• Transport ferroviaire : La Rochelle-Saintes-Bordeaux, « l’enfer » de la ligne 15

     

    Transport ferroviaire : La Rochelle-Saintes-Bordeaux, « l’enfer » de la ligne 15

    La ligne 15 entre La Rochelle et Bordeaux a convoyé 5 300 usagers par jour en 2023, un chiffre en baisse de 8 % en raison des suppressions à répétition. © Crédit photo : Ph. M.

    En 2023, la proportion de trains supprimés sur la ligne 15 a doublé. Des usagers ont exprimé leur ras-le-bol lors du comité de ligne. La Région et la SNCF pointent des conditions exceptionnelles et notent les efforts réalisés depuis

    « On vit un enfer. J’aimerais que vous en preniez conscience. » Philippe Hélis en a gros sur le cœur en prenant la parole, mardi 23 avril. Le comité de ligne, une instance annuelle de dialogue avec les usagers du TER, se tient à Pons, où réside cet enseignant. Chaque jour, il fait l’aller-retour pour Pessac, près de Bordeaux. « Depuis un an et demi, c’est une honte. On est traité comme n’importe quoi. Je perds tous mes espoirs dans le transport ferroviaire », gronde ce voyageur « pendulaire ».

    La ligne 15 est en souffrance. En 2023, la proportion de trains supprimés sur le trajet La Rochelle-Saintes-Bordeaux a atteint 17,8 %, contre 9,9 % en 2022. Dans 8,1 % des cas, la cause provenait des TER eux-mêmes ; dans 9,7 %, elle était extérieure.

    Le comité de ligne présentait aux usagers et aux élus la situation des lignes 15, 16 et 17.Le comité de ligne présentait aux usagers et aux élus la situation des lignes 15, 16 et 17.

    Philippe Ménard/SO
    Les trois derniers mois de 2023 ont été extrêmement éprouvants pour les usagers, terribles, parfois même choquants

    La SNCF détaille ainsi les motifs à l’échelle régionale en 2023 : 67 % des suppressions de trains étaient liées aux mouvements sociaux, en particulier les grèves contre la réforme des retraites ; 34,7 % à des incidents sur le réseau ; 11,5 %, à une problématique de personnel, avec 10 % de jeunes conducteurs à intégrer progressivement ; 12,3 % aux conséquences des intempéries (inondations, tempêtes) et à l’effondrement d’un talus près d’Angoulême. Certaines causes peuvent se combiner, d’où un total supérieur à 100 %.

    Un quart du parc cassé

    « Les trois derniers mois de 2023 ont été extrêmement éprouvants pour les usagers, terribles, parfois même choquants », reconnaît Renaud Lagrave. Le vice-président du Conseil régional en charge des transports et des mobilités met en avant les conséquences des intempéries qui ont généré de la casse sur un quart du parc. « On ne l’a peut-être pas dit assez fort, mais pour le ferroviaire, les trois tempêtes successives, c’est l’équivalent de la tempête de 1999. Cela fait des mois que l’on reproche à la SNCF une information qui n’est absolument pas à la hauteur. Heureusement, grâce au travail effectué, on a retrouvé une régularité. » Sur les trois premiers mois de 2024, le taux de suppression est descendu à 6,8 %.

    « On interpelle SNCF Réseaux très souvent sur cette ligne », assure René Lagrave, vice-président du Conseil régional en charge des mobilités.« On interpelle SNCF Réseaux très souvent sur cette ligne », assure René Lagrave, vice-président du Conseil régional en charge des mobilités.

    Philippe Ménard/SO

    « Les grosses difficultés datent de la rentrée 2022 », objecte Philippe Hélis. Selon lui, « les 7 % de trains supprimés, c’est ceux des « pendulaires », le premier du matin et celui du soir. » Il regrette aussi l’absence de TER desservant les petites villes comme Pons ou Montendre entre 16 h 56 et 18 h 56. Le créneau est occupé par les Intercités, qui dépendent directement de la SNCF, sans compatibilité entre les deux réseaux.

    Voyageur « pendulaire » entre Pons et Pessac, Philippe Hélis s’est fait le porte-parole d’usagers fatigués par les incertitudes pesant sur la ligne 15.Voyageur « pendulaire » entre Pons et Pessac, Philippe Hélis s’est fait le porte-parole d’usagers fatigués par les incertitudes pesant sur la ligne 15.

    Philippe Ménard/SO

     

    Rames surchargées

    Les usagers pointent aussi les rames prises d’assaut en arrivant en zone périurbaine. « On est conscient de tout ça. Aujourd’hui, on a 110 trains surchargés tous les jours. On vient de commander 18 rames. La bête est à 12 millions d’euros, quand même », répond Renaud Lagrave. Les représentants de SNCF Voyageurs notent scrupuleusement les plaintes. « On a des engagements, on est très surveillé sur ça. On regarde quotidiennement les causes pour les traiter. Vous avez raison, il faut traiter les trains malades. »

    « Vous avez raison, il faut traiter les trains malades », disent Jérôme Attou et Christian Feyssaguet, de SNCF Voyageurs.« Vous avez raison, il faut traiter les trains malades », disent Jérôme Attou et Christian Feyssaguet, de SNCF Voyageurs.

    Philippe Ménard/SOCes contre-performances n’empêchent pas la fréquentation de grimper. En 2023, la ligne 16 (Angoulême-Saintes-Royan) a enregistré 2 900 usagers par jour, soit 69 par train (+ 11%) ; la ligne 17 (Niort-Saintes), 700 usagers par jour soit 50 par train (+ 17%). Malgré une baisse de 8 %, la 15 reste très fréquentée avec 5 300 usagers par jour, 95 par train. L’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine affiche une progression de 5,5 % en 2023.
     

  • Métropole de Bordeaux : les tarifs des transports en commun vont augmenter de 3,6 %

    Métropole de Bordeaux : les tarifs des transports en commun vont augmenter de 3,6 %

     

    Les tarifs sur le réseau TBM vont être revus à la hausse à partir du 1er juillet. Les usagers les plus fragiles devraient être protégés grâce à la tarification solidaire

     
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    u 1er juillet, les tarifs des transports en commun sur le réseau TBM devraient connaître une hausse de 3,6 %. Le bureau de Bordeaux Métropole a statué ce jeudi 25 avril sur le montant de cette augmentation, qui devra être soumise au vote du conseil métropolitain au mois de juin.

    Cette augmentation du prix répond au coût d’un service qui va en s’étoffant. Il a connu l’été dernier la mise en place d’un nouveau réseau de bus, le déploiement d’un réseau Velo (ex-Vcub), l’extension de l’offre Bato (ex-Batcub) et surtout la mise en place d’un service de bus express (Saint-Aubin/gare Saint-Jean) l’été prochain, ainsi qu’une nouvelle ligne de bus qui empruntera le pont Simone-Veil (inauguré début juin). Sans compter l’entretien et le renouvellement du matériel roulant, notamment le tramway qui a fêté fin 2023 ses 20 ans.

    Plus 2 % pour les abonnés

    Concrètement, le ticket « un voyage » va passer de 1,80 euro à 1,90 euro. Le tarif « deux voyages » prend lui aussi 10 centimes en passant à 3,30 euros. Le carnet de 10 voyages coûtera 15 euros au 1er juillet, contre 14,50 euros actuellement. La hausse porte essentiellement sur les pass : celui de 24 heures passe de 5 à 6,50 euros, celui de sept jours de 14,20 euros à 17 euros. L’effort porte davantage sur les voyageurs occasionnels que sur les habitués, c’est-à-dire les abonnés pour qui la hausse est plafonnée à 2 %. Enfin, l’abonnement annuel jeune coûtera 40 centimes de plus chaque mois.

    Six scénarios d’augmentation tarifaire ont été échafaudés, c’est finalement la solution médiane qui a été retenue. Elle a reçu l’assentiment des trois groupes majoritaires. Cette hausse, qui sera reconduite à l’identique l’année prochaine, devrait rapporter 3,1 millions d’euros supplémentaires chaque année à Bordeaux Métropole. En 2023, les recettes de TBM se chiffraient à 87 millions d’euros.

    Tarification solidaire

    Les publics les plus fragiles ne seront pas concernés par cette évolution. En 2021, la Métropole a mis en place une tarification solidaire dont les critères ont été élargis. 83 000 usagers en bénéficient (comparativement aux 235 000 abonnés TBM), dont 25 000 jeunes de moins de 25 ans. Parmi ces 83 000 usagers solidaires, 80 % bénéficient de la gratuité totale des transports.Dans le contrat de délégation de service public qui lie la Métropole et Keolis, l’exploitant du réseau TBM, les hausses de tarifs font partie des clauses et sont régulièrement appliquées. Les usagers ont tendance à l’oublier puisque entre 2019 et 2022, les tarifs avaient été gelés en raison de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Ils ont été augmentés en juillet dernier (3,2 %). Et ils le seront en juillet prochain, afin de compenser la dégradation du ratio recettes/dépenses de la délégation de service public. Il était de 34 % en 2019 et 28 % en 2023. Le reste à charge de la Métropole s’accroît donc fortement : il est passé de 175 millions d’euros en 2022 à 219 millions en 2023.





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