• Macron: une bonne dose de campagne

    Pass, 3e dose, retraite, chômage, nucléaire… Pour sa neuvième intervention depuis le début de la crise de la Covid, le Président a dépassé le simple champ sanitaire, faisant du travail le fil rouge de son action

    Kak_coronavirus_Macron_allocution_Covid_web 09/11/2021
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    Les faits -

    Emmanuel Macron s’est adressé solennellement aux Français mardi soir pour doper le rappel vaccinal face au rebond de l'épidémie, vanter son bilan et évoquer les priorités de la fin du quinquennat. Les personnes de plus de 65 ans devront, à compter du 15 décembre, avoir effectué un rappel du vaccin pour valider le pass sanitaire. “Les conditions ne sont pas réunies pour lancer la réforme des retraites”, a-t-il aussi déclaré.

    Parce que «nous n’en avons pas terminé avec la pandémie», le chef de l’Etat a lancé un appel à la responsabilité des Français mardi soir aux 6 millions de Gaulois réfractaires qui n’ont encore reçu aucune dose de vaccin anti-Covid. «Vaccinez-vous», a-t-il martelé. Parce qu’il «nous faudra vivre avec le virus et ses variants jusqu’à ce que la population mondiale dans son ensemble soit immunisée» et parce que «la 5e vague a commencé en Europe», Emmanuel Macron a annoncé qu’à partir du 15 décembre, les plus de 65 ans déjà vaccinés devront «justifier d’un rappel» pour obtenir le prolongement de la validité de leur pass sanitaire. «Six mois après le vaccin, l’immunité diminue, a-t-il expliqué. La solution, c’est le rappel».

    Le Président a aussi annoncé le lancement d’une campagne de rappel début décembre pour les 50-64 ans. Mais sans conditionner la validité du pass sanitaire à ce rappel.

    Il n’aura cependant consacré qu’un tiers de son allocution à la situation sanitaire, non sans dresser finalement un bilan satisfait de son action. «Depuis la première vaccination, nous avons injecté plus de 100 millions de doses en dix mois, a-t-il résumé. Ce qui fait de nous l’un des pays les mieux protégés». Il s’est aussi félicité du «quoi qu’il en coûte», qui «nous a permis de résister à la crise et de rebondir plus fort aujourd’hui» sur le plan économique.

    Emmanuel Macron a aussi mis fin au suspens qu’il entretenait depuis juin sur la réforme des retraites: il ne s’y risquera pas d’ici la fin du quinquennat. «La situation sanitaire que nous vivons, le souhait unanime des organisations syndicales, le besoin de concorde font que les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui», a-t-il expliqué, renvoyant ce chantier à l’après-présidentielle.« Dès 2022, il faudra prendre des décisions claires, a-t-il prévenu. Elles feront légitimement l’objet de débats démocratiques indispensables.» Il faudra, a-t-il énuméré, «travailler plus longtemps en repoussant l'âge légal, aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, en harmonisant les règles entre public et privé et en faisant en sorte qu’au terme d’une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieure à 1000 euros». Il a enfin évoqué la possibilité de «partir en retraite progressivement, d’accumuler des droits plus rapidement pour celles et ceux qui le souhaitent» et «d’encourager le travail au-delà de l'âge légal aussi pour celles et ceux qui en ont envie».

    Des investissements dans la santé «jamais atteints depuis la création de la sécurité sociale en 1945. Des créations d’emploi comme jamais». La décision inédite «depuis des décennies» de construire de nouveaux réacteurs nucléaires. C’est dire si Emmanuel Macron, dans les deux tiers de son allocution, était fier de l’action menée ces dernières semaines, fierté qu’il a cachée derrière un «nous» de politesse.

    «J’ai tâché à la cavalcade de retranscrire tout ce que nous sommes en train de faire», a-t-il reconnu dans la conclusion pleine d’optimisme de son discours, faisant fi du débat politique actuel, heurté par les polémiques et la radicalité des propositions de ses futurs adversaires. «Nous sommes restés soudés, fidèles à ce que nous sommes, profondément humains.» Le chef de l’Etat entend les «doutes», la «fatigue». La colère ? «Quelques fois», a-t-il minimisé.

    «N’ayons pas peur, croyons en nous, croyons en la France [...] Nous le méritons», a-t-il encore lancé. Mais à rebours de ce bilan présidentiel exposé aux Français à une heure de très grande écoute, plus grande que ce que n’importe quel meeting pourra lui offrir, pointait une inquiétude dans la voix grave du chef de l’Etat : que les «angoisses» du pays ne cessent de grandir au fil des discours déclinistes d’une partie de la classe politique.

    Les crises géopolitiques, les factures qui gonflent, le monde qui brûle imposent à la France des changements majeurs, une «révolution profonde». Le travail en sera le véhicule premier : «Le travail de tous permet de garantir notre indépendance (...) C’est en travaillant plus que nous sauverons le modèle social français.» Travailler plus, c’est contraindre les chômeurs à reprendre un emploi. Ceux qui ne mèneront «pas une recherche active verront leurs allocations suspendues», a tancé le président de la République, se contentant en réalité de rappeler une règle qui existe déjà.

    Il y a encore beaucoup à faire, dit le président Macron. Mais quoi ? Une réforme des retraites brossée dans les grandes lignes mais qu’il ne fera pas. En tout cas dans ce mandat. Ce mardi soir, le témoin est passé des mains du Président à celles du futur candidat.

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