« Pendant deux ans, j’ai habité chez mon frère sur le canapé », raconte Anne-Marie, une conservatrice de bibliothèque revenue travailler à Paris en 2019 après plusieurs années dans les Alpes-Maritimes. « Quand je suis arrivée, je gagnais moins de 2 500 euros », poursuit-elle. Avec ce salaire, « je n’aurais pu me loger que dans un studio, à plus de 45 ans », déplore Anne-Marie, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
La délivrance est finalement venue d’un changement de situation familiale : « j’ai rencontré quelqu’un, on s’est installés ensemble et j’habite maintenant à Montreuil (Seine-Saint-Denis, NDLR) en couple. »
Comme Anne-Marie, de nombreux fonctionnaires peinent de plus en plus à se loger. C’est pour tenter de leur apporter des solutions que le gouvernement a créé en 2023 un Comité interministériel du logement des agents publics (Cilap), qui se réunit mercredi après-midi pour la troisième fois, au centre hospitalier universitaire de Bordeaux.
Le député Renaissance David Amiel a également été chargé en novembre d’une mission sur le logement des agents publics, dont il doit présenter mercredi les conclusions aux ministres Stanislas Guerini (Fonction publique) et Guillaume Kasbarian (Logement).
Plusieurs initiatives ont déjà été prises ces derniers mois : indemnité de résidence pour des milliers d’agents publics exerçant près de la frontière suisse, études pour construire de nouveaux logements réservés aux fonctionnaires sur des terrains appartenant à l’État, site d’annonces immobilières à destination des agents…
« Urgence »
« Le logement représente près de 20 % du budget des Français aujourd’hui », chiffrait le gouvernement en juillet lors de la création du Cilap. Or la valeur du point d’indice, qui sert à calculer le traitement (salaire de base) des fonctionnaires, a été quasiment gelée entre 2010 et 2022.
Avec un pouvoir d’achat en berne, « de nombreux agents publics » ont donc été contraints de se loger plus loin de leur lieu de travail et d’effectuer « parfois plus de deux ou trois heures de transport » au quotidien, soulignait le gouvernement à l’été 2023.
Pour Clément, enseignant dans une université parisienne, « le fond du problème, c’est que le salaire ne suit pas du tout. » Agent contractuel, il touche chaque mois 2 800 euros nets, auxquels s’ajoutent 8 000 euros de primes annuelles pour compenser ses heures supplémentaires.