• Prix des carburants, interdiction des voitures à moteur thermique en 2035... Les automobilistes sont inquiets

     

    Baisse de production de l’Opep et grèves en France, les crises se multiplient. Les ménages modestes s’inquiètent des restrictions de circulation pour les véhicules polluants. 

    Photo d'illustration.

    Photo d'illustration. (Mustafa Ciftci / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP)
     

    Quarante-neuf ans après le premier choc pétrolier, un choc multi-énergétique menace l’Union européenne. Pétrole, gaz et électricité voient leurs coûts s’envoler, sous l’effet d’une tempête parfaite, où se conjuguent les séquelles de la pandémie, les conséquences de la guerre en Ukraine – pénuries, inflation et récession –, et les impératifs de la transition énergétique. Alors que les ventes de véhicules à moteurs thermiques seront interdites dès 2035 dans l’UE et leur circulation proscrite en 2050, une enquête publiée en exclusivité dans le JDD révèle l’inquiétude des ménages les plus modestes, quand la hausse du prix des carburants a atteint 33,54 % depuis le début de l’année.

     

    Essence

    Les files d’attente devant les stations-service vont persister. Car les mouvements de grève dans plusieurs raffineries et dépôts de carburant ont été reconduits hier chez TotalEnergies (qui gère près du tiers des 11 000 stations-service françaises) et ExxonMobil, selon la CGT. Samedi, trois des six raffineries françaises demeuraient à l’arrêt : la plus grande de ­TotalEnergies, en Normandie, ainsi que les deux exploitées par l’américain Esso-ExxonMobil, où le taux de grévistes est estimé à près de 70 % – et de 100 % à la raffinerie TotalEnergies de Feyzin, dans le Rhône. Les grévistes demandent 10 % d’augmentation de salaires et le dégel des embauches. Ces blocages entraînent une baisse des livraisons de carburant et une rupture de stocks dans les stations-service. Si Emmanuel Macron appelle les automobilistes au calme et les groupes pétroliers à la « responsabilité », l’amélioration n’est pas prévue avant plusieurs jours.

     

    Lire aussi - SONDAGE. Zone à faible émission : 42 % des Français continueront d’utiliser leur voiture malgré l’interdiction

     

    Parallèlement, et de façon moins perceptible pour les salariés et les consommateurs, deux séismes se sont produits en dix jours. Le premier, au sein même de l’UE, a été la décision unilatérale allemande de créer un « bouclier de défense » pour résister aux envolées des cours, Berlin étant très dépendant des exportations de gaz russe. Cette subvention massive de 200 milliards d’euros (à comparer aux 67 milliards investis par la France et aux 68 milliards de l’Italie), fragilise l’unité des 27. Et expose les pays incapables de financer des enveloppes aussi colossales à des risques sur les marchés en raison des écarts de taux d’intérêt.

    L’épicentre du second s’est situé à Vienne, où l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), dont la Russie est membre, a annoncé le 5 octobre la diminution de sa production de 2 millions de barils par jour, soit 2 % de l’offre, avec une augmentation des cours à la clé. C’est une sanction délibérée envers les pays consommateurs. Dont ceux de l’UE – plus grand importateur mondial d’énergies fossiles –, alors que le prix du baril de Brent est déjà deux fois plus élevé que son niveau historique de long terme, à 90 euros.

     
     

    Zones à faibles émissions

    Déjà indispensable pour des raisons de santé publique et de protection de l’environnement, le développement des énergies décarbonées constitue aussi la meilleure arme face à l’explosion des coûts des énergies fossiles. Mais les mesures mises en place dans le cadre de cette transition comportent néanmoins des aspects contraignants à court et moyen terme. Notamment pour les propriétaires de véhicules polluants.

    Selon Aramisauto (une entreprise spécialisée dans la vente en ligne de véhicules neufs et d’occasion, filiale du constructeur ­Stellantis), qui publie chaque année un baromètre sur le marché de l’automobile en France réalisée par OpinionWay, les ménages modestes aux revenus mensuels inférieurs à 2 500 euros net, soit 46 % des actifs, s’inquiètent. L’extension des ZFE (zones à faibles émissions) à toutes les agglomérations de 150 000 habitants d’ici à 2025 implique l’interdiction de circuler au volant de véhicules non propres. Identifiés grâce aux vignettes Crit’Air (voir explications page ci-contre), ces derniers seront bannis du Grand Paris, dans le périmètre de l’A86, dès juillet 2023 pour les Crit’Air3. À Lyon, Montpellier, Grenoble, Rouen ou Strasbourg, les restrictions s’étenderont des critères 5 aux critères 4 l’an prochain.

     

    Les plus concernés par ces mesures ne disposent pas du budget nécessaire pour acheter un véhicule propre, malgré les aides gouvernementales

     

    La France, quatrième pays au monde par le nombre de ZFE, compte 17,5 millions de véhicules classés Crit’Air3 ou plus, ce qui représente… 40 % du parc automobile actuel. Or 75 % des ménages modestes interrogés dans l’étude Aramisauto-OpinionWay se disent dépendants de leur voiture, sans offre alternative de transport pour 60 % d’entre eux, notamment pour se rendre sur leur lieu de travail. Et 42 %, propriétaires d’un véhicule Crit’Air4 ou 5, se disent déterminés à le conduire malgré l’interdiction à venir. « L’étude reflète une vraie fracture, estime Romain Boscher, directeur général d’Aramisauto. Les plus concernés par ces mesures ne disposent pas du budget nécessaire pour acheter un véhicule propre, malgré les aides gouvernementales. Car les voitures électriques sont en moyenne 50 % plus chères que les modèles à moteur thermique. »

    Électrique

    Si les constructeurs européens et français préparent la bascule vers le tout-électrique depuis des années, et que les ventes décollent en France (12,1 % du marché au premier semestre 2022), l’ampleur et la rapidité de la mutation dans l’Union européenne favorisent malgré tout la Chine, déjà vendeuse d’un véhicule électrique sur deux dans le monde. La commande de 100 000 voitures électriques passée par le loueur de voitures allemand Sixt au chinois Byrd, avec 100 000 autres dans six ans, symbolise ce déséquilibre des capacités industrielles.

    Lire aussi - Carburants : pourquoi les prix de l’essence et du diesel vont augmenter en novembre en France

    « Les prix des véhicules propres chinois sont inférieurs de 30 % aux tarifs des modèles européens, souligne François-Xavier Pietri, auteur d’une enquête à paraître sur le sujet. Et la Chine détient également 80 % du marché des batteries, tout en dominant celui des matériaux rares, dont le lithium et le cobalt, nécessaires à leur production. » Aucune barrière réglementaire ou technique n’a jusqu’ici été mise en place dans l’UE sur ce marché pourtant crucial. La France, dont le déficit commercial a franchi un nouveau record en août, à 15,5 milliards d’euros, est plus vulnérable que d’autres face à une hausse des importations.

     
     
     

  • À Bordeaux, la Garonne reprend du service pour du transport de marchandises

    Vidéo. À Bordeaux, la Garonne reprend du service pour du transport de marchandises

    Déposées sur les quais rive gauche, les marchandises ont été apportées dans les commerces clients à l’aide de vélo-cargos  

    Une expérience de logistique urbaine utilisant la Garonne a permis ce lundi d’alimenter trois sites à Bordeaux rive gauche, sans utiliser de poids lourds

    30 tonnes de produits alimentaires ont été livrées sur les quais de Bordeaux, ce lundi, en provenance de Damazan (Lot-et-Garonne), dans le cadre d’une expérience de logistique urbaine fluviale visant a réduire les transports par camions. Dans l’après-midi, ce sont des matériaux de construction et des biodéchets qui ont été acheminés par bateau.

    Ce retour du fret sur la Garonne s’inscrit dans le schéma directeur des équipements fluviaux métropolitains, qui vise à mieux utiliser le fleuve au quotidien. La Métropole et la municipalité essaient de s’inspirer de ce qui existe déjà à Strasbourg ou à Lyon : le transport de marchandises sur le fleuve pour gagner le centre-ville. Déposées sur les quais rive gauche, les marchandises ont été apportées dans les commerces clients (principalement Biocoop pour cette expérience) à l’aide de vélo-cargos.

     

     

     





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