• 1 079 personnes sans abri ou en squat à Bordeaux, dont 202 mineurs : « Nous avons besoin d’un plan d’urgence »

    1 079 personnes sans abri ou en squat à Bordeaux, dont 202 mineurs : « Nous avons besoin d’un plan d’urgence »

    Organisée le 25 janvier 2024, la Nuit de la solidarité vient de livrer son bilan, en très nette hausse par rapport à 2023. La municipalité se dit confrontée à une question de santé publique d’ampleur nationale.

    À Bordeaux, il y a 1 079 personnes sans abri ou dans un squat. C’est le bilan de la troisième Nuit de la solidarité organisée par la mairie le 25 janvier dernier, dont les résultats ont été communiqués le lundi 17 juin. Soit 343 sans-abri de plus que lors de l’édition 2023 de ce recensement annuel des personnes vivant dans la rue ou dans un squat. Dans le détail : 466 personnes vivent dans la rue ou dans un campement, 374 dans un bidonville, dont 202 mineurs. À quoi s’ajoutent 72 personnes non visitées lors de la Nuit de la solidarité, mais déjà recensées dans le bidonville dit Dangeard, à Bordeaux-Lac, et 107 personnes dans divers squats de la commune.

    « Le sans abrisme reste une tragédie d’envergure nationale », commente le maire Pierre Hurmic, qui rappelle avoir déposé un recours contre l’État pour appeler à refonder le dispositif d’hébergement d’urgence. Selon la directrice de la solidarité de la mairie, Catherine Darlon, « il y a une hausse de la précarité et des inégalités ». Depuis le début de l’année, 142 personnes ont été hébergées par la municipalité, dont 69 enfants (contre 18 en 2020). En 2023, la halte de jour Stalingrad, dans le quartier de La Bastide, a enregistré 23 000 passages.

    400 bénévoles, 215 agents municipaux

    Au-delà du simple recensement des sans-abri, cette Nuit de la solidarité vise à mieux cerner les besoins des personnes à la rue, à renforcer l’accès aux droits, les dispositifs d’accueil et d’accompagnement. Les 400 bénévoles et les 215 agents municipaux qui y ont participé ont établi un questionnaire qui permet d’en savoir plus sur le profil et les itinéraires des sans-abri. Il révèle le poids des « parcours longs », celui des personnes à la rue ou en squat depuis plus de cinq ans. Plus surprenant : un tiers des sans-abri ont un travail déclaré, mais qui ne leur permet pas de se loger. Autre élément relevé, la présence de nombreuses « substances psychoactives » : alcool, cannabis, drogues, médicaments…

    Un tiers des sans-abri ont un travail déclaré, mais qui ne leur permet pas de se loger

    83 % des personnes vivant dans la rue ou dans un campement sont des hommes, dont un tiers était déjà sans logement lorsqu’ils sont arrivés à Bordeaux. Un grand nombre des plus jeunes sort du dispositif départemental de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Lorsqu’ils ne sont plus éligibles à l’ASE, ils se retrouvent sans solution. Johanna Dagorn, directrice du bureau d’études Aresvi (organisme de recherche qui a décrypté les questionnaires), évoque « des carrières à la rue » et un enkystement des situations. 60 % des sans-abri disent ne pas être accompagnés par un travailleur social.

    Le cas à part des bidonvilles

    Les habitants des bidonvilles forment une catégorie à part, de nationalité bulgare pour l’essentiel (à 96 %). Il s’agit d’une population à dominante familiale : 80 % des occupants ont des enfants. Près de la moitié est installée depuis plus de cinq ans dans l’agglomération. 41 % n’ont aucune couverture sociale. Plus de huit sur dix ont déjà connu plusieurs expulsions. « Ce sont des communautés de survie, on parle de maisonnée, un groupe de gens qui ont confiance les uns envers les autres. Ils ont intégré les expulsions en vivant dans des caravanes plutôt que dans des constructions en dur. Les expulsions posent le problème de la scolarisation des enfants », analyse Johanna Dagorn. Une scolarisation qui est fragile, manque de suivi et se heurte à la barrière de la langue. « Les enfants sont ostracisés », dit encore la sociologue.

    Adjointe au social, Harmonie Lecerf Meunier estime que cette Nuit de la solidarité relève d’une forme d’urgence : « C’est une opération utile pour mieux adapter les actions de la municipalité, avoir un rendez-vous régulier avec ces populations. Mais sur le fond, il y a une grande inquiétude : quatre ans de travail, de mises à l’abri et les chiffres continuent d’augmenter. On prend notre part mais cela dépasse la municipalité. Nous avons besoin d’un plan d’urgence national. »

    Recours

    En février 2024, le maire de Bordeaux avait déposé un recours au tribunal administratif pour dénoncer les carences du système, avec d’autres villes confrontées aux mêmes difficultés, dont Strasbourg, Rennes, Lyon et Paris. Pierre Hurmic entend aussi que l’État rembourse plus de 130 000 euros de frais engagés par la commune au titre de l’hébergement d’urgence. Harmonie Lecerf Meunier évoque « un phénomène de société, qui pourrait être une grande question de santé publique. Il faut enrayer ce phénomène, ce ne sont pas des gens qui font un passage à la rue, ils y sont coincés ».

  • Sud-Gironde : du bois, de la paille et de la terre pour le futur Pôle territorial des solidarités à Langon

    Sud-Gironde : du bois, de la paille et de la terre pour le futur Pôle territorial des solidarités à Langon

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