• Vingt-sept députés macronistes s’opposent à une hausse des impôts envisagée par Barnier

    Paris - Vingt-sept députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) s’opposent, dans un texte publié par La Tribune samedi soir, à toute augmentation des impôts, alors que le Premier ministre Michel Barnier envisage de faire contribuer davantage ceux qui le peuvent, « de manière exceptionnelle et temporaire »

    Vingt-sept députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) s'opposent, dans un texte publié par La Tribune samedi soir, à toute augmentation des impôts

     

    Vingt-sept députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) s'opposent, dans un texte publié par La Tribune samedi soir, à toute augmentation des impôts  -  PHILIPPE HUGUEN - Lille (AFP)

    « Il nous paraît (...) impensable qu’après sept années de baisse d’impôts ce soit l’alliance du bloc central qui finisse par renoncer à la stabilité fiscale pour les augmenter », écrivent Mathieu Lefèvre et Charles Rodwell, rejoints par les anciennes ministres Aurore Bergé et Marie Lebec, ou par l’ancien président du groupe Sylvain Maillard. Les auteurs estiment également « impensable » de remettre en question le « cap clair défini par les trois lois de programmation budgétaires des ministères de l’Intérieur, de l’Armée et de la Justice ».

     

    Performance. Pour eux, « le rétablissement des comptes passe avant tout par la baisse de la dépense publique » et, pour y parvenir, ils préconisent « le culte de la performance de nos politiques publiques », la « suppression de dizaines d’agences et de comités Théodule », « la simplification de l’action publique et la baisse du nombre de fonctionnaires en préservant nos services publics de proximité ».

    Arguant que « le rétablissement des comptes publics passe avant tout par la création de richesses et le plein-emploi », ils appellent à « mener des réformes courageuses - notamment celle de l’assurance chômage ». Et ils appellent à poursuivre la « lutte sans merci contre la fraude sociale et fiscale ».

    Effort « exceptionnel et temporaire ». Le Premier ministre Michel Barnier, constatant la situation très dégradée des finances dont il a hérité, a mis sur la table la possibilité d’augmenter certains prélèvements. « Sur la question de la fiscalité, j’ai dit que je protégerais de toute augmentation fiscale ceux qui sont sur le terrain, qui travaillent, qui produisent. Nous allons faire appel, de manière exceptionnelle et temporaire, à ceux qui peuvent contribuer à cet effort », avait-il déclaré vendredi dans le Journal de Saône-et-Loire.

    Interviewé vendredi dans Ouest-France, le président du groupe MoDem Marc Fesneau s'était dit pour sa part ouvert à des ajustements fiscaux. « Au MoDem, nous ne sommes pas fermés à demander des efforts aux personnes les plus riches - vraiment aux tranches les plus élevées - et aux très grandes entreprises », a déclaré l’ancien ministre de l’Agriculture. Son groupe est aussi prêt à « s’attaquer aux niches fiscales, à analyser les situations de rente et à annuler les baisses d’impôts prévues, comme la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises ».

     


  • De meilleures dépenses et moins d’impôts, pour réhabiliter l’action publique – par Erwan Le Noan

    En 2024, le déficit public devrait avoisiner les 5,7 % du PIB... contre 4,9 % initialement envisagés ! Ce n’est plus un simple dérapage, mais une cascade périlleuse et sans filet
     
    Action publique : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ...
     
     
     
    Le Haut conseil des finances publiques, organisme indépendant chargé « d’apprécier le réalisme des prévisions macroéconomiques » de l’Etat a publié récemment un rapport dans lequel il analyse les hypothèses de croissance retenues par les exécutifs de 2004 à 2023. Il note, ô surprise, un « écart » entre les statistiques choisies par les ministres et celles des économistes. Il en conclut, dans une inimitable litote administrative, que ce décalage « désigne un biais optimiste des prévisions de croissance du gouvernement ».
     
     

  • Mieux que l’impôt participatif, le don volontaire à l’État ?

    Gabriel Attal plaide pour un impôt participatif. Certains intellectuels ont proposé, par le passé, de transformer l’impôt en un acte de générosité.

    Par Kévin Badeau

     

    Gabriel Attal relance l'idée d'un impôt participatif. Et si l'on passait directement au don volontaire ?

    Les Français, bientôt réconciliés avec l'impôt ? Dans une lettre adressée le 12 août aux présidents de groupe de l'Assemblée nationale (à l'exception de LFI et du RN), Gabriel Attal a proposé un « pacte d'action pour les Français », lequel comprend l'instauration d'un « impôt participatif ».

    Le Premier ministre démissionnaire, désormais chef de file des députés macronistes, suggère d'offrir à chaque contribuable la possibilité de flécher une partie de son impôt sur le revenu vers une mission du budget de l'État « librement choisie ». Ainsi, si la proposition retient l'attention de cette nouvelle Assemblée fracturée en trois blocs, chaque contribuable pourra, à terme, orienter une fraction de ses impôts au financement de l'éducation, de la sécurité, de la transition écologique ou, pourquo...

     

     

    Qu’est-ce que « l’exit tax », impôt supprimé par Emmanuel Macron que Lucie Castets veut rétablir ?

    Six ans après son détricotage par le président de la République, la candidate du Nouveau Front populaire à Matignon souhaite rétablir cet impôt censé prévenir l’exil fiscal.

    Par Antoine Bouchet

     

     

    « Je propose de rétablir l'exit tax telle qu'elle existait avant d'être très affaiblie par Emmanuel Macron. » Dans un entretien au journal Libération mercredi 21 août et alors que se profile la préparation du prochain budget, Lucie Castets affiche sa volonté de revigorer un impôt censé prévenir l'exil fiscal. Retour sur ce mécanisme, créé en 2011 par Nicolas Sarkozy et plusieurs fois remanié depuis.

    En 2011, Nicolas Sarkozy crée l'exit tax sur – comme le rappelle Le Figaro – le modèle d'une mesure apparue pour la première fois en 1998 et abrogée en 2004 sur décision de l'Union européenne, pour qui le dispositif « contrevient à la liberté d'établissement ». Le principe de cet impôt est simple : taxer à 30 % les plus-values théoriques réalisées par des Français possédant des parts dans des sociétés (françaises ou étrangères) au moment où ils déménagent leur résidence fiscale hors du pays.

    À l'époque y sont soumis les Français ayant résidé sur le territoire national au moins six ans sur les dix qui précèdent le départ. Ils doivent en outre détenir au moins 1 % du capital d'une entreprise ou bien posséder un patrimoine mobilier dont la valeur est supérieure à 1,3 million d'euros.

    En 2014, François Hollande, qui avait déclaré durant sa campagne présidentielle que son « véritable adversaire » était « le monde de la finance », modifie le seuil d'application de l'exit tax : celui des entreprises grimpe de 1 % à 50 % pour ne plus concerner que les actionnaires majoritaires, tandis que la valeur minimale du patrimoine mobilier est abaissée à 800 000 euros.

    Un impôt facile à contourner, difficile à appliquer ?

    Un an après son accession à l'Élysée, Emmanuel Macron décide en 2018 de revenir sur l'exit tax. Supprimé, l'impôt est remplacé par une « taxe anti-abus » qui conserve l'esprit de l'exit tax mais comprime ce qui faisait sa force en réduisant considérablement le délai permettant une exonération. En effet, dès 2011, l'exit tax ne s'applique pas aux exilés fiscaux qui attendent plus de huit ans avant de vendre leurs parts. Car si le montant de l'exit tax est calculé sur les plus-values que réalisent les Français au moment où ils quittent le pays, l'impôt ne s'applique qu'au moment où sont vendues de manière effective leurs parts.

    En 2014, la durée de cette période est portée à quinze ans par le gouvernement socialiste. En 2018, Emmanuel Macron la ramène à deux ans. Selon ses déclarations à Libération, la candidate au poste de Première ministre du NFP souhaite donc rétablir le délai de quinze ans.

    Depuis son instauration en 2011, l'efficacité de l'exit tax a régulièrement été remise en question. Censé rapporter 200 millions d'euros par an au moment de sa création, l'impôt a en réalité fait entrer 53 millions d'euros dans les caisses de l'État en 2011, 70 millions en 2017. Pourtant, selon un rapport du Conseil des prélèvements obligatoires de janvier 2018, il aurait dû rapporter 803 millions d'euros pour la seule année 2016. Un écart qui s'explique par la difficulté des fonctionnaires de Bercy à suivre sur huit puis quinze ans les déclarations des contribuables français partis pour l'étranger.

    Autre explication de ces faibles montants pour les défenseurs de cet impôt : son effet dissuasif, qui préviendrait les départs pour l'étranger. D'après les calculs du libéral Institut Montaigne rapportés par Le Figaro, le rétablissement du délai de quinze ans permettant exonération de l'exit tax rapporterait 67 millions d'euros par an en l'état actuel. Pour rappel, les recettes de l'État s'élevaient en 2024 à plus de 170 milliards d'euros.


  • Taxe d’habitation : voici la liste complète des communes qui appliqueront une majoration

    Près de 1 500 communes appliqueront une majoration de la taxe d’habitation en 2024, contre 308 l’an dernier.

    Par Nicolas Guarinos

     

    Les municipalités ont largement choisi de profiter des nouvelles dispositions légales concernant la taxe d’habitation. Ici Saint-Malo, où a été votée une majoration de 45 %.

     

    Les municipalités ont largement choisi de profiter des nouvelles dispositions légales concernant la taxe d’habitation. Ici Saint-Malo, où a été votée une majoration de 45 %. © Jean-Marc David/Sipa

    Les propriétaires de résidence secondaires les plus vigilants se doutaient bien que la liste s'allongerait. Les municipalités ont largement choisi de profiter des nouvelles dispositions légales concernant la taxe d'habitation. Cette taxe – qui ne s'applique plus que sur les résidences secondaires – peut désormais faire l'objet d'une majoration dans toutes les communes de moins de 50 000 habitants, en plus des villes de taille plus importante.

    Au total, 3 697 communes étaient éligibles à cette majoration en 2024, soit 2 561 de plus qu'en 2023. Parmi ces 3 697 communes, elles sont 1 461 à avoir voté, en conseil municipal, une majoration pour cette année, selon un document de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), publié fin juin. L'an dernier, elles n'étaient que 308.

    Elles sont 539 à avoir voté le taux maximum de majoration : 60 % (le taux minimal est de 5 %). La liste complète des communes qui appliqueront une majoration est à retrouver dans l'annexe du document de la DGFiP.

    Et la région la plus concernée est…

    En Provence-Alpes-Côte d'Azur, par exemple, elles sont 649 à être éligibles, 293 à l'appliquer cette année, et le taux moyen de majoration est de 37,2 %. Mais c'est en Auvergne-Rhône-Alpes qu'elles sont les plus nombreuses, avec 687 communes éligibles, dont 316 qui ont voté l'application d'une majoration pour un taux moyen de 40 %.

    D'autres communes pourraient appliquer cette surtaxe l'an prochain. Pour rappel, si vous êtes propriétaires d'une résidence secondaire, vous recevrez l'avis d'imposition sur la taxe d'habitation pour 2024 à partir du 7 novembre – si vous n'êtes pas mensualisés –, et devrez vous en acquitter avant le 15 décembre (ou le 20 décembre en cas de paiement dématérialisé, via la plateforme impots.gouv.fr).


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    Fiscalisation des primes des JO : quand la droite se renie

    A l’heure où l’on exalte le drapeau tricolore, symbole de l’unité nationale, est-il si choquant que ces primes soient soumises à l’impôt, fondement même de cette citoyenneté chantée et célébrée à chaque Marseillaise ?

    Quel faux débat que celui de la fiscalisation des primes de nos valeureux médaillés olympiques. Ex-champion de judo, David Douillet, qui s’en offusque tout comme plusieurs personnalités de droite dont Olivier Marleix, oublie peut-être que c’est pourtant sous Nicolas Sarkozy, dont il fut le ministre des Sports de 2011 à 2012, que fut prise la décision de soumettre à l’impôt sur le revenu les primes des athlètes. En l’occurrence pour les JO d’hiver de Vancouver.

     

    « Quand un athlète touche 80 000 euros, vous savez combien de temps il met pour avoir sa breloque ? Entre 10 et 15 ans », s’étrangle l’ancien judoka qui se fait l’avocat des « petits sports » – moins professionnalisés et donc pas ou très peu rémunérés – où des athlètes comptent parfois sur ces dizaines de milliers d’euros pour améliorer leurs conditions d’entraînement. Cela se conçoit. Mais on peut rétorquer que les dispositifs publics dont jouissent gratuitement de nombreux sportifs de haut niveau ont également un coût pris en charge par la collectivité. Et qu’à ce titre, une fiscalisation de ces primes, quel que soit le mérite de ceux qui les ont obtenues, ne paraît pas incongrue. En 2010, c’était d’ailleurs l’argumentaire de la droite qui défendait le principe d’une participation à l’effort général.

    A l’heure où l’on exalte le drapeau tricolore, symbole de l’unité nationale, est-il si choquant que ces primes soient soumises à l’impôt, fondement même de cette citoyenneté chantée et célébrée à chaque Marseillaise ? C’est à force d’exceptions et d’exonérations en tout genre – les prélèvements obligatoires, c’est toujours mieux quand ce sont les autres qui les paient – que notre système fiscal, illisible et complexe, nourrit cette absence de consentement à l’impôt qui mite notre démocratie. Il est navrant qu’une droite déboussolée, qui n’est certes plus à une contradiction près, l’oublie et se renie.


  • Où va l’argent des impôts ?

    Les avis d’imposition sont reçus entre le 24 juillet et le 2 août. Et, avec eux, revient une question – sempiternelle pour les agents fiscaux : à quoi va servir l’argent donné à l’État cet automne ?

    Par Gaël Vaillant

    Les avis d'impôt sur le revenu seront disponibles dès ce mercredi.

     

    Dans de nombreux questionnaires, effectués par les instituts d'études d'opinion ou par l'État lui-même, une majorité des Français estiment qu'ils paient trop d'impôts. En effet, selon la dernière édition du « baromètre des prélèvements fiscaux et sociaux en France », publié le 30 janvier dernier par le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), les trois quarts d'entre eux pensent que le niveau des impôts et des cotisations sociales est trop élevé en général.

    Aussi, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) a renouvelé ses efforts en pédagogie alors que les contribuables vont recevoir leur avis d'imposition concernant l'impôt sur le revenu entre le 24 juillet – ce mercredi donc – et le 2 août.

    Les trois fonctions de l'impôt

    L'impôt a d'abord et avant tout un rôle financier : il sert à financer les dépenses publiques de la société. C'est grâce à lui que les fonctionnaires sont payés, que l'État peut assurer la sécurité de ses citoyens ou qu'il peut prendre en charge l'hôpital et l'école. Bref, l'impôt reste la première source de revenus de la puissance publique.

    À lire aussi Revenu fiscal de référence : tout comprendre de cette donnée essentielle de vos avis d'imposition

    Mais, comme l'explique le site de l'administration fiscale, l'impôt a deux autres rôles : économique et social. D'une part, l'État se sert de l'impôt pour encourager le développement des entreprises afin de créer de l'emploi et de la richesse.

    D'autre part, l'impôt permet une redistribution du revenu au sein de la population : chacun contribue aux dépenses sociales à hauteur de ses moyens et, par ce biais, les plus riches soutiennent les aides aux plus pauvres.

    L'impôt, vecteur indispensable du vivre-ensemble

    C'est la participation de chacun à l'effort commun, par exemple en fonction de ses revenus (pour ce qui est de l'impôt sur le revenu) ou de sa consommation (avec la TVA), qui rend possible l'existence des services publics.

    Pour rendre concret les choses, l'administration fiscale a détaillé, sur cette page, le bilan comptable de l'année 2022 en exposant la répartition de 1 000 euros d'impôts payés. Voici ce que ça donne.

    Sur 1 000 euros, 562 euros sont consacrés à la protection sociale. Cette dénomination ne regroupe pas seulement les allocations. Au sein de cette enveloppe, c'est en effet le système de retraite, avec 248 euros (sur 1 000 euros donc), qui est de loin le plus coûteux, devant le financement de la santé publique (208 euros). Les allocations familiales ne sont qu'à 37 euros, devant le chômage (29 euros), les autres mécanismes de solidarité (26 euros) et les aides au logement (14 euros).

     

    Le reste des 1 000 euros se répartissent ensuite entre l'Éducation nationale (90 euros), le fonctionnement des administrations publiques (67 euros), le soutien aux activités économiques (66 euros), les transports publics (46 euros), la défense (31 euros), la sécurité (25 euros), la culture et la sauvegarde du patrimoine (25 euros), la recherche (22 euros), l'environnement (18 euros), les infrastructures (10 euros) et, en bon dernier, la justice (4 euros).

    Il reste 34 euros consacrés à la charge de la dette. Une somme qui, selon les projections, pourrait augmenter considérablement à mesure du poids grandissant de la dette et au détriment des autres postes de dépense.

    L'impôt sur le revenu, un impôt mineur ?

    Selon les chiffres publiés en avril dernier par la DGFiP, seuls 44,7 % des Français ont payé l'impôt sur le revenu en 2023. Une part en diminution constante depuis quatre décennies et qui entraîne une conséquence inattendue : l'impôt sur le revenu est une ressource relativement mineure pour l'État.

    En effet, le produit émanant de l'impôt sur le revenu ne représentait en 2022 que 7,4 % du total des recettes fiscales. Ce pourcentage bas s'explique notamment par les nombreuses exonérations mais aussi les mécanismes de crédits d'impôts, des dispositifs qui se sont multipliés au cours des trois dernières décennies.

     

    Ce chiffre est surtout loin, très loin derrière celui des cotisations sociales (33,3 %), de la TVA ou taxe sur la valeur ajoutée (16,7 %) et de la CSG et CRDS, pour contribution sociale généralisée et contribution pour le remboursement de la dette sociale (13,9 %).

    De nombreux économistes considèrent toutefois la CSG comme un impôt sur le revenu, puisque, de fait, il est assis sur l'ensemble des revenus des personnes résidant en France et qui est prélevé à la source chez la grande majorité des travailleurs français et une partie des retraités.

     





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