• Médias. Face à Bolloré, silence radio du CSA et de l’État

     
    Les salariés d’Europe 1 ont levé, mercredi, la grève qu’ils menaient depuis le vendredi 18 juin. Un mouvement inédit dans l’histoire de l’antenne du groupe Lagardère. Pierrick Villette
    Les salariés d’Europe 1 ont levé, mercredi, la grève qu’ils menaient depuis le vendredi 18 juin. Un mouvement inédit dans l’histoire de l’antenne du groupe Lagardère. Pierrick Villette
     

    Médias. Face à Bolloré, silence radio du CSA et de l’État

    Jeudi 24 Juin 2021
    Caroline ConstantGrégory Marin

    Vincent Bolloré apparaît comme tout-puissant dans le paysage médiatique. Il existe pourtant des leviers que la puissance publique pourrait décider d’actionner pour empêcher les concentrations et garantir le pluralisme des idées.

     

    Un grand magnat des médias fond sur sa proie, la dépèce, sans que la société, sidérée, n’ait le temps de réagir. Sommes-nous condamnés à voir se répéter indéfiniment cette scène macabre ? Car, c’est ce qui s’est passé en 2016, quand Vincent Bolloré, déjà, avait mis la main sur I-Télé. Chacun se souvient de la brutalité de cette séquence, de cette grève de trente et un jours achevée par une vague de départs, suivis ou choisis, d’une chaîne de télévision débaptisée pour donner naissance à CNews, où se déverse depuis la haine de Zemmour, Praud et consorts. Est-ce à cette sauce que vont être mangés les salariés d’Europe 1 ?

    Mobilisés depuis vendredi, ils protestent contre le rapprochement éditorial entre leur station et CNews. Un rapprochement idéologique soutenu par une opération de terreur dans les couloirs, puisqu’un journaliste a été mis à pied en attente d’une sanction le 30 juin et plusieurs personnalités poussées vers la sortie. La grève a été levée mercredi après-midi, mais la question du devenir de ces salariés, et de la station, reste entière. Face aux appétits de Vincent Bolloré, Patrick Drahi ou autre Reworld Media, il existe pourtant des leviers d’action légaux.

    « On pourrait carrément couper les fréquences »

    Les salariés d’Europe 1 ont raison d’être inquiets. Pour David Assouline, vice-président de la commission des Affaires culturelles du Sénat, Vincent Bolloré a fait « un coup d’essai » en s’en prenant à I-Télé. « Il savait très bien qu’il y aurait conflit, ça lui permettait même de repérer un peu plus amplement qui va dégager.  À ce moment, certains hésitaient sur le réel projet de Bolloré : asseoir une puissance ? une direction ou une rédaction à sa botte ? » Aujourd’hui, son but est clair : fonder « un grand groupe de médias d’extrême droite », estime l’élu. Et « ce qui est le plus dangereux, en termes médiatiques, ce sont les valeurs antirépublicaines qu’il instille tous les jours », reprend le sénateur. Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris, est tout aussi sévère sur le danger. Ce qui se joue, selon lui, « ce ne sont donc pas seulement des mouvements économiques, mais aussi des mouvements de quadrillage politique du paysage informationnel. Ces mouvements politiques correspondent en parallèle à une radicalisation d’une partie des forces de droite et des forces du capital » (1).

    Quelles solutions, alors, face à cette situation ? Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pourrait être un levier. C’est d’ailleurs cette instance qui a condamné CNews à payer 200 000 euros d’amende à la suite des propos racistes de son éditorialiste vedette, Éric Zemmour. L’instance dispose par ailleurs d’un

     

     

     
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