• L’Ukraine se dote d’un nouveau chef de la diplomatie, Andriï Sybiga

    Kiev - Le Parlement ukrainien a confirmé jeudi 5 septembre le remplacement de Dmytro Kouleba aux Affaires étrangères du pays, dans le cadre d’un profond remaniement gouvernemental
     
    Le nouveau ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga posant à côté d'un drapeau ukrainien (photographie non datée, diffusée par le service de presse du ministère le 5 septembre 2024)
     
    Le nouveau ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga posant à côté d'un drapeau ukrainien (photographie non datée, diffusée par le service de presse du ministère le 5 septembre 2024)  -  Handout - Kiev (AFP)

    Dmytro Kouleba, dont la démission avait été entérinée plus tôt, n’avait eu de cesse d’appeler les alliés occidentaux de Kiev à fournir des armes à son pays, si bien qu’il était devenu l’une des voix phares de l’Ukraine depuis l’invasion russe de février 2022. « Première nomination : Andriï Sybiga au poste de ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine », a déclaré le député Iaroslav Jelezniak dans un message sur Telegram.

     

    Au total, 258 élus ont voté pour la nomination du numéro deux du ministère, alors qu’un minimum de 226 était requis, ont dit plusieurs parlementaires sur Telegram. Moins médiatique et moins connu que Dymtro Kouleba, Andriï Sybiga, 49 ans, qui a notamment été ambassadeur en Turquie de 2016 à 2021, est vu comme un poids lourd de la diplomatie ukrainienne. Il est considéré comme plus loyal au chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak.

    En présentant la candidature d’Andriï Sybiga aux députés de son parti, le président Volodymyr Zelensky « l’a décrit comme un spécialiste de relations internationales, qui était avec lui dans le bunker en 2022 (au début de l’invasion russe, ndlr) et avait alors géré sa communication internationale », a indiqué à l’AFP une source au sein du parti présidentiel.

    « Nouvelle énergie ». Dmytro Kouleba était l’une des personnalités ukrainiennes les plus en vue depuis le début de la guerre avec la Russie. Il s’était illustré en bataillant pour augmenter le soutien occidental à l’Ukraine et en tentant de convaincre des pays courtisés par Moscou, en Afrique et en Asie en particulier, de soutenir Kiev. Au total, 240 députés ont voté pour valider sa démission sur un minimum de 226 votes requis. Selon les députés, Dmytro Kouleba n’était pas présent au Parlement pour ce vote.

    Cet homme de 43 ans, qui a passé ces quatre dernières années à ce poste, avait présenté sa démission mercredi. D’après des sources interrogées par l’AFP dans les milieux politiques, son départ n’avait rien de volontaire et a été dicté par la présidence, qui cherche ainsi à consolider son contrôle sur ce ministère clé. Aucune raison n’a été donnée officiellement pour le renvoi de Dmytro Kouleba. Interrogé sur le remaniement ministériel, le président Zelensky s’est borné à dire que l’Ukraine avait « besoin d’une nouvelle énergie » après deux ans et demi de guerre avec la Russie.

    Mais une source au sein du parti présidentiel a reproché à Dmytro Kouleba d’avoir perdu de son efficacité. « Il y a eu des plaintes à son sujet depuis un an », a expliqué cette source à l’AFP. « Il donnait des interviews, s’exprimait avec éloquence, multipliait les visites (...). Il s’occupait de son autopromotion, au lieu d’améliorer le travail des ambassades, de travailler systématiquement sur les pays et d’obtenir leur soutien », a-t-elle ajouté. « Et les six derniers mois, il ne s’occupait plus du tout des tâches qu’on lui donnait mais écrivait simplement des tweets et commentait », a encore affirmé cette source.

    Reconnaissance internationale. Par ailleurs, des déclarations de Dmytro Kouleba à propos des différends historiques entre Kiev et Varsovie ont provoqué en août une vague de commentaires négatifs à travers la Pologne, un nouvel épisode des tensions avec cet allié primordial de l’Ukraine face à la Russie.

    Cinq autres membres du gouvernement, des ministres et des vice-Premiers ministres, ainsi que le chef du Fonds des biens d’Etat, responsable des privatisations, ont également présenté leur démission au Parlement. Les votes sur leur remplacement devraient suivre dans la foulée. Dmytro Kouleba pourrait se voir proposer un poste important dans lequel il serait chargé de l’intégration de l’Ukraine à l’Otan, un grand objectif de Kiev.

    Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken l’a appelé mercredi pour lui faire part de « sa grande reconnaissance et de son amitié », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller. « Il y a peu de personnes avec lesquelles j’ai travaillé aussi étroitement qu’avec toi », lui a de son côté écrit mercredi la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, se remémorant leurs « longues conversations dans les trains de nuit, au G7, sur la ligne de front, à Bruxelles, devant une centrale électrique bombardée ».

    © Agence France-Presse

     

  • USA 2024: Trump et Harris au coude-à-coude dans trois Etats-clés

    Washington - Selon une enquête d’opinion dévoilée par CNN, le Nevada, la Géorgie et la Pennsylvanie sont les trois terrains d’affrontement qui s’annoncent les plus disputés à ce stade de la course
     
    AFP - Donald Trump et Kamala Harris
     
    Donald Trump et Kamala Harris sont donnés au coude à coude dans certains Etats-clés.  -  Patrick T. Fallon, ROBERTO SCHMIDT - Washington (AFP)

    Cette journée classique de campagne a été marquée par un fait divers tragique, quand un adolescent a ouvert le feu dans un lycée de l’Etat de Géorgie, faisant quatre morts, et forçant les candidats à réagir.

     

    « Nous devons mettre fin à cette épidémie de violences par arme à feu dans notre pays, une bonne fois pour toutes », a déclaré Kamala Harris. Au contraire, opposé à tout durcissement législatif dans ce domaine, son rival républicain a, lui, qualifié l’auteur des tirs de « monstre malade et détraqué ».

    Terrains d’affrontement. Quelques heures plus tôt, une enquête d’opinion dévoilée par CNN est venue confirmer que, comme souvent aux Etats-Unis, le résultat de la présidentielle se jouera de façon très localisée, avec quelques milliers d'électeurs à l’influence surdimensionnée et des millions d’autres cantonnés à un rôle d’observateurs.

    Selon cette enquête, le Nevada, la Géorgie et la Pennsylvanie sont les trois terrains d’affrontement qui s’annoncent les plus disputés à ce stade de la course. La Pennsylvanie fait figure de « gros lot » susceptible d’emporter la victoire.

    Donald Trump s’y est d’ailleurs rendu une nouvelle fois mercredi, pour un « town hall » - réunion publique avec des électeurs - animé par Sean Hannity dans la capitale Harrisburg. Ce commentateur politique de Fox News, classé conservateur et proche du milliardaire, a souvent les faveurs du candidat républicain dans ses interventions télévisées. L'émission sera enregistrée en fin d’après-midi et diffusée à 21 heures heure de Washington (1 heure GMT jeudi).

    « Communiste ». Kamala Harris est, elle, allée dans l’Etat du New Hampshire pour un déplacement centré sur les petites et moyennes entreprises. Dans cette région penchant démocrate, elle a visité une brasserie de bière fondée par deux femmes, dans un secteur d’activité traditionnellement masculin.

    La candidate de 59 ans s’y est engagée à multiplier par dix le crédit d’impôt à la création de petites entreprises, en le portant de 5 000 à 50 000 dollars.

    Celle que son rival présente comme « communiste » entend ainsi conforter son image de candidate des classes moyennes et laborieuses face à un adversaire accusé de choyer les grosses fortunes et les multinationales.

    Risque d’essoufflement. Après avoir logiquement profité d’un élan consécutif au retrait de Joe Biden et à la grande convention démocrate de Chicago qui l’a officiellement intronisée, la vice-présidente est désormais confrontée au risque d’essoufflement.

    Plusieurs éditorialistes de quotidiens renommés, plutôt favorables aux démocrates, l’ont ces derniers jours appelée à détailler ses mesures pour le pays, estimant notamment que son interview très attendue de jeudi dernier, aux côtés de son colistier Tim Walz, avait manqué de substance. « La période de lune de miel [de Kamala Harris] a vécu », a d’ailleurs affirmé mercredi sur une radio locale Donald Trump, qui a lui-même perdu au niveau national l’avance qu’il avait en juillet.

    Toujours mercredi, le dossier du sidérurgiste US Steel s’est confirmé comme un gros enjeu de cette campagne : selon la presse, le président Joe Biden s’apprête à bloquer formellement le rachat du fleuron industriel américain par son concurrent japonais Nippon Steel.

    15 % d’indécis. Dans un sondage publié mercredi par The Economist, Kamala Harris récolte 47 % des intentions de vote à l'échelle nationale, contre 45 % pour Donald Trump. De nombreux républicains aimeraient voir l’ex-magnat des affaires adopter un ton plus posé, centré sur des critiques du bilan de l’administration Biden-Harris, mais le septuagénaire continue d’accumuler les attaques ad hominem visant sa rivale. « C’est une marxiste, elle va détruire notre pays », a-t-il encore lancé mercredi.

    L’ex-élue Liz Cheney, la plus célèbre des républicains anti-Trump, a déclaré mercredi qu’elle voterait pour Kamala Harris, même si le Grand Old Party reste soudé derrière lui. Le sondage de CNN identifie une proportion d’environ 15 % de votants encore indécis dans les Etats pivots susceptibles de basculer dans l’un ou l’autre des deux camps. Il donne Kamala Harris gagnante dans le Wisconsin et le Michigan et Donald Trump vainqueur dans l’Arizona.

    Le passage mercredi de la démocrate par le New Hampshire, où elle ne s'était pas rendue depuis des années, sera très vraisemblablement pour elle un détour singulier, avant qu’elle ne recommence à labourer les sept Etats clés qui décideront de l’avenir de la première puissance mondiale le 5 novembre. Kamala Harris a prévu de se rendre jeudi en Pennsylvanie, Etat où est implanté US Steel.

    Sébastien BLANC

    © Agence France-Presse

     




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