• Vercingétorix, si tu savais les bêtises qui, aujourd’hui,

     

    Vercingétorix, si tu savais les bêtises qui, aujourd’hui, 

     

    Vercingétorix ! ô toi qui, le premier, déclara le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes...

    Après la sévère défaite de l'armée de secours, les assiégés d'Alésia s'étaient rendus à l'évidence ; la bataille était perdue (c'est une honte de prétendre que cette armée de secours se serait enfuie sans combattre) (1). Le visage creusée par le manque de nourriture et par les souffrances du siège, ils étaient là, silencieusement assis sur les gradins du théâtre.

    Que n'ai-je pas écrit ! je vois déjà une nuée d'archéologues m'invectiver sur Wikipédia ou ailleurs, pour m'affiirmer que ce théâtre ne date que d'après la guerre des Gaules...je passe.

    Vercingétorix est là, debout face aux Gaulois, au centre de l'arène. Personnage hors du commun qui en impose à tous : "terrifiant par son physique (corpore), par son intelligence (spiritu) et par ses armes (armis)" , Florus le présente en outre comme un orateur exceptionnel qui entraînait les foules.

    Vercingétorix est blond. Sa chevelure est flamboyante comme les rayons du soleil. Son profil, tel que les médailles le représentent, est celui d'un athlète plus que celui d'un Apollon.

    Son nom est un mot composé qui évoque les pouvoirs et les symboles représentatifs de la société gauloise : ver comme vergobret, cing comme cingum, ceinture, collier ou torque, rix comme commandant en chef, geto comme toge en lettres inversées (cf Togirix, Orgetorix, Cingetorix).

    Vercingétorix est fils de "rix". S’inscrivant dans la lignée des fameux rois Luern et Bituit, il n’a pu être élevé que dans un palais, un palais qui se dressait dans la ville fortifiée de Gergovie.

    De même que César semble avoir bénéficié des leçons d’un rhéteur gaulois (2), Vercingétorix a obligatoirement reçu une éducation guerrière mais aussi littéraire - ses déclarations prouvent qu’il s’exprimait remarquablement bien... à la Démosthène.

    Vercingétorix, au centre de l'arène, fait face aux vancus d'Alésia. Une simple phrase suffit.

    « Si j’ai fait cette guerre, ce n’est pas pour mon ambition personnelle mais pour la liberté de tous. Puisqu’il faut céder à la fortune, je me livre à vous. Tuez-moi ou livrez-moi vivant aux Romains ! Puissent-ils se satisfaire de mon sacrifice ! » (DBG VII 89, traduction très précise E. Mourey)

    Lors du siège de Bourges, Vercingétorix s'était justifié par une autre proclamation : "Je ferai de toute la Gaule un seul conseil (de gouvernement) dont personne au monde ne pourra contester les décisions dès lors qu’elles auront été prises dans une volonté commune" (DBG VII, 29, traduction très précise E. Mourey).

    Il faut vraiment être nul en latin pour inventer la prétentieuse traduction qui figure toujours au bas de sa statue : "La Gaule unie, formant une seule nation, animée d’un même esprit, peut défier l’Univers".

    Gergovie

    .. Venant du nord par l'itinéraire normal qui menait à l'Auvergne, César arrive en vue de Gergovie. Sa cavalerie est en avant-garde. Après un petit combat de cavalerie "facile", il établit son camp pour la nuit. On en a retouvé la trace mais au-delà du plateau de Merdogne.

    Déjà, à partir de là, on aurait dû comprendre que l'espace gaulois que défendait Vercingétorix avec sa cavalerie de couverture contre toute attaque surprise, n'était pas centré sur Merdogne mais sur la ligne de hauteurs d'après : la montagne de La Serre. Cette montagne se redresse sous forme d'éperon dans la hauteur du Crest, position favorable pour une défense sur tous les côtés.

    César venait du Nord. Il descendait plein sud. Il avait dépassé Merdogne et, depuis le grand camp qui s'installait, il avait le regard tourné vers Le Crest. 

    Depuis ce camp, César voit la ville (urbs) "posée" sur un mont "trés haut", difficile d'accès. Il s'agit de la ville du Crest toujours existante dont on voit ici la dernière tour.

    Il faut vraiment être d'une grande nullité pour ne pas comprendre qu'il s'agit de la véritable Gergovie

    Évidemment, il faut traduire correctement le texte. Dans le vocabulaire militaire de César, une "collis" n'est pas une colline mais une pente. Sur la gauche de la photo, vous voyez un "mons", un mont très élevé aux accés difficiles. Vous voyez une tour, celle de la ville qui y est "posée".À droite, vous voyez le plateau allongé, au dos plat, étroit et boisé. Tout cela est parfaitement décrit par César ; et on ose dire qu'il n'est pas précis. C'est à se taper la tête contre les murs. Rien à voir avec Merdogne, Corent et autres affabulations.

    Même aveuglement pour l'explication de la bataille. On fait escalader le mur de la ville par trois légionnaires alors qu'il s'agit de trois manipules de peut-être 100 combattants chacun. On est incapable d'expliquer le fantastique affrontement dont l'enjeu fut la porte de l'oppidum aux hautes murailles. On évoque bien le valeureux centurion qui essayait d'enfoncer la porte mais on dit qu'il ne tua que deux Gaulois alors qu'une bonne traduction dit qu'il tuait les Gaulois deux par deux... risible ! (3)

    Bibracte

    Mais le pompon, c'est Bibracte, une histoire tellement rocambolesque que ç'en est à mourir de rire ou à pleurer. Cela commence avec un marchand de vin qui invente l'archéologie régionale en découvrant au mont Beuvray d'importants débris d'amphores... traces des beuveries, selon certains archéologues, auxquelles se livraient les honorables citoyens de la cité, fameuse Bibracte dont parle César... sur un mont Beuvray pelé, perdu dans les forêts de hêtres... une capitale dont il est dit qu'elle aurait été la soeur de Rome... je rêve ! L'affaire continue avec un marchand de tissus que les archéologues vénèrent comme le père de l'archéologie française moderne alors que l'intéressé aurait certainment corrigé ses thèses erronées s'il n'était pas mort prématurément au combat.

    Problème de traduction, là encore. Oser dire que Strabon raconte n'importe quoi quand il écrit que les Éduens, c'est-à-dire Bibracte, se trouvaient entre l'Arar et le "Dubis", quelle arrogance ! quelle stupidité de la part de soi-disant érudits ! Strabon n'a jamais dit que Bibracte se trouvait entre la Saône et le Dubis/Doubs, mais entre la Saône et la Dubis/Dheune, ce qui exclut le mont Beuvray qui se trouve au-delà (4). Quant à la traduction de l'affaire helvète, c'est un véritable poème. C'est à croire que nos brillants professeurs de faculté ont trafiqué leurs traductions pour les accorder avec les thèses saugrenues des archéologues. Il est vrai qu'influencé par leurs errements, naïf qut je suis, il m'est arrivé de faire quelques erreurs mineures comme de voir dans le mot "castra" les camps de César alors qu'il s'agissait tout simplement des fortifications de Bibracte. (5)

    Tout est perdu, même l'honneur, quand on pense que les auteurs de cette mystification ont réussi à faire venir sur le site jusqu'à un président de la République pour qu'il y fasse un grand discours européen à la gloire des Celtes ; c'est à se rouler par terre de rire (6). On a touché, ce jour-là, le fond du ridicule. La presse locale a fait pleines pages de l'évènement mais, aujourd'hui, honteuse, veut l'oublier. Car, ici, en Bourgogne, les personnes bien informées savent bien que le mont Beuvray est une planche pourrie mais on fait comme si...

    Au député Christophe Siruge qui, à ma demande, l'interroge sur le bien-fondé de la localisation de l'oppidum de Bibracte au mont Beuvray, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, répond, en langue de bois, au JO du 11/6/2013, que les questionnements relatifs à la stricte identification de Bibracte au site du Mont Beuvray s'avèrent d'un intérêt accessoire. On est à la limite de la forfaiture. 

    Faut-il évoquer l'incroyable comédie du tombeau de l'ancien président de la République pour lequel son épouse avait acheté un bout de terrain sur ce mont pelé où tout gèle en hiver ; le journaliste Christophe Barbier en a fait un livre mais il n'a rien compris.

    Bref, depuis la disparition de François Mitterrand, aucun ministre n'a osé gravir le mont, sauf M. Montebourg, mais c'est un cas. Seul, le ministre de la Culture du Burkina Faso. Aux dernières nouvelles, c'est peut-être d'Afrique qu'on aurait reçu, avant les Romains, la civilisation avec l'art de cuire les briques dans des fours.

    Extraordinaire Mont-Saint-Vincent !

    Lorsque, venant de Chalon, j'aperçois de loin, sur l'éperon rocheux, la vieille église romane au clocher perdu, je sens que de là-haut, on me prévient et qu'on me crie : « Ennemi ! Retourne d'où tu viens ! Crains pour tes yeux de regarder cette forteresse de légende que la nature et l'homme ont dressée devant toi ! Crains d'encourir, en nous assaillant, la colère du Dieu terrible, derrière lequel nous sommes rassemblés en armes. Nos remparts te dominent, nos tours t'enferment ! Nos chemins d'accès sont des ravins dont nous tenons les sommets ; et si, téméraire, tu oses nous contourner par la pente la moins escarpée, lève le regard et vois, le château fort et son donjon qui te barrent le passage !... » Mont-St-Vincent ! le mont qui a perdu son nom ! Certains disent qu'il était peut-être un oppidum ; quel oppidum ! Les murs faits de pierres énormes qui étonnaient César à Gergovie sont là. Les murailles ont conservé en partie leur impressionnante grandeur, ainsi que la porte de Chalon, avec sa tour de l'Assommoir.

     L'église dite romane, masse énorme au porche puissant, écrase la croupe nord du Horst, tandis qu'à l'autre extrémité, la masse encore plus énorme du château disparu l'équilibre.  Les druides officiaient sur ce haut lieu. Sur quel autel faisaient-ils égorger les animaux du sacrifice ? Sur quel rocher donnaient-ils l'ordre de mettre le feu aux gigantesques paniers des condamnés à mort ? Dans quel bâtiment enseignaient-ils aux jeunes gens l'essence de la culture celte ? Point d'écrit, point de trace ; la tradition orale maintenait la connaissance dans la mémoire des hommes. Dumnorix et ses cavaliers vivaient dans ces maisons de pierre mal équarries, et lorsque, de la tour de guet, les guetteurs appelaient aux armes, il sonnait de son cor et, avec ses compagnons, se précipitait dans un galop effréné au secours d'un oppidum menacé. Du haut du promontoire, tribune aux harangues, dans le soleil resplendissant du midi, devant les représentants des peuples gaulois rassemblés, Vercingétorix prononça un discours historique pour appeler toutes les nations celtes de la Gaule à lutter pour leur indépendance contre les armées de César.  

    Mont-Saint-Vincent/Bibracte : même et unique oppidum. Lorsque César campait dans la région de Toulon-sur-Arroux, il se trouvait, dit-il, à 27 kilomètres de Bibracte, mais il fallait traduire à 27 km du Mont-St-Vincent et non à 27 km du Mont-Beuvray.

    Alésia/Nuerax/Tasiacum/Taisey

    Allons donc, soyons sérieux ! Les premiers colons qui, du Proche-Orient, nous ont apporté l'agriculture, la métallurgie, et tout ce qui va avec, quelle curieuse idée que de les faire s'installer dans un Morvan éloigné de tout. Évidemment non ! Si l'on raisonne en militaire, ce premier courant d'immigration, première voie de l'étain traversant nos terres, ne pouvait que remonter le couloir Rhône/Saône, jusqu'à la région fertile de Chalon-sur-Saône, plaque tournante de la Gaule. Si l'on raisonne en militaire, ces premies colons ne pouvaient dresser leur forteresse que sur la hauteur dominant le fleuve et la région, à Taisey, antique Tasiacum, Cabillodunum de César (la ville des bords de Saône ne s'est entourée d'un rempart qu'au III ème siècle). C'est ce que commandent la géographie, la logique militaire, mais aussi les textes si on les traduit et si on les interprète correctemment.

    Une tour de Taisey antiquissima.

    Allons donc, soyons sérieux ! Si les archéologues n'ont pas retrouvé dans le sol chalonnais des traces de temple plus ancien, c'est tout simplement parce que le temple fondé par les premiers migrants venus du Proche-Orient est toujours debout et qu'il s'agit de la tour de Taisey... une tour sacrée d'avant Salomon. Au Ier siècle avant J.C, les Juifs migrants qui s'étaient installés en colonie à Gourdon, au pied de Mont-Saint-Vincent/Bibracte, en ont représenté la pièce de l'étage dans leurs fresques. De toute évidence, il s'agit d'un Saint des Saints, le lieu où siège la divinité de la cité. On y retrouve la trace de l'appareillage de pierres de taille, le même qui décore l'intérieur de nos plus anciennes églises. Enfin, juge de paix par excellence, la base de la tour s'inscrit dans le rectangle du petit charriot et celle de l'oppidum/refuge qui se trouve en arrière dans le tracé du grand charriot.

    Une remise en cause de toute l'archéologie française et de notre patrimoine le plus ancien.

    Déclaration, en 1986, de Philippe de Villiers, secrétaire d'Etat au ministère de la Culture pour le Patrimoine, je cite : La Culture, c'est l'emploi de demain. La France est le pays du monde qui a les ressources les plus extraordinaires par son histoire, ses monuments et ses savoir-faire. Ces ressources sont largement sous-utilisées (Promouvoir le patrimoine français pour l'an 2 000, éditions de la Caisse Nationale des monuments historiques et des sites, 1987, page XII).

    M. le Ministre de la Culture, répondez !

    Château de Taisey, le 27 janvier 2019.

     

     

    « La démocratie représentative est-elle démocratique ?L'information est un combat… qui n'empêche pas le ridicule »