Que s’est-il passé depuis la réunion de crise organisée le 16 février, à Langon, en présence des représentants de la SNCF, de la Région et des usagers du rail ? Cette rencontre faisait suite à plusieurs mois de fortes perturbations sur la ligne TER 44 Bordeaux-Langon-Agen. Les membres du collectif Déter Sud-Gironde avaient partagé leur ras-le-bol : trains en retard ou annulés, difficultés de remboursement malgré la garantie fiabilité, bus de substitution défaillants, etc.

Début mars, la SNCF a répondu en partie aux attentes des usagers en colère, en annonçant des mesures commerciales censées compenser les perturbations sur le réseau durant le dernier trimestre 2023 : réduction de 50 % sur la mensualité d’avril pour les abonnés annuels TER et -30 % sur la mensualité d’avril pour les abonnés mensuels ayant utilisé leur abonnement en novembre et décembre.

« Nous nous réjouissons que notre forte mobilisation ait porté ses fruits, même si les mesures de compensation suite aux mois intenses de perturbations de trains aux heures de pointe, entre novembre et janvier, sont bien en deçà des dommages réels qu’ont dû endurer les usagers salariés, étudiants et lycéens », réagit le collectif de défense des usagers. Pour Déter Sud-Gironde, le compte n’y est pas. Le collectif avait demandé que l’ensemble des usagers (annuels, mensuels et hebdomadaires) soient dédommagés. « Si la nature des abonnements est différente, les impacts, eux, ne le sont pas. »

Raisons multiples

La SNCF rappelle que la moitié des abonnements est déjà prise en charge par les employeurs : « C’est donc l’équivalent d’un mois gratuit pour les abonnés à l’année. » Les esprits chauffés à blanc ne sont toujours pas refroidis malgré cette ristourne. « Le collectif aurait souhaité que l’indemnisation soit bien supérieure et plus conforme aux préjudices subis. »

Lors de la réunion de mi-février, la SNCF avait détaillé les raisons des perturbations (aléas climatiques, grèves perlées, chocs, travaux, etc.) avant d’éclaircir l’horizon : « Les perspectives d’amélioration sont réelles. » Constat partagé par les usagers. « Il y a eu du mieux en février », consent une des porte-parole du collectif Déter.

La réalité des chiffres

Mais les messages négatifs fleurissent à nouveau depuis quelques semaines sur la page Facebook « Train d’enfer ligne Bordeaux-Langon-Agen » : rames bondées, autocars de substitution inefficaces (avec des trajets de 100 minutes entre Bordeaux et Langon), pannes techniques, défaillance de matériel. « Le service n’est toujours pas à la hauteur », persifle le collectif Déter.

La SNCF confirme ces impressions. En février, la régularité est bonne (95 %) et le taux de suppression très bas (1 %). Rechute relative sur les trois premières semaines de mars : 85 % de régularité et 2,7 % de suppression. En cause : pannes du matériel roulant, signalisation défaillante, suicide sur la voie et colis suspect.

Un autocar de substitution qui s’arrête à toutes les gares entre Bordeaux et Langon met 1 h 20 pour arriver à Langon. Contre 40 minutes en train.