• Dätcha Mandala, le rock en héritage

    Dätcha Mandala, le rock en héritage

     

    Dätcha Mandala, le rock en héritage

    Le trio rock bordelais vient de sortir « Koda », un troisième album qui pourrait marquer un tournant dans sa carrière. Rencontre avant sa tournée européenne qui débute le 4 mai à Mérignac

    Leur datcha, c’est une maison qu’ils partagent dans la grande banlieue de Bordeaux. Une colocation à Camblanes, où Nicolas Sauvey (basse, chant), Jeremy Saigne (guitare) et Jean-Baptiste Mallet (batterie) posent leurs instruments entre deux concerts. « C’était le bon moment pour nous cette colocation, explique Jeremy. Nous sommes à une période de notre vie où c’est encore possible. » À 31 ans (Jeremy et Nicolas) et 33 ans (Jean-Baptiste), les membres de Dätcha Mandala sont peut-être à un tournant de leur carrière. Un de plus. Avec un nouvel album à défendre, une longue tournée qui s’annonce et tout un héritage dans leurs bagages.

    Parce que, du haut de leurs 30 ans, les Dätcha Mandala ont déjà accumulé des années d’expérience au fil des centaines de concerts donnés depuis leur formation en 2009.

    Sur la scène du Hellfest en 2022

    Sur la scène du Hellfest en 2022

    Julien Dupeyron

    Chinoi, le mentor

    Là où d’autres misent d’emblée sur la communication et les réseaux sociaux pour faire carrière, ces trois-là ont dès leurs débuts choisi une autre voie : celle de la scène et de la route. Et tout commence par une rencontre, celle de Jean-Marc André, dit « Chinoi », premier guitariste de Stalag, l’un des « ST » de la scène rock bordelaise des années 1980, puis ingénieur du son de quelques grands groupes du rock alternatif français : Mano Negra, Les Négresses vertes, Les Garçons bouchers… « On a rencontré Chinoi en novembre 2009, racontent Jeremy et Jean-Baptiste. On jouait à la guinguette Chez Alriq, sur la rive droite de Bordeaux, et c’est lui qui était derrière la console. Jusqu’au moment où, en plein milieu de notre concert, il a pris sa guitare et s’est mis à jouer avec nous sur le bord de scène. Quelques mois plus tard, on participait à un tremplin à Caudéran. On l’a appelé le matin, et le soir, il est arrivé à vélo pour faire notre son. À partir de ce jour-là, il nous a suivis jusqu’à son décès en 2015. »

    Avec Chinoi aux manettes, la carrière de Dätcha Mandala est lancée. Mais le mentor ne fait pas de cadeaux à ses protégés. Il faut jouer encore et encore, tourner, se confronter au public, échouer, recommencer. Dès 2013, le groupe fait déjà plus d’une centaine de concerts par an. « Ça nous a appris à sonner partout, explique Jeremy. Et puis ça permet de voir si tu as vraiment envie de faire ça, quand tu joues dans une pizzeria ! Chinoi nous a permis de solidifier notre musique. Sans lui, on ne serait sans doute pas là. »

    Après un single, « Anâhata », fin 2016, Dätcha Mandala enregistre un tout premier album, « Rokh », fin 2017. Le ton est donné, ce groupe ne fera pas de concessions avec sa musique. « On n’a jamais cherché à faire tel ou tel style de rock, se souvient Jean-Baptiste. La première fois que l’on a joué ensemble tous les trois, c’est ça qui est sorti. » Ce qui sort sonne comme Black Sabbath et Led Zeppelin. « C’est cette musique qui nous a toujours parlé. Sans doute aussi l’influence de nos parents, qui écoutaient beaucoup de rock et qui en jouaient. » 

    Avec ce premier album produit par le Britannique Clive Martin (Queen, David Byrne, Les Négresses vertes, Superbus…), Dätcha Mandala raconte une histoire qui prend sa source dans les années 1970. Avec son look seventies et déjà un niveau technique qui impressionne, le groupe bordelais se fait remarquer au-delà du cercle des fans purs et durs et des professionnels.

    Stade de France

    Mais le coup de projecteur va venir de l’une des plus grandes gloires du rock français. En septembre 2017, les Bordelais sont conviés à faire la première partie des Insus au Stade de France et dans deux Zénith. Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka, les anciens Téléphone, croisent la route de Dätcha Mandala près de Périgueux. « On a joué à Boulazac avec eux, raconte à l’époque Nicolas. Ils se sont concertés et ils nous ont dit : “En fait, on vous veut au Stade de France avec nous.” » En pleine lumière, le trio ne manque pas son rendez-vous avec les 20 000 à 30 000 spectateurs présents au moment où ils montent sur scène. « On a vécu pleinement ce moment, se souvient Jeremy. Et sans doute que tous les concerts que nous avions faits les années précédentes nous y ont aidés. »

    Avec l’album « Hara », en novembre 2020, et toujours Clive Martin aux manettes, Dätcha Mandala poursuit son exploration des années 1970. Et continue d’empiler les dates de concert. Jusqu’à un matin de juin 2022. « C’est l’année après le Covid, où il y a eu deux éditions du Hellfest. On était programmés à 11 h 30. On nous avait dit tout et son contraire, qu’il y aurait déjà beaucoup de monde ou en fait personne à cette heure-là. » Mais Dätcha Mandala s’acquitte de sa mission au temple du rock et du hard rock de Clisson (44) et réveille les festivaliers sous leur tente. Ils sont 5 000 à 6 000 à écouter le trio bordelais. Nouvelle étape, nouvelle marche gravie et nouvelle référence sur leur CV.

    Le modèle Gojira

    Pour autant, Dätcha Mandala sait qu’un autre tournant de sa carrière peut se jouer dans les mois qui viennent avec la sortie de l’album « Koda ». « Après les premiers albums avec Clive Martin, nous avons voulu essayer autre chose, détaille Jean-Baptiste. C’est en écoutant le dernier album de No One Is Innocent, que l’on a découvert le producteur Charles De Schutter. » Enregistré fin 2023 et début 2024 dans les mythiques studios ICP à Bruxelles, ce troisième album marque un changement, plus pop, plus actuel. « Si on a appelé cet album “Koda”, c’est en référence à Led Zeppelin. Le dernier album de Led Zep s’appelle “Coda”, et la coda en musique, c’est l’indication de la fin d’un morceau. “Koda”, c’est une manière de tourner la page avec ce groupe qui nous a bercés. »

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    À l’écoute, la page est bien tournée. « Koda » puise beaucoup plus dans le rock des années 2000. Dätcha Mandala a réussi à faire l’amalgame entre ses racines 70 et le rock plus léché, plus sophistiqué des dernières décennies. On devine les influences de Muse, Ghost, Royal Blood. « Ce sont des morceaux plus exigeants au niveau des structures, des voix. Des morceaux qui nous tirent vers le haut. On aime dire que l’on fait du GojiMuse ! ». Gojira. La référence au groupe landais devenu star internationale du metal est omniprésente dans le discours des Bordelais. « Quand tu fais du metal dans les Landes, tu n’es pas sûr de devenir champion du monde, sourit Jeremy. Gojira est notre modèle de carrière, c’est un peu notre phare. Nous sommes admiratifs de ce qu’ils ont réussi. On se sent proches d’eux, même si on les connaît peu. »

    “Koda”, troisième album de Dätcha Mandala est sorti le 26 avril 2024“Koda”, troisième album de Dätcha Mandala est sorti le 26 avril 2024

    Début de tournée à Mérignac

    Mandala lancera officiellement la tournée « Koda ». Une date importante pour le groupe, car il jouera à domicile, mais aussi avec l’un de ses héros, Alain Johannes (Queens of the Stone Age, PJ Harvey…). Après l’Allemagne et le Danemark toujours en mai, le groupe reviendra dans la région pour une date au festival Du rock mon pote, de Carbon-Blanc (33), le 1er juin, avant d’être sur la scène de Garorock, à Marmande, le 30 juin.

     

     

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