• Trottinette électrique: des victimes d’accidents reçues au ministère des Transports

     

    Une association regroupe des piétons percutés par des usagers de trottinettes. Dénonçant l’inaction des pouvoirs publics, elle compte déposer plainte contre la Ville de Paris à la rentrée.

    Leurs compagnes respectives ont été renversées par une trottinette électrique dans Paris. C’est ainsi que Jean-René Albertin et Arnaud Kielbaza se sont penchés sur ce nouveau mode de déplacement en vogue dans nos villes. «Un mode dangereux», selon eux. Créant ensemble une association à l’appellation bien insolite, «Apacauvi», qui signifie «Association philanthropique action contre l’anarchie urbaine vecteur d’incivilité», ces deux responsables seront reçus lundi 12 août au ministère des Transports.

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    Lors de cet entretien prévu avec la conseillère en charge des mobilités, ils comptent critiquer la trottinette électrique, qui prend trop librement ses aises dans nos rues, même si un tour de vis est annoncé. Selon un décret prévu en septembre, celle-ci ne devra plus circuler sur aucun trottoir en France, sauf accord contraire du maire.

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    Or pour l’association, cette interdiction sera un coup d’épée dans l’eau. «On imagine mal un policier courir pour rattraper et verbaliser un contrevenant», souligne Arnaud Kielbaza, dont l’épouse, qui portait alors leur fille dans ses bras, a été percutée par un de ces engins en mai. Pour lui, les opérateurs qui proposent ces déplacements en free floating doivent être contraints de tenir une base de données rigoureuse de leurs clients. «Il faut qu’au moment du paiement par carte, ces derniers transmettent par portable une copie de leur pièce d’identité», indique-t-il. Sans quoi et même si la base de données est transmise aux forces de l’ordre, il sera plus compliqué de remonter jusqu’aux auteurs d’accident. «Quand on s’acquitte d’une course, on peut donner n’importe quel nom et se faire appeler Donald Trump!» ajoute le responsable, en évoquant une autre pratique qui brouille les pistes: certains utilisateurs paient avec des cartes bancaires volées.

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    Amendes à 35 euros

    Sans attendre la publication du décret, plusieurs villes ont pris les devants pour tenter de mettre bon ordre dans leurs rues. À Paris depuis avril et à Marseille depuis ce 1er août, on ne doit plus rouler sur les trottoirs. Depuis le 30 juillet dans la capitale, l’engin ne peut plus y stationner. «Plus de 130 amendes de 35 euros ont été adressées pour des trottinettes mal garées», dit-on à la mairie. «Pourquoi ne pas confier le respect de ces règles aux deux sociétés privées qui verbalisent aujourd’hui les automobilistes pour stationnement non payé?» suggère l’association, qui ne compte pas en rester là.

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    «Nous comptons déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. La Ville n’a pas pris les mesures garantissant la sécurité des piétons.»

    Jean-René Albertin

    À la rentrée, elle envisage d’engager une action de groupe contre Paris. «Nous comptons déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. La Ville n’a pas pris les mesures garantissant la sécurité des piétons», signale Jean-René Albertin dont la compagne - pianiste à l’Opéra - est toujours en convalescence après un accident en juin dernier.

    Le 12 août, l’association compte aussi aborder des considérations environnementales et sociales. «Avec ces engins, Paris a voulu se donner une image écolo à bon compte! Mais la trottinette électrique n’est pas du tout écolo bobo», fulmine Arnaud Kielbaza. Il poursuit: «Elles ont des batteries au lithium pour lequel il n’existe pas de filière de recyclage.» Par ailleurs, tous ces opérateurs qui ont aujourd’hui la main sur ce business du free floating exploitent, selon lui, une main-d’œuvre à bas prix. Celles des «juicers»: une appellation qui désigne tous ceux qui récupèrent les trottinettes le soir pour les recharger chez eux, dans leur appartement transformé, alors, en parking. «Payés à la trottinette récupérée, ils se battent parfois comme des chiffonniers. Tout ça pour une bouchée de pain», relate Arnaud Kielbaza.

     

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