• Aujourd’hui on a cessé de croire à la mondialisation pour de mauvaises raisons : on croit qu’il n’y en a plus assez pour tout le monde, et que c’est parce que nous sommes trop nombreux. Alors qu’en réalité c’est le capitalisme qui crée la rareté des ressources disponibles. Nous avons longtemps cru que le marché allait permettre au monde de n’être qu’une seule et même entité dirigée par ses lois, mais aujourd’hui nous sommes prêts à nous battre jusqu’à la dernière goutte d’eau potable pour éviter au voisin, « l’étranger », de la boire à notre place. C’est le retour aux conflits pour les ressources.

    Il n’y a que trois façons de régler le problème : celle actuelle qui consiste à ne rien changer, à faire comme on fait avec la crise économique : on planque tout ce qu’on peut sous le tapis sans rien changer vraiment, et on espère que çe n’est pas sur nous que tout va s’écrouler.

    Il y a la décroissance, qui consiste à faire équitablement avec ce que l’on a, en espérant que cela suffise pour tenir assez longtemps sans catastrophe majeure, que les ressources reviennent…

    Et puis il y a la colonisation d’autres planètes, sur lesquelles l’Humanité pourrait au choix survivre ou se développer. Cette option vous fait faire un bond dans votre esprit mais à moins que de s’asseoir sur l’avenir de l’Humanité c’est un futur qu’il faudra bien envisager un jour.

    Les deux premières options sont déjà fort bien décrites et théorisées, mais la dernière nous plonge dans l’inconnu : les voyages interstellaires sont une option qu’actuellement il est véritablement très difficile de concevoir : on se retrouve face à l’Univers et son infini. Infini qui s’oppose à la finitude de notre planète.

    Mais quoi qu’on en dise aujourd’hui et malgré les millions de planètes qui existent sans pouvoir nous recevoir il en est quelques milliers qui doivent bien pouvoir convenir : à quoi servirait un Univers infini si c’est pour y circonscrire la vie (ou sa possibilité) à la finitude de notre planète Terre ?

    Et à partir du moment où l’Homme existe, que l’Univers existe et qu’il nous offre des perspectives infinies de développement (que ce soit en nombre ou en temps), alors il nous faut nous développer et croître, ne serait-ce que pour cette bonne raison : si l’Homme disparaît, alors l’instant d’après la mort du dernier l’Univers disparaîtra lui-aussi tout entier.

    On peut toujours dire que l’Homme est une espèce destructrice et envahissante, mais c’est quand même la seule qui puisse témoigner non seulement de sa propre existence, mais aussi et surtout de l’existence de l’Univers tout entier. Si l’Humanité disparaissait, qui pourra dire qu’Il existe ?

    De toutes les manières, que ce soit dans 100 ans ou dans 1000 ans, il faudra bien un jour partir, car notre Terre a, contrairement à l’Univers, des limites. Si toutefois nous n’avons pas tout foutu en l’air avant.

    Mais cela ne signifie pas pour autant que la fin de l’espèce est pour demain, ni que la démographie soit un véritable problème : la Nature s’adapte à toutes les situations. Et qu’on le veuille ou non nous en faisons encore partie.

    Quoiqu’il en soit, la théorie selon laquelle la démographie va nous asphyxier est totalement impossible : soit le taux de natalité chutera, soit la mortalité augmentera : il y aura les guerres, les famines, les nouvelles maladies, et les catastrophes naturelles.

    Cela ne signifie pas non plus que la guerre est la seule solution -et heureusement !

    Mais qui a lu Asimov ne peut plus voir les choses comme cela. Après les guerres et les famines la Vie reprendra ses droits. Même si justement nous ne sommes plus que quelques uns, nous repartirons. La Terre, comme l’Homme, a encore bien des ressources (chaque année nous produisons plus que nous ne pouvons consommer collectivement), et si nous parvenions à nous séparer des contraintes relatives au capitalisme, il ne fait aucun doute que l’écologie deviendrait rapidement compatible avec une production propre et sans déchet, accessible à tous.

    Et puis il y a les 3 dimensions. Sous la mer, sur terre et dans les airs. Toutes les possibilités techniques d’aménagement et de production sont loin d’avoir été explorées.

    Enfin il y a la technologie. Pour peu qu’elle ne soit pas dirigée à des fins mercantiles, on peut rêver un jour d’atteindre la Singularité.

    Il ne faut d’ailleurs pas se tromper sur ce que cela signifie : à un moment donné des découvertes scientifiques, l’Homme atteindra une limite à partir de laquelle son intelligence ne sera plus à la hauteur des possibilités de l’Intelligence Artificielle.

    Il lui faudra alors soit se modifier pour améliorer ses propres performances (c’est le transhumanisme), soit se résigner à laisser à l’IA des instructions (comme trouver le moyen d’effectuer des voyages interstellaires ?) qu’elle se chargera ensuite d’accomplir de la manière qui lui semblera la plus appropriée.

    A ce moment l’IA pourrait très bien expliquer comment elle a résolu, par exemple, le problème de la matière noire ; mais il faudrait plus d’une vie de savant pour le comprendre.

    Tout cela pour dire que si on laisse la chance aux Hommes de prendre leur destin en main, tout n’est peut-être pas perdu. Il se peut qu’en une génération, par une seule découverte, de nouvelles perspectives nous permettent de compenser les comportements totalement suicidaires de notre « collectif ».

    Sinon, nous serons la génération qui aura permis à l’Humanité (et à l’Univers donc) de disparaître à jamais dans le néant.

    Caleb Irri
    http://calebirri.unblog.fr

     


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    La mode est à la dénonciation des “fake news” (ça se dit fausses nouvelles en français, mais dit en anglais ça fait sérieux), qui auraient envahi l’Internet et les réseaux sociaux. La presse et la télé prétendent avoir découvert la chose et alertent contre un tsunami de mensonges. Mais au fait, qui sont ceux qui publient des fausses nouvelles ?

    La mode est à la dénonciation des “fake news” (ce qui se dit fausses nouvelles en français, mais fake news ça fait nouveau et plus sérieux parce que c’est en anglais !), qui auraient envahi l’Internet et les réseaux sociaux. La presse et la télé prétendent avoir découvert la chose et ils nous alertent contre ce nouveau cataclysme. Mais rappelons une évidence : les fausses nouvelles existaient déjà, bien avant l’existence des réseaux sociaux. Et c’est justement la presse qui les publiait !!! “Quand on veut grimper au cocotier, il faut avoir le cul propre !” dit un proverbe antillais… C’est pourquoi depuis des lustres, dans la langue du journalisme, on appelle canard un bobard présenté avec un air de vérité, assorti parfois de dissertations historiques ou scientifiques pour enjoliver la tromperie. Entré dans le langage courant, “canard” désigne une fausse nouvelle.

    Sans remonter aux calendes de l’histoire de la presse (et notamment pendant les deux guerres mondiales et les guerres coloniales où les fausses nouvelles étaient …légion), voici quelques exemples tirés de la période récente. Et comme “fake news” appartient au vocabulaire anglo-étatsunien, commençons par là…

    > En mai 2003, le New York Times repentant, reconnaissait qu’un de ses journalistes du nom de Jayson Blair avait falsifié “au moins 36 des 73” articles qu'il avait écrits depuis son affectation à la rédaction nationale en octobre. Pire, selon les aveux du journal, la tromperie portait sur plus de 600 articles rédigés par Jayson Blair depuis son entrée au journal en 1999. Rien que de fausses nouvelles.
    Une autre journaliste, du Washington Post cette fois, Janet Cook, remportait le prix Pulitzer en 1981 (le plus grand prix de journalisme aux USA) pour un reportage 100% bidon ! Le reportage était une fausse nouvelle.
    En 1990, la jeune Nayirah, âgée de quinze ans, venait témoigner devant la Chambre des Congrès étatsunienne des horreurs perpétrées par les Irakiens envahisseurs du Koweït. Sa description de l’attaque d’un hôpital où elle était bénévole, par les soldats Irakiens, assassinant plus de 300 bébés, a fait la une des journaux cette année là. Du coup, Saddam Hussein est devenu le “Boucher de Bagdad”. Mais ce “témoignage”, argument numéro un des dirigeants étatsuniens pour attaquer le dictateur irakien était un coup monté ! Il avait été cuisiné par une firme de communication qui avait obtenu un juteux contrat chiffré en millions de dollars pour former la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington, Nayirah al Sabah, à répéter cette histoire. Les médias unanimes avaient répandu cette fausse nouvelle.
    Autre argument massue pour déclencher l’invasion de l’Irak, les “armes de destruction massive” et l’anthrax mortel de Saddam Hussein ont fait la une des journaux et des plateaux des télévisions. Fausse nouvelle.
    Revenons en France le 28 février 2015, lorsque l'AFP annonce officiellement la mort de Martin Bouygues, information reprise à la radio. Fausse nouvelle.
    Une campagne médiatique fait grand bruit en 2004 suite à la pétition rédigée par Élisabeth Badinter et Fadela Amara publiée par le l’hebdomadaire “Elle” du 25 octobre :”Non à la lapidation de Jila Izadi, petite iranienne de 13 ans. De la rapidité et de l’ampleur de nos protestations dépend sa survie”. Quelques semaines plus tard, le ministère français des Affaires étrangères dément les informations sur la condamnation à la lapidation de Jila Izadi. Fausse nouvelle.
    À l’occasion de la guerre russo-géorgienne, “Le Monde” publie un article »de Bernard-Henri Levy en août 2008 . De nombreux témoignages de personnes ayant vécu les évènements attestent que les faits racontés par BHL ont été inventés, en particulier son déplacement dans la ville de Gori “en proie aux flammes”, alors qu’il n’y avait pas mis les pieds. Fausse nouvelle.
    En première page, le 1er juin 2011, Le Figaro annonce “La France accuse Kadhafi d’avoir tué 10.000 libyens”, une information qui sera démentie à la radio le jour même parAlain Juppé, Ministre des affaires étrangères. Fausse nouvelle.
    En 2016, les médias rapportent cinq intrusions d’avions militaires russes, toutes à plus de cent kilomètres des côtes françaises. Or d'après la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer l'espace aérien d'un État s'étend jusqu'au dessus de la mer territoriale, soit à vingt kilomètres des côtes. Au delà, un avion militaire est… dans l'espace aérien international et a le droit d'y être ! Donc, les Russes n'ont à aucun moment pénétré dans l'espace aérien français. Fausse nouvelle.

    > Arrêtons la triste énumération de ces canards et venons en aux “fake news” dont on nous rebat les oreilles.
    Pris d’une belle intention vertueuse, Le Monde avec son outil baptisé “Decodex”, vient d’établir un classement des sites web fréquentables avec lequel il dénonce les sites colporteurs de “fake news” ou complotistes. Évidemment, les sites du groupe “Le Monde” et de ses partenaires commerciaux sont jugés purs et sans taches. Quand à ceux qui ont émis des critiques sur le quotidien, ils sont classés mauvais. Une manière de discréditer les concurrents et de jeter l’opprobre sur le web et les réseaux sociaux, coupable de tous les maux. Dans Antipress numéro 24, Slobodan Despot interroge : ce travail est-il fondé sur une analyse des milliers de pages publiées (un travail titanesque) ou est-il basé sur des algorithmes fournis par Google dans le cadre d’un accord commercial ?
    La même chose ou à peu près se déroule aux États Unis où le Washington Post publie les dénonciations d’une nouvelle organisation obscure, un site anonyme appelé PropOrNot. Il stigmatise des dizaines de sites d’actualités nationaux qui critiquent la politique étrangère des États-Unis et seraient des colporteurs de la propagande russe.
    La Commission européenne a prévenu Facebook et d'autres réseaux sociaux qu'ils devront éliminer les “fake news”. S'ils s'y refusent, ils devront en assumer les conséquences, affirme le Financial Times. Les réseaux sociaux semblent de plus en plus inquiéter les dirigeants européens, qui accentuent leurs pressions sur les différents médias, allant jusqu'à évoquer une menace pour la démocratie.
    Le président du Parti social-démocrate allemand (SPD), Thomas Oppermann, a demandé que les géants des réseaux sociaux comme Facebook soient obligés de retirer les “fausses informations et les posts illégaux” dans les 24 heures sous peine d’amendes allant jusqu’à 500 000 euros.
    Le 18 février, l’Otan par la voix du président du NATO Military Committee, le Général Petr Pavel, y va de son couplet en dénonçant les “fake news” russes.
    On a appris récemment que Facebook projette d’intervenir pour classer les messages les plus vus, afin d'étouffer les informations jugées comme fausses (ça s’appelle manipuler, en bon français). Facebook mettra en place une fonction de dénonciation pour que des utilisateurs puissent signaler les contenus qu'ils jugeront faux. Puis Facebook transférera les messages dénoncés à un échantillon de personnes nommées “fact-checkers” (en français vérificateurs, ou encore comité de censure) pour la circonstance. Navigant entre entre vraies/fausses et fausses/vraies nouvelles, conspirationnisme, propagande gouvernementale, puritanisme et bien pensance, Facebook prétend devenir le super héros de la vérité vraie. Google n’est pas en reste et, avec son “News Lab”, se trouve déjà sur la ligne de départ.

    > Comme moi, vous aurez remarqué la concordance de ces intentions vertueuses. Mais rassurez-vous, ça n’a rien d’un complot, ces gens là font seulement leur boulot ! Car ce qui déplaît à ces bons apôtres, c’est que les gens se parlent et expriment leur opinion ou leurs doutes (voire des bêtises ou des rumeurs), et c’est ce qu’ils font en bavardant dans la rue, au café, au boulot. Et ils font ça depuis belle lurette, et ils continuent sur leurs blogs ou les réseaux sociaux. On appelle ça la liberté de pensée, et la liberté d’exprimer librement son opinion ! Maintenant que la presse d’opinions est réduite à une poignée de journaux, il reste à domestiquer l’Internet. Aux yeux de certains, c’est une prochaine étape, il faut qu’un ministère de la Vérité (comme dans le cauchemardesque “1984” de George Orwell) normalise, réglemente, interdise. En un mot : leur rêve c’est le retour de la censure ! Non, tu n’es pas un citoyen, tu es un sujet, alors ferme la !