• Agriculteurs en colère : la loi EGalim se joue aussi à la cantine

    Agriculteurs en colère : la loi EGalim se joue aussi à la cantine

    Parmi les revendications des agriculteurs qui manifestent en ce mois de janvier, l’application de la loi EGalim qui doit protéger leurs revenus. Les collectivités locales peuvent jouer leur part via la restauration collective. Explications

    EGalim, c’est le nom de trois lois votées en 2018 et 2023. Elles visent à protéger les revenus des agriculteurs, face aux industriels de l’agroalimentaire et à la grande distribution. « Un bel outil sur le papier, mais que sur le papier ! Les négociations qui violent la loi en tentant d’influencer le prix de la MPA (matière première agricole) : c’est illégal ! Les industriels qui adaptent leurs prix à leur bon vouloir : c’est illégal ! Nous exigeons une application stricte de cette loi et des sanctions pour ceux qui ne la respectent pas », gronde Vincent Bougès, président des Jeunes Agriculteurs Gironde. « Il faut que l’on parvienne à la faire respecter », reconnaissait ce mercredi 24 janvier Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, devant le Sénat. Pascal Lavergne, député Renaissance de Gironde, rajoute un élément : « Je vois beaucoup d’élus sur les barrages la larme à l’œil, mais eux aussi ont leur part à jouer. Où en sont leurs cantines ? Chacun doit prendre sa part. »Sur ce volet, le gouvernement a lancé le site « Ma cantine ». Objectif : informer, documenter et outiller les acteurs sur les bonnes pratiques en restauration collective, accroître la transparence de ce qui est servi dans les réfectoires scolaires, les hôpitaux, etc. Pour la restauration collective, EGalim prévoit 50 %


  • « Hiver solidaire » : à Bordeaux, une première paroisse ouvre ses portes à des sans-abri

     

    « Hiver solidaire » : à Bordeaux, une première paroisse ouvre ses portes à des sans-abri

     

    Des jeunes catholiques ont décliné à Bordeaux l’opération Hiver solidaire, qui consiste à proposer des locaux et leur présence à des sans-abri. Ils lancent un appel à bénévoles et espèrent que leur exemple sera suivi

     

    Olivier, 53 ans, a passé sa journée, comme toutes les autres à arpenter la ville à pied de l’aube au couchant, avec une pause lecture dans une médiathèque. « J’aime les biographies, le réel. » Le chaud et le calme, aussi. « On ne s’imagine pas comme les bruits de la ville sont fatigants quand on y reste tout le temps. »

     

    Trois ans qu’il est à la rue. Il n’y dormira pas cette nuit. Ce mardi 23 janvier à 19 heures, il pousse une porte du vieux Bordeaux. Des bénévoles de l’opération Hiver solidaire l’y attendent, lui et deux autres bénéficiaires. Les attendent, aussi, un dîner en commun, un lit, un petit-déjeuner. Et de la chaleur humaine. Jusqu’à 8 heures le lendemain.

     
    Chaque soir, des bénévoles, comme Sixtine et Antoine, apportent un repas et partagent la table avec des bénéficiaires, dont Olivier.Chaque soir, des bénévoles, comme Sixtine et Antoine, apportent un repas et partagent la table avec des bénéficiaires, dont Olivier.
    Thierry David/ « SUD OUEST »

    Seize ans que cette initiative existe à Paris. Pour la saison 2023-2024, 42 paroisses y accueillent 200 sans-abri. C’est en effet une initiative d’inspiration catholique. Olivier n’est pas croyant. Mais dans son « errance » – c’est son mot –, il en a déjà bénéficié à Nantes et Saint-Nazaire par le passé. À Bordeaux, c’est une nouveauté. Le premier local n’a ouvert que le 15 janvier.

    Parmi les porteurs du projet, Sixtine de Blignières, une juriste de 27 ans, ancienne de la colocation Lazare, place Saint-Martial, où des jeunes professionnels partagent le gîte avec des personnes « qui ont connu les galères de la rue ». « Mon collègue de Lazare Alexis Derquenne s’est demandé pourquoi il n’y avait aucune déclinaison d’Hiver solidaire à Bordeaux. Nous avons été plusieurs à le rejoindre pour défendre cette cause, qui nous touche particulièrement. »

    Ils ont réussi à convaincre Jean-Laurent Martin, le prêtre de la paroisse Notre-Dame d’Aquitaine. « Il nous a confié les clés de ce local le 15 décembre. Un mois plus tard, nous étions prêts à ouvrir. » Olivier a été orienté ici par le Secours catholique. « J’y ai rencontré Alexis par hasard, un jour que je venais m’y doucher. Si je m’étais présenté à un moment différent, un autre que moi aurait été élu. Je suis un privilégié. »

    Recherche volontaires masculins

    Pourquoi cette cause touche tant Sixtine ? À cette question, la jeune femme reste interdite. « Je ne me suis jamais posé la question… Je ne trouve pas les mots. C’est… normal, non ? » Olivier vole à son secours : « Même si je ne suis pas croyant, je respecte les religions et je pense que c’est ta foi, non ? » « Oui, sans doute, merci, tu m’aides ! »

    « À travers Hiver solidaire, on tisse des relations presque filiales, des amitiés fortes »

    Les relations sont simples, proches. On parle de tout à la deuxième personne du singulier. « Une chose est sûre, c’est qu’à travers Lazare ou Hiver solidaire, on tisse des relations presque filiales, des amitiés fortes », développe Sixtine.

    Olivier aussi apprécie ces échanges, après ses heures solitaires dans la rue. Dans une autre vie, le quinquagénaire a été boucher dans la Marne et le Morbihan. « J’ai bossé, j’ai eu une compagne. J’ai même été un peu heureux. Je ne bois pas. Mais je savais qu’un jour ma volonté lâcherait. Ça remonte à ma jeunesse. Et ça a fini par arriver. »

    Le dortoir. Un ou deux bénévoles masculins (ici, Antoine) le partagent avec les bénéficiaires. « Les draps ont été récupérés auprès d’une conciergerie de luxe du Cap-Ferret », explique Sixtine, illustrant le tissu de solidarités qui se noue autour du projet.Le dortoir. Un ou deux bénévoles masculins (ici, Antoine) le partagent avec les bénéficiaires. « Les draps ont été récupérés auprès d’une conciergerie de luxe du Cap-Ferret », explique Sixtine, illustrant le tissu de solidarités qui se noue autour du projet.

    Thierry David/ « SUD OUEST »

    « Quand je suis tombé à la rue, je suis parti pour Nantes, poursuit-il. J’ai peut-être une fierté mal placée, mais je ne voulais pas que des gens que j’avais connus me voient comme ça. » Son errance l’a amené à Saint-Nazaire, en Charente-Maritime… puis Bordeaux depuis le printemps 2023.

    Jusqu’à mi-décembre, il passait ses nuits à se faire tout petit dans le parking d’une entreprise de Bordeaux-Lac. « Plus ou moins » au sec, et surtout au calme. « C’était désert. Et puis, de l’armée, j’ai gardé la technique pour voir sans être vu. »

    Ce mardi soir, il partage une raclette avec les deux autres bénéficiaires et les bénévoles. Le gîte et le couvert leur sont assurés ici jusqu’à la fin de la trêve hivernale, le 31 mars. Pour assurer le quotidien, Axel, Sixtine et tous les autres recherchent des bénévoles. Mixtes pour préparer les plats et partager les repas. Masculins pour passer la nuit sur place avec les sans-abri. « Notre groupe WhatsApp recense déjà 109 personnes, mais nous manquons d’hommes. »

     




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