• Macron: la vie reprend, les réformes aussi

    En pente raide

    Macron: la vie reprend, les réformes aussi

    Alors que le président de la République célébrait depuis le 19 mai le retour des « jours heureux », il a, ce jeudi, enclenché une nouvelle phase, celle des réformes à venir, après avoir consulté les responsables de sa majorité

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    © Kak
     

    Pour son deuxième jour de déplacement dans le Lot, jeudi, le chef de l’Etat a annoncé des décisions dans les semaines à venir. « Ça ne sera pas un été en pente douce », a-t-il promis, faisant de la réforme des retraites, « la mère des réformes ». L’examen parlementaire de celle-ci avait été interrompu en février 2020 alors que la France entrait dans la crise sanitaire.

    A force de boire des cafés en terrasse, il ne faut pas s’étonner qu’Emmanuel Macron ait la bougeotte. Depuis le 19 mai, le chef de l’Etat a rencontré des jeunes sportifs, bu un cocktail dans lequel « il n’y a pas que de la pomme », livré ses recommandations culturelles, participé à un concours d’anecdotes, annoncé une première accélération de la campagne vaccinale, puis une deuxième.

    Le Président « déambulait ». Comme mercredi à Saint-Cirq-Lapopie, l’un des plus charmants villages de France. La beauté, la simplicité, les petites choses de la vie que les Français avaient oubliées. Les cartes postales lotoises, les autres compilées dans l’entretien au magazine Zadig. « En Mitterrandie, on disait “le paysage, c’est le message” », rappelle son entourage. La France est belle. Et si la France, c’est la vie, on a une idée du message que cherchait à faire passer le chef de l’Etat.

    Jusqu’ici. Car, jeudi, toujours en déplacement dans le Lot, Emmanuel Macron a déjà ouvert une nouvelle étape. Maintenant que la vie a repris, place à la suite. « Je ne pense pas que la réforme [des retraites] qui était initialement envisagée puisse être reprise en l’état », a-t-il lâché, avant de préciser que, pour lui, celle-ci est « la mère des réformes ». Dans la matinée, il avait également promis que l’été à venir ne s’écoulerait pas « en pente douce » : « Je vais avoir des choix à faire pour le pays. »

    Guerre de mouvement. Il s’y prépare depuis des semaines. Les consultations se sont intensifiées ces derniers jours. Mardi 25 mai, les responsables de la majorité parlementaire se sont retrouvés autour de Jean Castex pour évaluer les créneaux disponibles dans le calendrier de fin de quinquennat. Il y avait là Richard Ferrand et les présidents de groupe Christophe Castaner (LREM), Patrick Mignola (MoDem) et Olivier Becht (Agir). Quelques jours plus tard, une réunion à l’Elysée rassemblait un autre cercle à peine plus large, parmi lesquels Richard Ferrand, François Bayrou ou Stanislas Guerini. Le chef de l’Etat voulait entendre chacun sur la meilleure façon d’incarner la transformation du pays. Avec un grand principe : qu’il y ait derrière chaque future annonce « un bon sens paysan », une idée forte que chaque Français peut comprendre.

    Un des scénarios imagine un « grand discours de la reconstruction » autour du 14 juillet après le tour de France présidentiel

    A ce titre, une future loi « grand âge » interroge l’un des responsables consultés : « On rentre dans quelque chose de lourd, avec de l’inertie, qui va difficilement produire de l’effet rapidement. » La question de la jeunesse, ébranlée par la crise sanitaire, soulève aussi des questions. Faut-il s’en tenir à la « garantie jeunes universelle », qui attribuera une bourse à chaque jeune engagé dans un programme de formation ? Ou revaloriser l’ensemble des bourses étudiantes ? Sur la table, existe aussi le « capital jeune », un prêt de 10 000 euros à taux zéro, promu par Stanislas Guerini. Le prochain budget est aussi vu comme une occasion de prendre une poignée de décisions fortes : « Il ne doit pas être envisagé comme le dernier du quinquennat, mais comme le premier du suivant », encourage un des participants aux récentes discussions.

    Enfin, la réforme des retraites continue de diviser. Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, pense qu’un pays convalescent a besoin d’un déambulateur, pas d’une réforme abrasive. « Il craint que la transformation soit perçue comme une provocation », observe un cadre de la majorité.

    « Mieux vaut avoir des syndicats dans la rue contre les retraites qu’une série de faits divers qu’on ne maîtrise pas. Le Président veut être en mouvement », répond un conseiller. « Les oppositions ont tout intérêt à ce qu’on lève le stylo, complète un proche d’Emmanuel Macron. Parce que sans grande réforme, l’agenda va se remplir de faits divers. Il vaut mieux rester sur nos sujets. C’est important de scander l’actualité. »

    « En trois semaines, l’ambiance a beaucoup changé. Le climat est gazeux. Que retient-on, celui donné par les chaînes d’info ou celui en terrasse ? Le Président se projette vers un avenir désirable. C’est une clé de la présidentielle », analyse Stanislas Guerini.

    Terminus. Lever le stylo ou reprendre la marche en avant, comme le préconise Stéphane Séjourné, conseiller politique du chef de l’Etat ? Depuis la fin de la première vague, à l’été 2020, le débat agite les stratèges de la majorité. « Quand vous voyez la lumière au bout du tunnel, soit vous freinez, soit vous accélérez », pose le président de la commission des Affaires économiques, le député LREM Roland Lescure. Les déclarations d’Emmanuel Macron, jeudi, dans le Lot, prouve qu’il ne s’agit plus de trancher entre les deux. Il y aura de grandes réformes. La question est de savoir lesquelles.

    Un des scénarios imagine un « grand discours de la reconstruction » autour du 14 juillet après le tour de France présidentiel. « Il faudra en tout cas veiller à embarquer tout le monde, alerte un conseiller. Le danger des mois qui viennent, c’est l’apparition d’une France à deux vitesses avec des Français qui prennent le train de la relance et d’autres qui restent à quai. »

    En juin, le train va continuer à cheminer en France. Son entourage promet que le Président ne s’arrêtera pas que dans les petites gares charmantes, comme celle de Saint-Cirq-Lapopie. Seul son terminus est pour l’instant connu. L’Elysée en juillet.

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