• « Elles traversent même la route » : en Gironde, les écrevisses de Louisiane ont colonisé marais et cours d’eau

    « Elles traversent même la route » : en Gironde, les écrevisses de Louisiane ont colonisé marais et cours d’eau

     

    « Elles traversent même la route » : en Gironde, les écrevisses de Louisiane ont colonisé marais et cours d’eau

     

    Les rivages et marais de la Leyre sont colonisés par des écrevisses de Louisiane. Une espèce invasive dont la prolifération induite par les effets du dérèglement climatique touche tout l’ouest de la France

    En vingt ans, Laurent Degrave assure n’avoir jamais vu ça. Technicien médiateur rivière au Parc naturel régional des Landes de Gascogne (PNRLG), il a ce lundi 15 juillet lancé l’alerte en publiant sur les réseaux sociaux des images de nasses remplies d’écrevisses. Toutes pêchées au bord de la Leyre, à Belin-Béliet.

    Laurent Degrave, technicien médiateur rivière au Parc naturel régional des Landes de Gascogne (PNRLG), tenant une des écrevisses de Louisiane qui prolifèrent actuellement aux abords de la Leyre, à Belin-Béliet.Laurent Degrave, technicien médiateur rivière au Parc naturel régional des Landes de Gascogne (PNRLG), tenant une des écrevisses de Louisiane qui prolifèrent actuellement aux abords de la Leyre, à Belin-Béliet.
    Sabine Menet/SO

    « L’espèce venue de Louisiane colonise massivement le territoire depuis les marais jusqu’aux fossés agricoles du plateau landais. Ces écrevisses traversent même les routes », retrace-t-il. L’explication tient selon lui à la très importante pluviométrie de ces derniers mois qui s’est conjuguée avec une douceur hivernale.

    « 1 400 mm de pluie sont tombés depuis le mois de septembre, plus il y a d’eau en surface, plus les écrevisses se développent. Sachant qu’une femelle adulte porte jusqu’à 600 œufs par an, les prédateurs naturels, loutre, brochet ou héron, n’ont pas le temps de réguler l’espèce », rajoute-t-il.

    Aux abords de la rivière et de ses marais, des cadavres d’écrevisses se trouvent au sol.Aux abords de la rivière et de ses marais, des cadavres d’écrevisses se trouvent au sol.
    Sabine Menet/SO
     

    Que faire ? Aller à la pêche

    La chaîne alimentaire est aussi perturbée en amont puisque les écrevisses de Louisiane se nourrissent durant leurs premiers jours de vie d’œufs de poisson ou d’amphibiens puis, à l’âge adulte, de végétaux.

    « Il y a bien eu des pontes de brochet sur les herbiers mais pas un seul brocheton n’est sorti de la zone d’étude du marais », poursuit le responsable en précisant que par le passé, le suivi a pu dénombrer plus de 600 brochetons.

    Cela peut amener à stériliser le milieu.
    Aux bords de la Leyre, Laurent Degrave pointe les herbiers qui disparaissent progressivement.Aux bords de la Leyre, Laurent Degrave pointe les herbiers qui disparaissent progressivement.
    Sabine Menet/SO

    Autre conséquence, la disparition des herbiers, qui se constate à l’assombrissement de l’eau de la Leyre. Ces plantes aquatiques sont chargées de relarguer de l’oxygène dans l’eau et les écrevisses les empêchent de remplir leur rôle.

    « Cela peut même mener à une stérilisation du milieu », annonce Laurent Degrave qui, de plus, alerte sur la fragilisation des digues. En effet, les écrevisses creusent des galeries pour s’abriter des prédateurs.

     

    Que faire alors ? « Aller à la pêche », répond-il en évoquant là un « geste écocitoyen, couplé à une activité sympathique à faire en famille. »

    Activité également gastronomique puisque les écrevisses sont surnommées les « homards d’eau douce ». Néanmoins, une fois pêchées, elles ne peuvent pas être transportées vivantes, c’est la loi. Une technique consiste à les châtrer, c’est-à-dire retirer leur tube digestif pour les acheminer en cuisine.

    Des croquettes comme appât

    Samedi, en l’espace de 2 h 30, Laurent Degrave a pêché 100 écrevisses dans un trou d’environ 20 m3. Pour cela, sa technique est simple : il utilise une nasse dans laquelle il se sert de croquettes pour chiens comme appât.

    Attachée par un fil nylon à une branche d’arbre, elle fait office de canne à pêche très efficace.

    Un appât dans une nasse reliée à un bout de bois : voilà la technique de pêche de Laurent Degrave.Un appât dans une nasse reliée à un bout de bois : voilà la technique de pêche de Laurent Degrave.
    Sabine Menet/SO

    Outre son appel au peuple et aux pêcheurs, il espère que les pouvoirs publics prendront également la mesure de ce phénomène qui, pour lui, n’a rien d’anodin.

    « Il traduit l’un des effets du dérèglement climatique…. Hé, vous avez remarqué qu’il n’y a plus de moustiques en ce moment au bord de la Leyre ? », lance-t-il. Leurs larves ont également fait les frais de la voracité des crustacés.

     

     
     
     
     
    « Métropole de Bordeaux : (un peu) moins de voitures en intra-rocade, plus de monde dans les bus, les trams et à véloParis 2024 : en escale à Léognan, une armée de Solex en route vers les Jeux olympiques »