• Télécoms. L’emploi ne répond plus chez SFR

     
     
    Un plan de licenciements injustifié, puisque, avec le déploiement dela fibre optique et de la 5G, l’activité est à la hausse. Ian Hanning/Rea
    Un plan de licenciements injustifié, puisque, avec le déploiement dela fibre optique et de la 5G, l’activité est à la hausse. Ian Hanning/Rea
     

    Télécoms. L’emploi ne répond plus chez SFR

    Jeudi 24 Juin 2021
    Pierric Marissal

    L’opérateur entend supprimer 2 000 postes, malgré ses très bons résultats. Les salariés se mobilisent aujourd’hui à l’appel des syndicats.

     

    À peine le précédent plan de réorganisation était-il bouclé que le nouveau était annoncé. 2 000 autres postes seront supprimés à l'horizon 2025 chez SFR, sous la forme d’un plan de départs volontaires. « La réorganisation nous a été annoncée et des services entiers vont être supprimés, la direction a tout décidé avant même de savoir qui veut partir », pointe Frédéric Vanden-Bil, de SUD télécoms SFR. Le syndicat appelle les salariés à une journée de grève ce jeudi pour refuser toute suppression de poste. De leur côté, la CFDT, l’Unsa et la CFTC, réunies en intersyndicale, proposent deux heures de débrayage pour peser sur le nombre d’emplois supprimés, et demandent un meilleur accompagnement pour ceux qui partent et de meilleures conditions de travail pour ceux qui restent. Dans leur communiqué commun, elles regrettent le fait qu’ « il est impossible de dialoguer et de négocier de façon constructive et loyale avec la direction de SFR, dont l’unique objectif est de dérouler son plan ».

    Un secteur qui a bénéficié de la pandémie

    Toutes les organisations en tout cas s’accordent sur le fait que ces suppressions de postes ne sont pas justifiées. Économiquement d’abord, puisque les résultats, tombés quelques jours après l’annonce du plan, sont excellents : Altice, maison mère de SFR, a réalisé, en 2020, 10,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, pour 4,3 milliards de résultat brut d’exploitation. Patrick Drahi, l’actionnaire majoritaire, avait salué une « forte performance et une meilleure trajectoire » et a vu sa fortune personnelle augmenter de 7 milliards d’euros entre mars et décembre 2020. Le plan n’est pas non plus justifié industriellement, puisque l’activité est en hausse, notamment avec le déploiement de la fibre optique et de la 5G. Le secteur a aussi bénéficié de la pandémie, avec le télétravail et l’école à la maison. Ce qui n’a pas empêché SFR de mettre ses 3 000 salariés dans les boutiques et 2 000 opérateurs au chômage partiel. « Pour ces derniers, l’entreprise a économisé 47 millions d’euros au premier confinement, payés par la solidarité nationale », rappelle Frédéric Vanden-Bil.

    SUD reconnaît dans la trajectoire que semble prendre SFR la stratégie déjà suivie par Free : « Une maison mère avec peu de salariés, et un ensemble de filiales dont on peut se débarrasser pour aller vers toujours plus de sous-traitance », craint Frédéric Vanden-Bil. Le syndicaliste se désole : « C’est comme ça qu’on s’est retrouvés avec des installateurs de fibre optique SFR brésiliens sans-papiers, employés dans des conditions déplorables par un sous-traitant de sous-traitant. »

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