• Bangladesh: de nouvelles manifestations malgré la libération des leaders du mouvement étudiant

    Dacca – Au Bangladesh, malgré la libération jeudi des leaders du mouvement étudiant à l’origine des manifestations contre les quotas d’emplois dans la fonction publique, de nouveaux rassemblements ont eu lieu vendredi afin de réclamer justice pour les nombreuses victimes de cette mobilisation
     
    Des manifestants se rassemblent au Bangladesh afin de réclamer justice pour les victimes de troubles et de la répression policière
     
    Des manifestants se rassemblent au Bangladesh afin de réclamer justice pour les victimes de troubles et de la répression policière  -  Munir UZ ZAMAN - Dacca (AFP)

    De nouvelles manifestations ont eu lieu au Bangladesh après les prières du vendredi, le 2 août, afin de réclamer justice pour les victimes de troubles et de la répression policière, la libération des leaders du mouvement n’ayant pas suffi à calmer la colère.

     

    Les manifestations d’étudiants contre les quotas d’emplois dans la fonction publique ont abouti à des heurts meurtriers dans le pays, où au moins 206 personnes ont été tuées le mois dernier, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données policières et hospitalières. La répression exercée par les forces de sécurité a nourri le ressentiment dans le pays et suscité de vives critiques à l’étranger.

    « Que justice soit rendue ». Au lendemain de la libération de six membres du groupe ayant organisé les premières manifestations, ses dirigeants ont exhorté leurs compatriotes à reprendre la rue. « Nous voulons que justice soit rendue pour les meurtres de nos sœurs et de nos frères », a déclaré, dans un communiqué, l’organisation Students against discrimination (Etudiants contre les discriminations).

    Des milliers de jeunes hommes dans la capitale Dacca et dans la ville portuaire de Chittagong ont répondu à l’appel, après la prière de midi dans ce pays à majorité musulmane, bravant les pluies torrentielles de la mousson. « Pourquoi nos frères sont-ils dans la tombe et les tueurs en dehors ? », a scandé la foule devant la plus grande mosquée du pays, dans le centre de Dacca, mégapole peuplée de 20 millions d’habitants.

    « Désamorcer les tensions ». Parmi les leaders arrêtés puis relâchés figurait le dirigeant de la coalition, Nahid Islam. Le 26 juillet, ce dernier et deux autres dirigeants du mouvement étudiant avaient été sortis de force d’un hôpital de Dacca où ils avaient été admis, par des détectives en civil, et amenés dans un lieu inconnu. Leur remise en liberté a montré que le gouvernement espérait « désamorcer les tensions » avec les manifestants, a estimé jeudi auprès de l’AFP le chercheur de l’Université d’Oslo Mubashar Hasan.

    Les manifestations avaient commencé début de juillet, en réaction à la réintroduction d’un système de quotas – que la justice a réduit depuis – qui réservait plus de la moitié des emplois de la fonction publique à certains groupes.

    Système décrié. Dans un pays qui compte quelque 18 millions de jeunes sans emploi selon les chiffres officiels, ce système des quotas a été rejeté par les diplômés. Pour ses détracteurs, il vise à réserver des postes au sein de la fonction publique aux proches de la Ligue Awami, le parti de la Première ministre, Sheikh Hasina.

    Le 30 juillet, le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell avait dénoncé « l’usage excessif de la force » contre les manifestants au Bangladesh, en demandant que « les responsabilités » soient « clairement établies ».

    Shafiqul ALAM

    © Agence France-Presse

     

  • Royaume-Uni: soirée de violences à Sunderland

    Londres - Des centaines de personnes se sont déchaînées dans le centre-ville de Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, en attaquant la police et en mettant le feu à au moins une voiture, vendredi soir. Trois policiers ont été hospitalisés et huit individus arrêtés
     
    Des policiers arrêtent un manifestant lors de la manifestation devant l'entrée du 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 31 juillet 2024, suite aux  assassinats au couteau à Southport le 29 juillet.
    Des policiers arrêtent un manifestant devant l'entrée du 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 31 juillet 2024.  -  BENJAMIN CREMEL - Londres (AFP)

    Des émeutes ont éclaté vendredi en fin de journée à Sunderland, où les forces de l’ordre britanniques ont été victimes « d’importants et graves niveaux de violence » selon la police, derniers heurts en date après le meurtre de trois fillettes en début de semaine. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de personnes se déchaînant dans le centre-ville de Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, en attaquant la police et en mettant le feu à au moins une voiture. Trois policiers ont été hospitalisés et huit personnes arrêtées, selon la police.

     

    « Au cours de la soirée, ces officiers ont été confrontés à d’importants et graves niveaux de violence, ce qui est tout à fait déplorable », a déclaré Helena Barron, une responsable de la police de Northumbria dans un communiqué, précisant que deux des fonctionnaires étaient toujours à l’hôpital. « Les scènes choquantes auxquelles nous avons assisté à Sunderland ce (vendredi) soir sont totalement inacceptables », a-t-elle insisté.

    « Comportement de voyou ». Ces faits réactivent l’inquiétude d’un retour des violences qui ont émaillé le pays dans la semaine, alors que la soirée de jeudi avait été calme. La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a promis sur X que les émeutiers « paieront le prix de leur violence et de leur comportement de voyou ». « La police a le soutien absolu du gouvernement pour agir de la manière la plus énergique possible et s’assurer que toute la force de la loi s’exerce », a-t-elle ajouté, en assurant que les émeutiers « ne représentent pas la Grande-Bretagne ».

    Cette nouvelle éruption de violence surgit au moment où la police se prépare à l'éventualité d’un week-end sous tension. A Londres en particulier, la Metropolitan police a indiqué avoir « augmenté » ses effectifs « pour rassurer » la population, alors qu’une marche pro-palestinienne est prévue dans la capitale ainsi qu’un rassemblement anti-immigration. La police du Merseyside, dont une cinquantaine d’agents ont été blessés lors de heurts mardi à Southport, la ville du nord-ouest de l’Angleterre endeuillée par l’attaque au couteau perpétrée la veille, s’est aussi dite prête à faire face à de possibles nouveaux heurts, et a déployé de nouveaux effectifs dans le centre-ville de Liverpool.

    Deux cents à trois cents personnes - des sympathisants du mouvement d’extrême droite anti-islam English Defence League (EDL) selon la police - ont pris part à des échauffourées mardi, sur fond de rumeurs et de spéculations partagées en ligne sur la religion, l’identité ou l’origine de l’auteur des attaques. Un suspect de 17 ans, Axel Rudakubana, a été inculpé pour meurtres et tentatives de meurtres et placé en détention. Les différentes forces de police anticipent des manifestations dans plusieurs villes, notamment Nottingham (centre de l’Angleterre), Rotherham (nord), Cardiff (Pays de Galles), ou encore à Belfast (Irlande du Nord). Les heurts à Southport, où une mosquée a été prise pour cible, ont conduit les responsables de lieux de culte musulmans à renforcer leur sécurité.

    Slogans. Dans la capitale, la Metropolitan police a rencontré les responsable de la communauté musulmane et s’est déplacée dans plusieurs mosquées « pour donner des conseils (de sécurité) et écouter les craintes », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Une marche pro-palestinienne est prévue, ainsi qu’un rassemblement près de l’itinéraire de cette marche du mouvement baptisé « Enough is enough » (Trop c’est trop), un mot d’ordre anti-immigration qui a émergé sur les réseaux sociaux. « La Met ne tolèrera pas d’individus qui utilisent le droit de manifester comme un moyen de commettre des actes de violence ou d’inciter à la haine raciale et religieuse envers la population ou la police », a-t-elle prévenu.

    Mercredi, plusieurs centaines de personnes, drapeaux anglais en main, et criant des slogans anti-immigration, avaient manifesté dans une ambiance tendue devant Donwing Street, entraînant 111 arrestations. « La communauté musulmane est profondément inquiète » après les évènements de Southport, notamment avec « ces rassemblements prévus partout au Royaume-Uni et visant spécifiquement les mosquées », a déclaré Zara Mohammed, secrétaire générale du Muslim Council of Britain à l’AFP.

    Elle a aussi décrit des responsables de mosquées « angoissés » lors d’une réunion organisée jeudi sur la sécurité des lieux de culte. Jeudi, le Premier ministre britannique Keir Starmer a affiché sa fermeté et son soutien à la police après la multiplication de rassemblements émaillés de violences, « clairement » alimentées par la « haine d’extrême droite ».

    © Agence France-Presse

     




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