• Saisonniers dans la vigne : « Chaque producteur doit prendre ses responsabilités »

    Saisonniers dans la vigne : « Chaque producteur doit prendre ses responsabilités »

     

    Saisonniers dans la vigne : « Chaque producteur doit prendre ses responsabilités »

     

    Une affaire de salariés marocains exploités a fait grand bruit dans le vignoble bordelais cet été. © Crédit photo : archives Jérôme Jamet / SO

    Avec le développement des prestations de services pour vendanger, certains vignerons ont tendance à ne plus s’intéresser de près au statut du personnel employé chez eux, regrette le président de la Fédération des grands vins de Bordeaux

    Propriétaire à Pomerol, Jean-Marie Garde est à la tête des 5 000 vignerons bordelais.Propriétaire à Pomerol, Jean-Marie Garde est à la tête des 5 000 vignerons bordelais.
    archives Guillaume Bonnaud / SO

    Jean-Marie Garde, vigneron à Pomerol et président de cette AOC du Libournais, préside également la Fédération des grands vins de Bordeaux, le syndicat qui réunit les 5 000 producteurs du département.

    Ces dernières années, des affaires touchant à la légalité et à l’exploitation de travailleurs dans les vignes, notamment étrangers, ont défrayé la chronique. Quelle est votre réaction ?

    Je condamne ces mauvaises pratiques. Elles n’ont rien à faire dans notre secteur d’activité. Elles sont essentiellement liées au développement des sociétés de prestation de service. De plus en plus de propriétés y font appel tout au long de l’année (taille, travaux en vert, vendanges). C’est une externalisation des tâches. Sauf dans certains cas (grands crus, petites exploitations familiales), on ne loge plus et on ne nourrit plus sur place les vendangeurs saisonniers comme avant. C’est une logistique lourde à gérer. Comme les bras se font rares dans notre pays, ces prestataires – qui nous sont bien utiles – font appel à des étrangers, et c’est là que des intermédiaires véreux peuvent sévir.

    Qu’auriez-vous à dire aux châteaux qui font appel à ces prestataires de services pour vendanger ?Que chaque producteur doit prendre ses responsabilités. Certes, la vendange mécanique est très répandue (voir ci-dessous), mais ceux qui travaillent encore avec de la main-d’œuvre saisonnière amenée par un prestataire de services doivent suivre les conditions dans lesquelles elle est employée. Chacun est responsable du personnel qui est sur son exploitation. C’est la moindre des choses de vérifier, par exemple, si ces personnes sont assurées ou pas. Le Bordelais a pris le sujet à bras-le-corps en mettant en place une charte d’engagement volontaire qui lie l’État, les prestataires de services et les propriétés qui y ont recours.Dès 2002, la Gironde a été pionnière dans l’encadrement des entreprises de travaux agricoles, qui sont désormais plus de 500. Qualité et transparence sont les maîtres mots. C’est un secteur à structurer, avec des conditions de travail à respecter (santé, hygiène, hébergement, sécurité). Il s’agit de limiter le recours à des sous-traitants et à des prestataires de services dont le siège social est à l’étranger. Et si c’est le cas, le signaler aux services de l’État.

    Main et machine

    Environ 80 % du vignoble bordelais sont vendangés à la machine : celles-ci se perfectionnent, la main-d’œuvre se fait plus rare et c’est moins cher (amortissement sur le long terme) malgré le prix des engins (plus de 250 000 euros). En prestation, il faut compter autour de 800-900 euros pour ramasser un hectare à la machine, contre 2 500 à 3 000 à la main. En Languedoc-Roussillon, dans les Charentes et le Gers, presque tout est récolté mécaniquement, souvent via des Cuma – coopératives d’utilisation de matériel agricole – pour mutualiser les coûts. À l’opposé, les vendangeurs sont légion en Champagne et en Beaujolais où, pour des raisons techniques, la machine est interdite. En Bourgogne, où les exploitations sont petites, la récolte manuelle est courante.

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