Ayant travaillé dans la plupart des facettes de l’industrie du divertissement depuis 1974, d’une simple assistante de production au sommet du siège de NBCUniversal à 30 Rock, je reconnais que les problèmes d’aujourd’hui sont réels. Mais je pense aussi que de nombreux experts en management les ont mal identifiés. Le vrai problème est que trop d’entre nous, jeunes et moins jeunes, ont appris des mensonges au sujet de ce qu’il faut faire pour réussir au travail — et pas assez de vérités. Tous ces aphorismes brillants et lumineux que l’on fait avaler aux jeunes employés, comme « suivez vos rêves » et « sachez ce que vous valez », et bien d’autres encore ? La vérité, c’est qu’ils ne fonctionnent pas vraiment au travail.

« Suivez vos rêves » est un slogan qui apparaît dans beaucoup de discours de cérémonie de diplômes, mais professionnellement, il s’agit d’un très mauvais conseil. Les Américains sont nourris dès le plus jeune âge avec des rêves, à travers des contes de fées ou des superhéros. Les chaînes de télévision sont parvenues à vendre du rêve avec succès, mais demandez à n’importe quel avocat qui facture ses heures si son travail ressemble d’une quelconque façon à la série Suits.

>>INSCRIVEZ-VOUS A LA NEWSLETTER GENERATION XO (c’est gratuit)

La vérité est que les rêves professionnels nous imposent des limites, en particulier en début de carrière. Lorsque nous entrons sur le marché du travail avec la conviction que nous savons déjà ce que nous voulons faire dans un domaine spécifique et que nous nous y engageons à tout prix, nous disons, en substance, qu’il nous reste très peu de choses à apprendre, à découvrir ou à réaliser. Que rien d’autre ne pourrait nous rendre heureux ou nous combler. Mais nous ne pouvons pas rêver de ce que nous ne connaissons pas, et le monde de l’inconnu est en pleine expansion. Selon le Forum économique mondial, environ un quart des emplois pourraient être « perturbés » au cours des cinq prochaines années. Ce niveau de changement nous oblige (à tous les stades de notre carrière) à être plus ouverts aux nouvelles options, et non moins. Même les itinéraires dits sûrs ne le sont peut-être pas tant que cela.

Depuis des années, les dirigeants d’entreprises technologiques répètent aux étudiants qu’apprendre à coder est un gage de résilience économique. Des pressions ont été exercées pour que le codage devienne une condition d’obtention du diplôme de fin d'études aux Etats-Unis. Mais, en février, le PDG du géant de l’IA Nvidia a déclaré que la programmation et le codage n'étaient plus des compétences essentielles, que l’IA s’en chargerait et que les humains devraient se concentrer sur le développement d’une expertise dans des domaines tels que la biologie, l'éducation, la fabrication et l’agriculture.

Vous pensez qu’il exagère ? Pensez à Blockbuster. A la fin des années 1990, la chaîne de locations de DVDs était évaluée à trois milliards de dollars, dominait le marché et employait 84 000 personnes. L’entreprise avait raison de penser que les Américains voulaient regarder des films depuis le confort de leur salon, mais elle a échoué à se rendre compte qu’ils voulaient également que ces films leur soient livrés. Voici un véritable conseil : ne suivez pas vos rêves, mais les bonnes occasions. Au début de ma carrière à la télévision, j’ai accepté deux postes pour lesquels je n’avais aucun intérêt : gérer le budget d’une série documentaire et maîtriser la « nouvelle » technologie des CDs. Le premier m’a permis d’apprendre les questions économiques du secteur audiovisuel, le second ses changements technologiques rapides.

02/02/2024

carrière

 

Le secret pour atteindre vos objectifs ? Accepter les dérapages

Voici des stratégies pour tenir nos résolutions du Nouvel An

En développant mes connaissances et mon goût pour tous les aspects du secteur, j’ai pris conscience que chaque service était à l’origine du succès d’une émission — pas que les postes les plus glamours. Lorsque je suis entrée en management, supervisant plus tard plusieurs chaînes, j'étais bien mieux préparée que mes pairs qui avaient des expériences limitées. Oui, nous bénéficions tous d’objectifs et de rêves, mais la clé est de savoir faire la différence entre avoir des rêves et laisser les rêves nous posséder. Saisir des opportunités a plus de chances de nous conduire à de nouvelles compétences, à de nouveaux contacts et à de nouvelles personnes. Même si l’expérience ne se déroule pas exactement comme nous l’avions prévu, nous en tirons des enseignements. Et en cours de route, elles nous permettent de développer de nouvelles et meilleures idées de ce à quoi pourraient ressembler nos rêves professionnels plus réfléchis. Après tout, combien de nos premiers rêves sont réellement les nôtres, et non ceux des autres ?

Cette vérité sur le fait de « suivre ses rêves » met en lumière un autre mensonge et une autre vérité : on peut nous dire « connaissez votre valeur », mais la vérité est que vous devez « développer votre valeur ». Ce mantra de nombreux coachs de vie dit que vous ne devriez jamais vous contenter de quelque chose inférieur à ce que vous pensez mériter. Mais si nous méritons d’avoir de bons amis, de bons partenaires — et même des canalisations de douche débouchées dans notre premier appartement, en tant que jeunes gens au début de leur carrière, la plupart d’entre nous ne valent pas grand-chose, et nous devons nous attendre à être traités de la sorte.

En effet, le slogan « connaissez votre valeur » confond nos valeurs professionnelle et personnelle. J’ai vu de nombreux salariés débutants ou en début de carrière se fourvoyer lorsque leur estime de soi, par ailleurs enviable, s’est manifestée sous la forme d’un droit. Au lieu de vouloir être traités avec décence et équité, ils s’attendaient à accéder rapidement à des postes et à des salaires plus élevés. Ma génération a certainement sa part de responsabilité. Nous avons créé des trophées de participation pour les enfants, ce qui a fait de la réussite et de l'échec des synonymes. À mesure que ces enfants grandissaient, nous leur avons proposé des reports d’inscription à l’université, des listes d’attente pour retarder l’annonce des mauvaises nouvelles, ainsi que des avertissements et des « safe spaces », même si nous savons que le monde réel est souvent à la fois inconfortable et offensant — et que les mauvaises nouvelles circulent généralement plus vite que les bonnes.

>>INSCRIVEZ-VOUS A LA NEWSLETTER GENERATION XO (c’est gratuit)

Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de jeunes travailleurs se sentent trahis — ou s’ennuient — lorsque nous leur confions des tâches qui ne les inspirent pas ou ne leur paraissent pas utiles. Nous leur avons appris qu’ils pouvaient aspirer à n’importe quoi, et maintenant ils sont forcés d’organiser des réunions Zoom ou d’aller faire des cafés.

Mais voici la vérité : si vous êtes tous nés avec une valeur personnelle, nous devons gagner notre estime professionnelle. Peu importe vos résultats académiques, vos stages ou votre dernier emploi : lorsque vous rejoignez une entreprise, vous recommencez à zéro. Lorsque nos carrières commencent, nous faisons souvent des travaux subalternes, des missions peu excitantes et des tâches sans intérêt que nous pourrions considérer comme indignes de nous. Mais il faut bien que quelqu’un s’en charge. Pourquoi ne serait-ce pas nous ? Au travail, les gens ne connaîtront votre valeur que lorsqu’ils verront votre travail. Cela demande du temps, des efforts et de la constance. Ce n’est pas fondé sur votre potentiel ou des promesses, mais sur vos résultats.

05/04/2024

carrière

 

Comment devenir chanceux et réussir professionnellement

Les malchanceux ne saisissent pas les opportunités qu'ils ont devant eux. Ne faites pas cette erreur

J’ai appris ma « valeur sur le lieu de travail » dès la fin de mes études supérieures, lorsque j’ai été engagée comme assistante de production pour une émission de télévision pour enfants à Boston. Chaque assistant de production se voyait attribuer un acteur, et en tant qu’employée la moins expérimentée, mon acteur était Winston, un chien de berger anglais. Ma principale responsabilité était de le suivre sur le plateau avec un ramasse-crottes. J’avais deux diplômes universitaires. Winston, quant à lui, était un véritable pistonné, le précieux animal de compagnie non dressé de l’un des producteurs de l'émission. De plus, en tant que star de l'émission, Winston rapportait plus que moi.

Mais si j’ai souvent eu l’impression que travailler pour Winston était indigne de moi, je ne l’ai jamais montré. J’ai agi comme si je préparais un diplôme de garde d’animaux de compagnie et que chaque ramassage de crottes était une occasion d’obtenir un crédit supplémentaire. Mon travail et mon attitude ont payé. Lorsqu’un poste de producteur associé s’est ouvert, j’ai été promue. J’ai suivi une stratégie similaire durant la majeure partie de mon début de carrière. Si je voulais être un atout précieux pour mes collègues et mes patrons, je savais que je devais apporter une valeur ajoutée concrète à leurs journées en étant présente, en restant tard et en faisant tout ce qui devait être fait.

Il faut donc peut-être mettre de côté le mythe actuel selon lequel la refonte du lieu de travail déclenchera une vague de réussites professionnelles. Au lieu de cela, il est peut-être temps de prendre une bonne dose de vérité. Pour les jeunes employés qui veulent se sentir « impliqués » dans l’entreprise, il faut d’abord s’impliquer dans son travail. Au bureau, notre valeur est déterminée, non pas par ce que nous ressentons, mais par ce que nous faisons.

Si vous voulez que quelqu’un s’intéresse à vous au travail, occupez-vous d’abord d’eux. Le meilleur moyen de se faire entendre ? Prouvez par vos actions et vos accomplissements que vous êtes quelqu’un qui mérite d'être écouté. Avec le recul, je constate que si j’ai pu gravir les échelons, c’est parce que j’ai commencé tout en bas de l'échelle. Non seulement ce point de départ m’a permis de comprendre le monde de la télévision et du divertissement, mais il m’a aussi permis d'éprouver de l’empathie et de l’estime pour les personnes qui font aujourd’hui mon ancien travail.

Que vous débutiez ou recommenciez votre vie professionnelle, abandonner les clichés du monde du travail et apprendre quelques vérités sous-estimées pourrait vous permettre de décrocher un emploi de rêve, bien au-delà de vos fantasmes les plus fous de votre vingtaine.

Traduit à partir de la version originale en anglais par Lola Ovarlez