• L’iPhone 16, avatar du fardeau réglementaire européen

    Le diagnostic du rapport Draghi est sans appel. A Bruxelles de se mettre à jour de toute urgence
     
    iPhone 16 vs. iPhone 16 Pro : Comparatif, les principales différences

    Prenez un produit de grande consommation, l’iPhone, vendu à plus de deux milliards d’exemplaires depuis son lancement. Ajoutez-y une technologie de rupture, l’intelligence artificielle générative. Saupoudrez le tout de réglementation et vous obtiendrez une version 16, dévoilée lundi, à géométrie variable. Un modèle doté des dernières nouveautés d’Apple en matière d’IA sauf pour les acheteurs européens qui, eux, devront se contenter d’une version bridée dans un premier temps.

     

    La marque à la pomme justifie cette sortie à deux vitesses par les exigences nées du Digital Markets Act, texte européen qui encadre les activités des géants de la Tech et veille au bon respect des règles de concurrence. D’aucuns y voient une mauvaise manière faite à la Commission, qu’Apple jugerait trop tatillonne, les deux parties ayant déjà un passif. D’autres y voient un énième avatar d’une Europe, à la traîne des Etats-Unis et de la Chine.

    Industrie, éducation, transports, santé... L’IA est capable du meilleur comme elle peut aussi accoucher parfois du pire, en termes de fraudes, fake news, cybercriminalité et autres entreprises de déstabilisation. Favoriser l’innovation n’exclut donc pas l’existence de nécessaires garde-fous. Mais c’est aussi et surtout l’efficacité qui doit primer.

    Le rapport Draghi sur la compétitivité en Europe ne dit pas autre chose. Celui-ci pointe « les obstacles réglementaires à la montée en puissance » de jeunes entreprises dans la Tech, regrette un nombre trop élevé de lois et de régulateurs actifs, notamment dans l’IA. Idem sur les règles de stockage et de gestion des données. « L’effet net de ce fardeau réglementaire est que seules les grandes entreprises », souvent basées en dehors de l’UE, « ont la capacité financière à supporter les coûts de mise en conformité ». Le diagnostic est sans appel. Une mise à jour est urgente.

     

     

  • L’IA doit apprendre à «demander de l’aide», estime un vice-président de Microsoft

    San Francisco - Microsoft, Google et leurs concurrents déploient à toute vitesse des applications d’IA générative, qui produisent toutes sortes de contenus à la demande. Mais elles continuent parfois d'« halluciner », c’est-à-dire d’inventer des réponses
     
    AFP - Microsoft

    Les outils d’intelligence artificielle (IA) générative vont faire gagner énormément de temps et d’argent aux entreprises, assure Vik Singh, un vice-président de Microsoft, même si ces applications balbutiantes ont encore beaucoup à apprendre, comme d’admettre leurs lacunes.

     

    « Ce qui manque vraiment à ces modèles aujourd’hui, pour être honnête, c’est qu’ils ne lèvent pas la main pour dire ‘Hé, je ne suis pas sûr, j’ai besoin d’aide’ », explique-t-il lors d’un entretien avec l’AFP.

    Depuis l’année dernière, Microsoft, Google et leurs concurrents déploient à toute vitesse des applications d’IA générative comme ChatGPT (OpenAI), qui produisent toutes sortes de contenus à la demande, et donnent l’illusion aux utilisateurs d'être omniscientes. Mais, malgré des progrès, elles continuent parfois d'« halluciner », c’est-à-dire d’inventer des réponses.

    Fraîchement arrivé. Un problème important à résoudre, selon Vik Singh, chargé des applications Copilot chez Microsoft. Car les clients de cet assistant IA du géant américain de l’informatique - des entreprises - ne peuvent pas se permettre qu’il affabule, même occasionnellement.

    « Des gens très intelligents travaillent sur ce problème (...) pour que les modèles identifient quand ils ne savent pas et demandent de l’aide », promet-il. Et un modèle plus humble n’en serait pas moins utile, selon lui. Il prend l’exemple d’un assistant d’IA spécialisé dans le service client. « J’ai parlé à une société qui dépensait 8 dollars par requête, chaque fois qu’un de leurs représentants répondait », raconte-t-il. Même si dans la moitié des cas la machine devait faire appel aux humains pour trouver la solution, l’entreprise « réaliserait quand même des économies énormes ».

    Arrivé chez Microsoft en janvier, Vik Singh a pris cet été la tête des équipes qui développent les « Copilot » (assistants IA) spécialisés dans les ventes, la comptabilité et les services. Peu connues du grand public, ces applications commerciales permettent aux groupes technologiques de justifier leurs investissements massifs dans l’IA générative, car elles commencent à rapporter des revenus.

    Libérer du temps. Selon le groupe de Windows, Copilot réalise des recherches pour les vendeurs, libérant du temps pour appeler des clients. Lumen, une entreprise de télécoms, « économise ainsi environ 50 millions de dollars par an », affirme M. Singh.

    Les start-ups à l’origine de la révolution de l’IA générative promettent des systèmes tellement avancés qu’ils aideront à « élever l’humanité », selon les mots de Sam Altman, le patron d’OpenAI (principalement financée par Microsoft). Mais pour l’instant, la nouvelle technologie sert surtout à gagner en productivité et donc en rentabilité.

    Les équipes de Vik Singh travaillent à intégrer les Copilot directement au sein des logiciels du groupe et à les rendre plus autonomes, pour que les utilisateurs aient de moins en moins besoin de les solliciter directement. « Par exemple, vous êtes un représentant commercial », suggère le dirigeant. Deux semaines après une conversation avec un client, l’assistant d’IA « peut vous inciter à relancer le contact, ou, mieux encore, envoyer automatiquement un e-mail en votre nom, parce que la tâche a été approuvée en amont ».

    Pertes d’emplois ? Avant de trouver une solution au réchauffement climatique, l’IA est donc censée débarrasser l’humanité des corvées ennuyeuses et répétitives. « Ce n’est que le début », rappelle M. Singh. « On se concentre d’abord sur les applications les plus faciles » à mettre en œuvre, ajoute-t-il.

    Tous ces gains de productivité vont-ils se traduire en pertes d’emplois ? Des dirigeants de grandes firmes, tels que K. Krithivasan, patron du géant indien de l’informatique TCS, ont déclaré que l’IA générative allait quasiment faire disparaître les centres d’appel. Mais Vik Singh - comme beaucoup de cadres dans la Silicon Valley - compte sur la technologie pour rendre les humains plus créatifs et même créer de nouveaux postes.

    Il en veut pour preuve son expérience chez Yahoo.com, en 2008, quand une douzaine d'éditeurs choisissaient les articles pour la page d’accueil. « On a eu l’idée d’utiliser l’IA pour optimiser ce processus, et certains ont dit ‘Oh mon Dieu, que va-t-il arriver aux employés ?’ » raconte M. Singh. Le système automatisé a permis de renouveler plus rapidement les contenus, et donc d’augmenter le nombre de clics sur les liens mais aussi les besoins en nouveaux articles. « Au bout du compte », conclut le cadre, « nous avons dû recruter plus d'éditeurs ».

    Julie JAMMOT

    © Agence France-Presse

     
     




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