• Nouvelle unité addictologie à l’hôpital de Cadillac : « la maladie va être mise en rémission totale via notre soutien »

    Nouvelle unité addictologie à l’hôpital de Cadillac : « la maladie va être mise en rémission totale via notre soutien »

     

    Nouvelle unité addictologie à l’hôpital de Cadillac : « la maladie va être mise en rémission totale via notre soutien »

     

    Une nouvelle unité addictologie vient d’ouvrir ses portes au sein de l’hôpital psychiatrique de Cadillac, avec à sa tête le docteur Christelle Donon, qui prône une approche psychique pour aider le cerveau à se détourner de l’envie irrépressible de consommer des substances

    Une nouvelle porte vient de s’ouvrir en Sud-Gironde pour soigner les personnes souffrant d’addictions. Une porte d’où les malades peuvent entrevoir l’espoir d’une guérison. Tabac, alcool, drogues, sexe, écran, travail, alimentation ou même sport : l’addiction recouvre de nombreuses dépendances toxiques désormais prises en charge par le nouvel hôpital de jour en addictologie implanté dans les murs du centre hospitalier psychiatrique de Cadillac.

    Ouverte depuis le mois de décembre dans l’ancien bâtiment de l’unité Régnier, le service est dirigée par la psychiatre addictologue Christelle Donon et bénéficie de financements directs de l’hôpital de Cadillac et de l’Agence régionale de santé.

    « La vision très ancienne de l’addiction comme maladie avec laquelle on avait déjà un pied dans la tombe, ce n’est plus d’actualité »

    L’équipe du docteur Donon compte un psychologue et une quinzaine d’infirmiers formés aux nouvelles pratiques de traitement de l’addictologie. « Mon objectif depuis le début a été de construire une équipe extrêmement formée et compétente », souligne la psychiatre. Des recrutements de psychologues, d’éducateurs et de psychomotriciens sont en cours pour permettre à la filière de tourner à plein régime à partir du mois de mars, avec neuf demi-journées par semaine.

    Une approche psychothérapeutique

    « La vision très ancienne de l’addiction comme maladie avec laquelle on avait déjà un pied dans la tombe, ce n’est plus d’actualité. Cette maladie, on sait désormais la traiter extrêmement efficacement », assure le docteur Donon. Formée par le professeur d’addictologie de la faculté de médecine de Bordeaux, le psychiatre Marc Auriacombe, reconnu dans le monde pour « ses travaux révolutionnaires » sur l’approche et la prise en charge de l’addictologie, Christelle Donon prône une approche psychothérapeutique pour se détacher des démons de la dépendance.

    « On dispose de traitements médicamenteux pour l’alcool, les opiacés et le tabac, mais globalement, ce qui est révolutionnaire, c’est la prise en charge psychothérapeutique, c’est-à-dire non médicamenteuse. Le professeur Auriacombe a démontré en 2016 que l’envie de consommer, cette envie irrépressible qui ne dépend pas du contexte et qui nous oblige à consommer alors que l’on ne voudrait pas, peut être évitée grâce à la mise en place d’un travail psychique de diversion, afin de permettre au cerveau de ne pas se focaliser sur cette envie. Pour faire simple, l’addiction est une dérégulation cérébrale d’une partie du cerveau qui contrôle l’usage des objets de plaisir. »

    Stratégies de diversion

    « Les déclencheurs » de cette envie irrépressible, comme l’odeur de la cigarette pour un fumeur, peuvent être communs ou spécifiques à chaque patient. « Le fait d’inventorier ces déclencheurs permet de mettre en place des stratégies d’évitement ou de diversion adaptées à chacun. Aujourd’hui, on a démontré que l’efficacité de cette stratégie est bien plus efficace que les traitements antidépresseurs. On n’est plus du tout dans le paradigme de maladies dont on va mourir. On est dans une prise en charge pour laquelle la maladie va être mise en rémission totale via notre soutien. »

    En plus des consultations individuelles, les patients de l’hôpital de jour participent à de nombreuses activités en groupe, à la fois ludiques, didactiques et motivantes. Des quiz permettent ainsi de repérer les représentations fausses par rapport aux substances. « Le crack, par exemple, qui est de la cocaïne fumée, est une substance extrêmement addictogène et dangereuse dont les patients ne se méfient pas assez. » L’atelier de confection de cocktail sans alcool permet de mettre en place une stratégie de diversion pour apprendre à passer un moment festif sans boire d’alcool. « L’objectif de notre hôpital de jour est de réapprendre un quotidien sans consommation de substance, mais avec tout autant de plaisir et sans les dommages. »

    Contact unité d’addictologie de Cadillac : 05 56 76 51 01, addictologie@ch-cadillac.fr

    « Le crack en pleine montée »

    Faibles niveaux de revenus et d’accès à l’emploi et à la formation, précarité, « ces déterminants bien connus en Sud Gironde et dans l’Entre-deux-Mers que l’on retrouve dans le Médoc poussent à la pathologie mentale, à la dépression, à la précarisation et donc aux addictions », rappelle le docteur Christelle Donon. Au niveau des substances consommées, « le crack est aujourd’hui en pleine montée en Sud-Gironde alors que le territoire est déjà extrêmement consommateur de cocaïne ». En douze ans de pratique à l’hôpital de Cadillac, l’addictologue a pu constater aussi « une explosion des addictions comportementales », c’est-à-dire sans substance. Et de lister les addictions aux écrans, aux jeux, au sport, au sexe ou encore au travail.
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