Les radars bâchés, nouveau symbole de la colère agricole
Quelques jours avant la manifestation nationale, certains syndicats agricoles régionaux ont débuté leur mobilisation, en « végétalisant » des radars.
Le syndicat des Jeunes Agriculteurs de l'Eure a débuté ses actions en bâchant des radars.
Moins d'un an après une mobilisation historique des agriculteurs en France, qui s'était notamment traduite par des blocages d'autoroute, les syndicats agricoles appellent de nouveau à manifester, lundi 18 novembre. Ils protestent, entre autres, contre le projet d'accord de libre-échange Union européenne-Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay) qui permettrait d'ouvrir un peu plus le marché européen aux produits latino-américains.
De premières actions ont déjà eu lieu en France. Et cette fois, les agriculteurs ne se contentent pas de retourner les panneaux d'entrée ou de sortie des communes : c'est aux radars qu'ils s'en prennent.
Dans l'Eure, les actions ont débuté dans la nuit de vendredi à samedi. Baptisée « JA27 met l'État au vert », l'opération, coordonnée par le bureau départemental des Jeunes Agriculteurs, consistait à « végétaliser » plusieurs radars installés sur le bord de l'ancienne nationale 13, entre Évreux et Lisieux, relate La Dépêche Évreux. Entre trente et quarante radars ont été visés par les quelque 80 agriculteurs ayant participé à la mobilisation, poursuit France Bleu Normandie.
Cette action avait pour objectif de « dénoncer les contraintes environnementales toujours plus drastiques qui ont un coût énorme pour les exploitations françaises et sont un frein à la liberté d'entreprendre », a écrit le syndicat dans un communiqué.
Toucher le gouvernement au portefeuille
Une opération similaire a été menée dans le Doubs par une trentaine d'agriculteurs qui ont bâché une vingtaine de radars, rapporte France Bleu Belfort-Montbéliard. « L'idée est de mettre la pression financièrement sur le gouvernement, c'est là qu'on les touche », a déclaré sur l'antenne locale Nicolas Bongay, président du syndicat dans le Doubs et le Territoire de Belfort. « Qu'on fasse les zouaves ici ou là, ils s'en fichent pas mal, donc il faut vraiment que ça touche l'État directement. »
Dans l'Oise, les agriculteurs se sont mobilisés dès jeudi soir. Trente et un radars du département ont été bâchés cette nuit-là. Comme ses collègues, Linda Monnier, directrice de la FDSEA de l'Oise, dénonce l'accord déloyal avec le Mercosur. « On avait levé les barrages, convaincus que les choses allaient bouger, mais rien n'a avancé. […] Certaines mesures ont même été remises en cause. Maintenant, on veut du concret », affirme-t-elle à France 3 Hauts-de-France.
Les agriculteurs dénoncent une « concurrence déloyale » avec le Mercosur
De son côté, le gouvernement tente de calmer le jeu. Alors qu'Emmanuel Macron s'est rendu en Amérique latine pour plaider contre la possible signature de cet accord, Michel Barnier a redit son soutien aux agriculteurs. « Je ferai tout ce que je pourrai » et « toutes les promesses faites aux agriculteurs qui ont manifesté en début d'année seront respectées », a assuré le Premier ministre sur le réseau de radios locales France Bleu.
Les agriculteurs dénoncent une « concurrence déloyale », pointant du doigt les conditions d'élevage pratiquées en Amérique du Sud. « On parle de bœufs aux hormones, de poulets accélérateurs de croissance. […] L'Europe ne doit pas être une passoire et elle ne peut pas importer des produits qui ne respectent aucun de nos standards », dénonce Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. « On ne veut pas d'une agriculture qu'on se refuse à produire en Europe. »
Le ministère de l'Agriculture a précisé, de son côté, les modalités des prêts bonifiés, une demande pressante des organisations syndicales qui ont salué ces mesures tout en exigeant leur mise en place « urgente ».