• "Pour Darwin, la solidarité définit la civilisation"

     

    Au sein de la civilisation, par un renversement unique, la "sympathie" et la coopération sont devenues un facteur de progrès. Ce qui fait de l'être humain une exception dans le monde animal.

    Par Charles Giol

    Publié le 29 juillet 2018 à 18h08
     

    Patrick Tort est linguiste, philosophe et historien des sciences. Spécialiste de Darwin, il a notamment contribué à faire redécouvrir sa pensée anthropologique. Créateur de l’Institut Charles Darwin International, directeur d’une traduction en français des œuvres complètes du naturaliste chez Champion, il a par ailleurs consacré de nombreux essais à la question de l’évolution, dont "l’Effet Darwin. Sélection naturelle et naissance de la civilisation" (Seuil, 2008) et "Théorie du sacrifice. Sélection sexuelle et naissance de la morale" (Belin, 2017).

     

     

    Votre livre "l’Effet Darwin", paru il y a dix ans, livrait un réquisitoire implacable contre le darwinisme social. En quoi cette doctrine, qui s’appuie sur la théorie de l’évolution afin d’encourager la lutte pour la vie entre êtres humains, constitue-t-elle selon vous une trahison de la pensée de Darwin ?

    Rappelons d’abord que le courant de réflexion sociologique qu’on nomme le "darwinisme social" – l’expression date de 1880 – s’est constitué indépendamment de Darwin. Son fondateur, l’ingénieur et philosophe britannique Herbert Spencer (1820-1903), a déformé et réduit le concept de sélection naturelle, qu’il a découvert en 1858 lors de la présentation devant une société savante londonienne de la théorie élaborée par Darwin en collaboration avec le naturaliste Alfred Russel Wallace.

    L’année suivante, Darwin publie "l’Origine des espèces", le texte fond

     

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