Arrivée en 2008 sur le sol français, la famille tchétchène de Mohammed Mogouchkov – l’auteur de l’attaque mortelle au couteau d'un professeur – avait fait l’objet d’une tentative d’expulsion du territoire français en 2014. Tandis que l'un des frères de l'assaillant a été interpellé près d'un autre établissement de la ville, un troisième est actuellement emprisonné notamment pour des faits d'« association de malfaiteurs terroristes ».
Ce vendredi 13 octobre, un assaillant armé d'un couteau a tué un enseignant et blessé plusieurs personnes dans le lycée Gambetta-Carnot à Arras, dans le Pas-de-Calais. Derrière cette attaque, on retrouve un homme de 20 ans, fiché S et ancien élève de la cité scolaire : Mohammed Mogouchkov. Celui-ci, qui aurait crié « Allah Akbar » au moment des faits, faisait l'objet d'un suivi actif de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) depuis cet été – il était notamment sur écoute et faisait l'objet de surveillances physiques. Il avait même été contrôlé ce jeudi 12 octobre. L'un des frères de l'assaillant du lycée Gambetta Carnot, également fiché S, a été interpellé dans la matinée près d’un autre établissement de la ville, le lycée Savary.
Né en 2003, l'auteur de l'attaque est arrivé sur le sol français à l'âge de cinq ans avec ses parents et ses frères et sœurs. Une famille russe d'origine tchétchène, qui avait été poussée à quitter la fédération de Russie à cause de son adhésion au salafisme, selon La Voix du Nord. Depuis leur arrivée en France, les parents de Mohammed Mogouchkov multipliaient les procédures pour obtenir le statut de réfugié politique. Installée à Rennes, en Ille-et-Vilaine, la famille Mogouchkov avait failli être expulsée en 2014 après avoir été déboutée du droit d'asile.
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UNE TENTATIVE D'EXPULSION EN 2014
Comme Ouest-France l'avait relaté dans un article, le 18 février de cette même année, la famille avait été réveillée par la police aux frontières (PAF) pour se rendre à l'aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, où un avion avait été spécialement affrété afin de rejoindre Roissy. Là-bas les attendait un autre avion devant les amener à Moscou. Les parents avaient refusé de monter à bord de ce dernier : ils avaient donc été dirigés vers le centre de rétention administrative (CRA) de Mesnil-Amelot, en région parisienne.
Mais la mobilisation de plusieurs associations dont le Mrap, la Cimade et RESF (Réseau éducation sans frontières) – qui dénonçaient une tentative d’expulsion visant des enfants scolarisés et pointaient une « nouvelle affaire Leonarda » –, avait fait échouer l’opération. Sous la pression de ces dernières, les autorités préfectorales d'Ille-et-Vilaine avaient finalement décidé de remettre en liberté la famille Mogouchkov, alors assignée à résidence dans un foyer au sud de Rennes depuis plusieurs semaines, et de suspendre leur expulsion.
UN FRÈRE CONDAMNÉ POUR « APOLOGIE DU TERRORISME »
Ces dernières années, une autre affaire touchant directement la famille de l'assaillant avait été médiatisée. Movsar Mogouchkov, un des frères de l'auteur de l'attaque, avait été interpellé en 2019, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d'un projet d'attentat déjoué, puis de faits d'apologie du terrorisme. L'homme de 21 ans est actuellement emprisonné, indique une source proche des renseignements auprès de Marianne. Selon La Voix du Nordce dernier a été condamné à 18 mois pour « apologie du terrorisme », puis à cinq ans d'emprisonnement pour « association de malfaiteurs terroristes » et est actuellement incarcéré à la prison de la Santé, à Paris.
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Cet ancien boxeur russe avait relayé sur Twitter des contenus très violents, dont des assassinats et des bombardements, émanant notamment de Daech. Il administrait également une chaîne Telegram sur laquelle il publiait des vidéos de ce type. La cour avait alors estimé qu’il se livrait à de la propagande pour l’État islamique. Trois des ses co-accusés ont été condamnés pour la préparation d’un attentat à Paris en 2019, selon le quotidien du Nord.
UNE DÉRIVE DÉJÀ ANCIENNE
Ce dernier relevait aussi qu'entre deux recherches concernant le groupe islamiste Boko Haram, le téléphone de Movsar contenait également des chants islamiques au contenu sans équivoque : « Allons-y, égorgeons » ; « Mourir en martyr pour le califat » ou encore « L’État islamique est mon destin ».