• ARN messager : les coulisses d’une révolution vaccinale

    ARN messager : les coulisses d’une révolution vaccinale

    Des déceptions au Prix Nobel : dans le documentaire "Les aventuriers de l’ARN messager" diffusé ce samedi sur Arte, les journalistes Fabrice Delaye et Raphaël Hitier racontent cette épopée scientifique.

     

     

    L'ARN messager, une révolution pour la médecine

     

    C’est l’histoire d’une rencontre, un peu fortuite, à la photocopieuse de l’université de Pennsylvanie, entre deux chercheurs que tout oppose. Nous sommes dans les années 1990. Katalin Karikó fanfaronne, devant un inconnu à l’air sévère, en blouse blanche. La biochimiste hongro-américaine lui parle des remèdes qu’elle tente de créer dans son laboratoire, en détournant les molécules qui dictent à nos cellules ce qu’elles doivent faire. Son compagnon de polycopie lui rétorque, qu’un jour, il vaincra le sida.

    De ce match raconté dans le documentaire Les aventuriers de l’ARN messager, diffusé ce samedi, à 22h20 sur Arte, naîtra, trente ans plus tard, l’une des découvertes du siècle, la solution contre l’une des pires pandémies contemporaines. L’inconnu à la photocopie n’est d’autre que l’immunologiste américain Drew Weissman ; le duo a permis l’invention du vaccin contre le Covid-19 et vient de recevoir le prix Nobel de médecine, ce lundi 2 octobre.Nourri par l’ouvrage de référence La révolution de l’ARN messager, vaccins et nouvelles thérapie (Odile Jacob) du journaliste Fabrice Delaye, Les aventuriers de l’ARN messager restitue les hasards, les combats, et l’abnégation des hommes et des femmes qui ont participé à cette révolution scientifique. De la maîtrise de l’ARN messager, une technologie longtemps boudée par Big Pharma, naissent désormais les espoirs les plus fous, du vaccin contre le cancer à la thérapie personnalisée, disponible en quelques minutes, efficace contre n’importe quelle maladie.

    Des chercheurs qui déambulent façon Top Gun

    Ce long métrage de 1h30 réalisé par Raphaël Hitier - ancien technicien de l’ARN - déjoue le piège du récit industriel aseptisé. On y croise des chercheurs austères dans des couloirs grisâtres qui déambulent façon Maverick dans Top Gun, sur du rock’n’roll, avant d’entrer dans les détails techniques, rendus fascinants grâce aux illustrations acidulées du collectif Les Astronautes. On apprivoise aussi les déçus de l’histoire, comme l’Américain Robert Malone, premier à utiliser l’ARN messager sur la souris, devenu vaccino-sceptique et désormais proche des populistes.

    Drew Weissman a reçu avec Katalin Karikó le prix Nobel de médecine ce lundi pour ses travaux sur l'ARN messager qui ont notamment conduit à la fabrication du vaccin contre le Covid-19Drew Weissman a reçu avec Katalin Karikó le prix Nobel de médecine ce lundi pour ses travaux sur l'ARN messager qui ont notamment conduit à la fabrication du vaccin contre le Covid-19

    Drew Weissman a reçu avec Katalin Karikó le prix Nobel de médecine ce lundi pour ses travaux sur l'ARN messager qui ont notamment conduit à la fabrication du vaccin contre le Covid-19

     © / Découpages

    L’épopée de l’ARN messager est faite d’embûches, de ratés, de frustrations : beaucoup de chercheurs se sont vu refuser leur financement, malgré des découvertes prometteuses. Car jusqu’à la fin des années 2000, l’ARN était considérée comme trop fragile pour permettre des applications industrielles. Ce brin d’acide, qui sert de mot d’ordre à l’activité cellulaire, se casse très facilement. En 1993, les Français Frédéric Martinon et Pierre Meulien démontraient déjà qu’il était possible de vacciner avec ces molécules, sans pour autant décrocher de financement.les deux Nobels 2023 ont, eux, dû patienter des années avant d’obtenir les capsules nécessaires pour acheminer l’ARN dans le corps. Sans elles, impossible de démontrer qu’ils avaient compris comment stopper la terrible réaction inflammatoire que déclenchaient les prototypes de vaccins de l’époque, dernier frein à leur usage. A l’avant-première parisienne du film, Steve Pascolo, autre Français pionnier de l’ARN, rappelle que sa start-up, Curevac, était elle aussi très avancée, avant d’échouer face à Moderna et Pfizer. Ce sont tous ces vécus que raconte le documentaire, rendant son humanité à la conquête scientifique.

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