• La société inclusive

    Aujourd’hui, on parle partout de la société inclusive. La formule exprime le rêve d’un monde où personne ne serait exclu, où les différences pourraient se fondre dans une harmonie supérieure. Mais un tel projet est-il vraiment réalisable ? Surtout, est-il vraiment souhaitable, à la lumière des aspirations profondes de chacun et des grandes vérités métaphysiques ?

      Je discutais l’autre jour avec un ami qui travaille pour les services culturels d’une grande ville de France. « De nos jours, me dit-il, on ne parle que de "société inclusive". Il s’agit d’organiser de grandes manifestations afin de réunir le plus de gens possible, sans discrimination aucune, autour de grands thèmes culturels fédérateurs. Il y a la Nuit de la lecture, la Nuit des musées, la Nuit des idées, la Nuit blanche, etc. Je passe ma vie à ça, et surtout mes nuits. Le but est de casser l’isolement, les déterminismes sociaux, et de ne faire qu’un, autour des valeurs de partage, de solidarité, mais aussi de plaisir et de fête. Très bien. Mais, si l’on creuse un peu, que nous disent les textes sacrés à propos de la société inclusive ? La Grande Fusion est-elle inscrite dans les messages spirituels que nous a légué l’histoire ? Voyons un peu. Que dit l’Ancien Testament ?

    « Lorsque Yahvé ton Dieu t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, des nations nombreuses tomberont contre toi. Tu les voueras à l’anathème. Tu ne concluras pas d’alliance avec elles, tu ne leur feras pas grâce. Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. Mais voici comment vous devrez agir à leur égard : vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs stèles, vous couperez leurs pieux sacrés et vous brûlerez leurs idoles. Car tu es un peuple consacré à Yahvé ton Dieu. » (Deutéronome, 7, 1-6).

     Que dit l’Évangile ?

    « Et aussitôt il obligea les disciples à monter dans la barque et à le devancer sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Et quand il eut renvoyé les foules, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. » (Matthieu, 14, 22).

     Que dit Gotama ?

    « Mieux vaut vivre dans la solitude :

     

    Il n’y a point de société avec les sots.

     

    En solitaire on doit mener sa vie,

     

    Sans faire le mal, loin des soucis,

     

    Comme l’éléphant dans sa forêt. » (Dhammapada, 330).

     

     Il semble que la société inclusive n’ait pas représenté pour nos Pères l’idéal de civilisation que l’on nous vante souvent. Et lorsque je sonde mon cœur, je n’y trouve aucune appétence, je dois le dire, pour les grandes réunions festives et conviviales. J’aspire plutôt à la tranquillité, et à poursuivre ma propre voie. Cela me paraît être un désir naturel. Je ne dois pas être construit de la même manière qu’Anne Hidalgo ou Jack Lang. Je suis plutôt comme Conan le Barbare ou Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone, je souhaite rester mutique, tracer ma route sans faire le mal, mais sans me mêler de la vie des autres, de leurs peines ou de leurs joies. Il me semble que tout le monde est comme cela, et cette injonction à s’insérer coûte que coûte dans la société inclusive, en culpabilisant les aspirations à la solitude, me paraît profondément anxiogène, en plus d’être illusoire. Ce n’est pas là le dessein de Dieu pour l’homme. Voilà pourquoi les gilets jaunes, par exemple, sont voués à une immense déception : la grande fusion orgasmique de la société et des hommes qui sous-tend toutes leurs actions n’aura jamais lieu, tout simplement parce que le dessein de Dieu pour l’homme n’est pas la fusion, mais bien la séparation. « Ma religion n’est point la vôtre. Vous avez votre croyance et moi la mienne. » (Coran, 109, 5).

     

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