• « Pas de plan B »

    Rencontres à l’Élysée : quelles sont les attentes des partis politiques ?

    Les formations invitées par Emmanuel Macron, ce vendredi, puis lundi, entendent bien poser leurs conditions en vue de la nomination du futur Premier ministre.

    Par Henri Michelet

     

    Le président Emmanuel Macron au palais de l'Élysée, à Paris, le 26 juillet 2024.

    Ce rendez-vous est attendu avec beaucoup d'impatience par les principaux intéressés. Emmanuel Macron reçoit, ce vendredi, puis lundi, les représentants des différents partis afin de discuter de la prochaine nomination d'un Premier ministre pour succéder à Gabriel Attal. Tandis que le chef de l'État n'a toujours pas désigné un nom pour Matignon, les formations invitées sont décidées à clarifier la situation issue des législatives du 7 juillet dernier.

    Face à Emmanuel Macron, ce vendredi, les cadres de la gauche seront déterminés à atteindre leur but. Alors que se déroulent, au même moment, les universités d'été des Écologistes et de La France insoumise (LFI), le Nouveau Front populaire (NFP) veut profiter de cette entrevue pour pousser son avantage et se hisser à Matignon.

    « On la prépare de façon singulière », résume Arthur Delaporte, député PS du Calvados, pour qui le NFP devrait s'attendre « à tous les scénarios ». « On est dans le flou absolu sur la façon dont le pays sera dirigé. Nous travaillons en sous-main car le président ne nous laisse pas vraiment le choix. »

    « Pas de plan B »

    Bien qu'ayant obtenu une très faible majorité relative aux élections législatives (193 députés), les partis du NFP ont confirmé leur intransigeance avant de se rendre à l'Élysée. « Nous irons dire au président de la République qu'il doit respecter la souveraineté populaire, qu'il doit respecter le résultat des urnes et nommer urgemment Lucie Castets à Matignon », alertait, jeudi sur France Inter, Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale.

    Plébiscitée par l'ensemble du NFP pour s'installer à Matignon, Lucie Castets, ancienne directrice des finances de la Mairie de Paris, sera présente à l'Élysée ce vendredi. Les représentants de la gauche comptent sur sa présence pour contraindre le chef de l'État à sa prochaine nomination.

    « Pour nous, il n'y a pas de plan B », prévient dans Le Figaro la cheffe de file des députés Écologistes Cyrielle Chatelain, argumentant que la gauche a un « devoir de cohérence et de respect de la parole donnée aux citoyens ».

    Pourtant, en interne, la nomination de Lucie Castets ne suscite plus autant l'unanimité. Certains avouent leur pessimisme concernant l'hypothèse de voir la haute fonctionnaire être désignée par Emmanuel Macron. « J'ai peu d'espoir qu'il finisse par nommer Lucie Castets », confie au Point Aurélien Taché, député LFI du Val-d'Oise.

    Comme un signe de friction au sein de l'alliance, certains élus du NFP vont jusqu'à remettre en cause la stratégie privilégiée par La France insoumise pour imposer Lucie Castets. Ils pointent en particulier la menace d'une procédure de destitution d'Emmanuel Macron engagée par LFI.

    « La décision des Insoumis met sûrement un coup de frein. Cette stratégie n'a aucune chance d'aboutir. Je ne suis pas sûre que Lucie aurait ses chances avec cette initiative », déplore un député socialiste. « Nous gardons notre légitimité issue des législatives, mais il faut rester sur une confrontation démocratique. »

    Temporisation à droite

    À droite, les interrogations planent sur la nécessité d'une rencontre à l'Élysée. « Le président veut soit conforter sa décision, soit donner l'impression qu'il consulte », formule un député de la Droite républicaine pour qui Emmanuel Macron aurait « sûrement » déjà en tête le nom du prochain Premier ministre.

    Le groupe parlementaire présidé par Laurent Wauquiez ne s'attend pas à des avancées concrètes à l'issue de cette rencontre. Dans l'entourage du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, on opte pour une posture attentiste. « Les mises en scène du chef de l'État ne m'intéressent que de très loin », confie au Point Fabien Di Filippo, député de Moselle.

    Il rappelle que la droite a déjà clarifié son positionnement avec son « pacte législatif » : « On a expliqué notre position depuis le premier jour et les sujets que l'on juge urgents, sur le travail, la sécurité, les services publics. On attend de les voir reconnus et de pouvoir les faire avancer concrètement dans l'hémicycle. »

    D'autres ne désespèrent pas que le président de la République fasse un pas vers eux. « Notre mouvement est majoritaire au Sénat et, fondamentalement, dans les grandes lignes, les Français veulent une politique de droite. Il est clair que Macron va déplacer son barycentre vers la droite », songe une députée de la Droite républicaine, tandis que le nom de Xavier Bertrand est toujours évoqué pour la rue de Varenne. Les dirigeants de Liot et du Parti radical de gauche seront également consultés ce vendredi.

    « Emmanuel Macron feint la courtoisie républicaine »

    Les rencontres au Château s'achèveront lundi par la venue de Marine Le Pen et de Jordan Bardella puis d'Éric Ciotti. Au sein du RN, on se laisse difficilement convaincre de la pertinence de l'invitation envoyée par Emmanuel Macron.

    « Je pense que Jordan et Marine font bien d'y aller par respect des institutions, mais j'ai l'impression qu'Emmanuel Macron feint la courtoisie républicaine. Il ne consulte pas et n'écoute pas », médite un député du parti à la flamme.

    Le prochain locataire de Matignon devra survivre aux motions de censure déposées à l'Assemblée nationale. Dans ce contexte, les députés RN s'imaginent jouer un rôle décisif sur l'avenir du futur Premier ministre.

    « Pour l'instant, on nous ignore, mais en réalité ce sera nous qui allons décider », veut croire le député des Bouches-du-Rhône Philippe Schreck, pour qui les 146 élus RN « auront du poids ». « Quand vous êtes le premier parti à l'Assemblée en nombre de députés, vous comptez forcément. »

     

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