• Etats-Unis: des pro-Trump envahissent le Capitole, une femme tuée par la police

    Etats-Unis: des pro-Trump envahissent le Capitole, une femme tuée par la police

    A Washington, une manifestation contestant la victoire de Joe Biden a dégénéré mercredi 6 janvier. Des partisans de Donald Trump ont pénétré dans le Capitole, le mettant à sac et forçant la suspension de la certification des résultats. Quatre personnes ont péri, dont une femme touchée par des tirs de la police

    Des partisans de Trump ont semé le chaos dans le Capitole à Washington mercredi 6 janvier

    Des partisans de Trump ont semé le chaos dans le Capitole à Washington mercredi 6 janvier

    © Andrew Harnik/AP/SIPA PRESS
     

    Le Capitole a été le théâtre de scènes surréalistes. Poussés par Donald Trump lui-même, des centaines de partisans du président sortant américain ont pénétré de force mercredi dans le symbole de la démocratie américaine afin de faire annuler sa défaite lors de la présidentielle. Le Congrès a dû interrompre la certification des résultats donnant le démocrate Joe Biden victorieux.

    La police a évacué les parlementaires et a lutté pendant plus de trois heures pour repousser les partisans du milliardaire républicain du Capitole, où les contestataires ont déambulé dans les couloirs et mis sens dessus dessous des bureaux.

    Une femme blessée par balle lors de ces incroyables scènes de chaos est décédée, a fait savoir la police de Washington, indiquant par la suite que le bilan s’était alourdi à quatre morts. Trois autres personnes sont mortes à cause d’urgences médicales, a-t-elle ajouté. La police a aussi découvert deux bombes artisanales aux sièges du Comité national républicain et du Comité national démocrate.

    L’assaut sur le Capitole marque l’apogée de plusieurs mois de divisions et de rhétorique incendiaire autour de l’élection présidentielle du 3 novembre, dont Donald Trump a répété qu’elle lui a été volée dans le cadre d’une vaste fraude, exhortant ses partisans à l’aider à inverser sa défaite.

    Cet assaut est survenu après que Donald Trump, qui avait refusé de s’engager à une passation pacifique du pouvoir en cas de défaite, a pris la parole devant des milliers de manifestants près de la Maison blanche. Il a galvanisé ses partisans en leur demandant de se diriger vers le Capitole pour exprimer leur colère, les incitant aussi à « se battre » en faisant pression sur les représentants électoraux locaux dans leurs Etats afin que ceux-ci rejettent les résultats du scrutin.

     

    « Trump a gagné ! » La police a fait usage de gaz lacrymogène à l’intérieur du Capitole pour disperser les émeutiers, dont l’un était parvenu jusqu’au siège habituellement occupé par le président du Sénat pour hurler : « Trump a gagné cette élection ! » Le chef de la police de Washington a déclaré que des émeutiers ont attaqué des officiers avec des produits chimiques irritants, blessant plusieurs d’entre eux. Les élus de la Chambre des représentants avaient reçu pour consignes de se munir du masque à gaz placé sous leurs sièges et de se mettre au sol. Des policiers ont sorti leurs armes lorsqu’un contestataire a tenté de pénétrer dans la Chambre.

    Le Capitole a été considéré comme sécurisé tard mercredi soir. Les élus ont fait leur retour dans les chambres du Congrès passé minuit pour reprendre le processus de certification de l’élection présidentielle. « A ceux qui ont semé aujourd’hui le chaos dans notre Capitole : vous n’avez pas gagné », a déclaré le vice-président Mike Pence, fidèle lieutenant de Donald Trump et chargé de superviser le processus, à son retour au Sénat. « Remettons-nous au travail », a-t-il lancé sous les applaudissements.

    Le chef de la majorité républicaine au Sénat a qualifié l’intrusion d’« insurrection manquée » et a promis que les élus ne céderaient pas face à l’ « anarchie et l’intimidation ». « Nous avons repris nos postes. Nous allons remplir nos obligations dans le cadre de la Constitution et pour notre nation. Et nous allons le faire ce soir », a ajouté Mitch McConnell, qui a aidé Donald Trump à obtenir certains des principaux succès législatifs de son mandat.

    Les parlementaires débattaient de l’ultime tentative d’élus favorables à Donald Trump pour contester les résultats de l’élection présidentielle, une démarche menée par une dizaine de sénateurs républicains qui a peu de chances d’aboutir.

    La sénatrice républicaine Kelly Loeffler a expliqué qu’elle voulait s’opposer à la certification de la victoire de Joe Biden, mais qu’elle avait changé d’avis après les incidents. « Je ne peux pas en bonne conscience m’opposer à la certification de ces électeurs », a déclaré celle qui a échoué la veille à être réélue en Géorgie lors d’un second tour de sénatoriales décisives. Victorieux des deux sièges en lice dans cet Etat du Sud, le Parti démocrate s’est adjugé la majorité au Sénat américain et contrôle désormais avec une marge étroite les deux chambres du Congrès.

    Couvre-feu. La maire de Washington, la démocrate Muriel Bowser, a ordonné mercredi l’imposition d’un couvre-feu dans l’ensemble de la capitale fédérale. Des soldats de la Garde nationale, des agents du FBI et les services secrets américains ont été déployés pour aider la police du Capitole, débordée par les événements. 52 personnes ont été interpellées, dont 47 en lien avec des violations du couvre-feu. Plusieurs arrestations concernent des ports d’armes illégaux.

    Le prédécesseur démocrate de Donald Trump à la Maison blanche, Barack Obama, et des dirigeants du monde entier parmi lesquels le président français Emmanuel Macron ont exprimé leur choc.

    Joe Biden, qui doit être investi à la présidence américaine le 20 janvier, a déclaré que le comportement des manifestants était sans contestation possible « à la limite de la sédition ». « Ce n’est pas une manifestation, c’est une insurrection », a ajouté l’ancien vice-président démocrate en citant l’envahissement du Congrès et de ses bureaux, les vitres brisées et les menaces pour la sécurité de représentants élus.

    S’exprimant par la suite dans une vidéo publiée sur Twitter, Donald Trump a réaffirmé que sa victoire lui avait été volée, tout en demandant à ses partisans de quitter les lieux. « Vous devez rentrer chez vous, nous avons besoin de paix », a-t-il affirmé, ajoutant : « Nous vous aimons. Vous êtes très spéciaux ». Twitter a ensuite empêché les utilisateurs de la plateforme de relayer la vidéo publiée par Donald Trump, suspendant le compte du président américain, tandis que Facebook a tout simplement retiré la vidéo.

    Des représentants électoraux des deux partis, des observateurs indépendants et le département américain de la Justice ont dit n’avoir constaté aucune fraude importante lors de l’élection présidentielle. Les multiples recours engagés par l’équipe de campagne du républicain devant des tribunaux à travers le pays ont tous échoué.

    Joe Biden a remporté le scrutin avec plus de 7 millions de votes populaires de plus que Donald Trump. Le démocrate a obtenu 306 voix au Collège électoral, contre 232 pour le président républicain sortant. Donald Trump a fait pression sur Mike Pence pour qu’il rejette les résultats certifiés par des Etats clés où le président sortant s’est incliné de peu face à son rival démocrate, bien que le vice-président n’en a pas l’autorité aux termes de la Constitution des Etats-Unis.

    (Avec Reuters)

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