NDLR) en couple. »

    Comme Anne-Marie, de nombreux fonctionnaires peinent de plus en plus à se loger. C’est pour tenter de leur apporter des solutions que le gouvernement a créé en 2023 un Comité interministériel du logement des agents publics (Cilap), qui se réunit mercredi après-midi pour la troisième fois, au centre hospitalier universitaire de Bordeaux.

     

    Le député Renaissance David Amiel a également été chargé en novembre d’une mission sur le logement des agents publics, dont il doit présenter mercredi les conclusions aux ministres Stanislas Guerini (Fonction publique) et Guillaume Kasbarian (Logement).

    Plusieurs initiatives ont déjà été prises ces derniers mois : indemnité de résidence pour des milliers d’agents publics exerçant près de la frontière suisse, études pour construire de nouveaux logements réservés aux fonctionnaires sur des terrains appartenant à l’État, site d’annonces immobilières à destination des agents…

    « Urgence »

    « Le logement représente près de 20 % du budget des Français aujourd’hui », chiffrait le gouvernement en juillet lors de la création du Cilap. Or la valeur du point d’indice, qui sert à calculer le traitement (salaire de base) des fonctionnaires, a été quasiment gelée entre 2010 et 2022.

    Avec un pouvoir d’achat en berne, « de nombreux agents publics » ont donc été contraints de se loger plus loin de leur lieu de travail et d’effectuer « parfois plus de deux ou trois heures de transport » au quotidien, soulignait le gouvernement à l’été 2023.

    Pour Clément, enseignant dans une université parisienne, « le fond du problème, c’est que le salaire ne suit pas du tout. » Agent contractuel, il touche chaque mois 2 800 euros nets, auxquels s’ajoutent 8 000 euros de primes annuelles pour compenser ses heures supplémentaires.

    « Je suis bien payé », admet-il volontiers - le salaire net moyen dans la fonction publique est de 2 431 euros par mois. Pourtant, « même avec mon salaire j’ai passé huit mois à chercher » un logement T3 (avec deux chambres) pour pouvoir accueillir l’enfant qu’il a eu avec son ex-compagne, explique Clément.

    « Quand on divise (son) salaire par trois et qu’on regarde le prix des T3 en région parisienne, en fait on s’aperçoit qu’on est en dessous absolument tout le temps », se désole-t-il, en référence à l’exigence de nombreux bailleurs que leurs locataires gagnent au moins trois fois le montant du loyer.

    Clément a bien tenté de solliciter le service des ressources humaines de son université pour obtenir de l’aide. Ils « m’ont proposé des appartements dans les cités universitaires. Ce sont des T3 qui font 22 m², je ne sais pas comment ils comptent leurs pièces », soupire l’enseignant, qui a fini par trouver un logement « en petite ceinture » de la capitale.

    Les initiatives du gouvernement en matière de logement sont surveillées de près par les syndicats, avec lesquels M. Guerini a prévu une série de concertations dédiées.

    Mi-décembre, la FGF-FO (2e syndicat) sonnait ainsi l’alarme dans un communiqué de presse : « Il y a urgence à mettre en place une vraie politique de logement globale améliorant l’accès au locatif privé, intermédiaire et social, les dispositifs d’attributions de logements, l’offre de logements […] accessibles à tous les agents et l’indemnité de résidence. »

    Le syndicat a entre-temps suspendu sa participation aux réunions avec l’administration et le gouvernement, mécontent de leur politique salariale.

     


  • Catherine a exercé dans un hôpital. (Photo d'illustration)
    Thibaut Durand / Hans Lucas

     

    "Je voulais aider, j’ai déchanté !" : Catherine, assistante sociale, raconte son premier et son dernier jour de boulot

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    Catherine – dont le prénom a été changé –, 64 ans, rêvait d’embrasser cette profession depuis petite. Celle qui a été assistante sociale pendant 35 ans en Haute-Vienne a vu petit à petit son métier s’éloigner des réalités du terrain.

    À 28 ans, déjà mariée, mère d'un petit, j’ai démarré ma carrière d’assistante sociale. J’avais de l’enthousiasme. Beaucoup d’enthousiasme.

    Une fois mon diplôme d’État en poche en 1988, je n’ai pas voulu traîner avant d’exercer. Un hôpital de Haute-Vienne cherchait des assistantes sociales pour assurer des remplacements l’été. Cela met dans le bain, mais pas celui que l’on veut. Car j’avais idéalisé l’intégration dans une équipe, le rôle d’une assistante sociale en milieu hospitalier. En réalité, on nous sollicitait surtout pour vider les lits, libérer de la place. Une mission éloignée de ce que l’on avait appris en cours.

    « Ceux qui ont besoin de nous »

    Les contacts avec les équipes soignantes et les malades étaient limités. Il fallait respecter des procédures, tout était réglé comme sur du papier à musique. À l’époque, à l’hôpital, les équipes avaient la vision d’une assistante sociale déambulant dans les couloirs, l’agenda sous le bras. Reste à savoir si cela a changé… Je suis quelque peu pessimiste !

     




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