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Gisèle Halimi : le féminisme n’est pas compatible avec le voile
Gisèle Halimi : le féminisme n’est pas compatible avec le voile
La semaine dernière, cette figure du féminisme est morte à 93 ans. Elle s’était distinguée il y a 31 ans par une opposition aussi ferme que calme et positive contre le port du voile à l’école, ce qui l’avait poussé à quitter SOS Racisme, alors trop complaisant avec des comportements incompatibles avec notre vision de la société. Ses propos sonnent toujours aussi justes aujourd’hui.
« Le voile est un apartheid »
Comme le note Sonia Mabrouk, cette vidéo de 1989 est absolument remarquable. Elle y démontre que le féminisme n’est pas compatible avec l’islamisme et pose bien la question du port du voile dans notre société. En 1989, la question qui se posait était celle du port du voile à l’école, question a fait débat et a été tranchée définitivement qu’en 2004, en refusant la conception communautariste des anglo-saxons. L’attitude de SOS Racisme l’avait alors poussé à quitter l’association. Fidèle à une ligne républicaine, elle pointait que le tchador « est d’abord un emblème religieux. Cela, c’est une atteinte à la laïcité (…) Quand il s’agit de l’école, (…) c’est qu’on laisse au vestiaire (…) ses emblèmes religieux parce qu’il faut arriver avec une certaine disponibilité pour la différence et l’échange ».
Mais surtout, pour elle, un tchador remettait en cause la dignité de la femme : « tout de même, ce tchador, c’est pour la femme, pas pour l’homme (…) Le tchador, ce n’est pas seulement religieux, c’est politique, ne nous y trompons guère et c’est surtout le symbole de la soumission et de l’inferiorisation de la femme ». Elle regrettait aussi l’absence de prise de parole de SOS Racisme sur la défense des droits des femmes, remis en cause par des pratiques étrangères à notre république, comme la polygamie ou la répudiation. Elle voyait dans le port du voile des filles « sous le joug patriarcal, du pater familia des tribus arabes qui est fort, et je sais de quoi je parle car je suis d’origine tunisienne, et elles se sont réveillées sous le joug de ces pères manipulés par des fanatiques religieux musulmans ».
De manière très intéressante, elle dénonce calmement mais fermement les éléments de langage des communautaristes qui parlent d’interdiction de fréquenter l’établissement. Pour elle, « la loi française rend l’enseignement obligatoire de 6 ans à 16 ans. L’étranger est soumis à cette loi ». Il n’y a donc pas d’interdiction de fréquentation, il y a au contraire une obligation de scolarisation, qui implique également de respecter les autres règles de notre République. Il faut souligner en outre que sa parole est d’autant plus forte que les communautaristes n’ont guère de prise contre elle, féministe, de gauche, venant du Maghreb, ce qui rend inopérantes la plupart de leurs arguments.
Cela fait quelques années maintenant que je pense que le voile n’a pas sa place dans notre République. Plus encore que la laïcité, qui est sans doute une raison suffisante pour s’y opposer, c’est surtout la question de la condition féminine qui s’oppose à son port, comme le notait un vieil article de Libération. Le voile, ce n’est ni la liberté, ni l’égalité, ni la fraternité. Ce n’est pas la France.
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