• Près de Bordeaux, l’épicerie sociale et solidaire, un rempart contre la précarité et l’isolement

    Près de Bordeaux, l’épicerie sociale et solidaire, un rempart contre la précarité et l’isolement

    Bientôt dix ans après sa création, le Relais des solidarités, à Mérignac, a aidé plus de 360 personnes, des femmes seules ou des retraités notamment, à éviter de basculer dans la grande précarité, en proposant des aliments à bas prix et un accompagnement social

    Comme tous les jours de distribution de dons, le Relais des solidarités, à Mérignac, est rempli de familles qui viennent chercher leurs denrées alimentaires. Au milieu de l’agitation, la petite épicerie sociale et solidaire accueille un public différent. Devant le rayon, une retraitée rempli son panier, comme au supermarché : pâtes, œufs, viande, farine, produits d’hygiène… . Au moment de passer à la caisse, l’écran affiche 23 euros pour un sac bien rempli. Sauf qu’en grande surface, ce même panier vaut 78 euros. « C’est très avantageux, ça m’aide bien », acquiesce Janine Maleyran, 88 ans.

    L’épicerie sociale et solidaire, gérée par le Centre communal d’action sociale (CCAS), propose des aliments achetés en supermarché ou dans les petits commerces en circuit court, vendus à 30 % de leur prix initial. Un coup de pouce financier bien utile pour les personnes en difficulté, sans bénéficier pour autant de la totale gratuité comme pour les dons. « Au bout de neuf mois, le prix passe à 50 % du prix initial, pour que la personne apprenne à redevenir progressivement autonome », explique Jodie Achard, conseillère en économie sociale et familiale, qui gère l’épicerie.

    Accident de la vie

    À la différence du public inscrit sur la liste des dons, les personnes adhérentes à l’épicerie ne doivent pas toucher de minima sociaux. Elle cible plutôt les travailleurs en dessous du seuil de pauvreté. Celles et ceux qui sont à la limite de basculer dans la grande précarité. « Ce sont surtout des femmes seules avec leurs enfants, qui ont un emploi et qui vivent dans un logement social, mais aussi des retraités et quelques étudiants. Il y a aussi beaucoup des personnes qui ont vécu un accident de la vie ou des violences conjugales », précise Jodie Achard.

    Un drame familial a plongé Janine Maleyran dans le chaos du jour au lendemain. Son mari et son fils, experts judiciaires dans le bâtiment, ont été escroqués par un associé. « On a eu des dettes énormes qu’on ne pouvait pas rembourser. On nous a tout saisi. Mon fils n’a pas supporté et a mis fin à ses jours. Mon mari a des problèmes de santé. On souffre depuis deux ans, raconte-t-elle, les yeux embués. Je n’avais jamais eu de problèmes financiers dans ma vie. Je n’aurais jamais pensé que je me retrouverais dans cette situation. On a toujours tout surmonté mais là… Vous vous rendez compte, à mon âge… On m’a conseillé d’aller aux Restos du cœur mais je ne peux pas le supporter. »

    « On souffre depuis deux ans. Je n’aurais jamais pensé que je me retrouverais dans cette situation »

    Sur le chemin de sa descente aux enfers, l’octogénaire a croisé celui de l’épicerie sociale, un bon compromis pour « continuer à payer » ses aliments et préserver sa dignité. Mais elle a surtout trouvé ici le soutien de la conseillère sociale, avec qui elle a des rendez-vous hebdomadaires pour l’aider à gérer son budget. Un soutien moral et psychologique essentiel pour lui permettre de remonter doucement la pente. « Je ne sais pas comment j’aurais fait sans eux, heureusement qu’ils sont là. C’est une dame sensationnelle », remercie-t-elle en serrant sincèrement la main de la travailleuse sociale.

    Lien social

    Ce jour-là, comme tous les jeudis, les étagères se vident et se remplissent au rythme de l’arrivée des adhérents. Il faut sans cesse réapprovisionner les rayons. Émilie, une bénéficiaire accompagnée depuis plusieurs mois, se réjouit de cette « liberté financière » retrouvée, comme Béatrice, qui a pu également « élargir son cercle d’amitié » et retrouver du lien social grâce aux sorties organisées par l’épicerie. « Elles ont complètement changé entre le début et la fin de leur accompagnement », constate Jodie Achard.

    Virginie, seule avec ses deux enfants, s’est « sortie d’une grosse galère » après un accident de travail et s’est réinsérée professionnellement. Elle regrette toutefois la faible amplitude horaire de l’épicerie qui ne lui permet pas toujours de venir en dehors de ses heures de travail.

    Béatrice et Émilie se sont nouées d’amitié grâce aux sorties organisées par l’épicerie sociale et solidaire.

    Béatrice et Émilie se sont nouées d’amitié grâce aux sorties organisées par l’épicerie sociale et solidaire.
    DR

    Lancée il y a bientôt dix ans, l’épicerie a accompagné plus de 360 personnes depuis sa création. Elle ne peut aider qu’une trentaine de foyers en même temps. Pour l’adjointe déléguée à l’action sociale et solidaire, Sylvie Cassou-Schotte, ce lieu est une réussite même si « le nombre de familles accueillies n’est pas à la hauteur des besoins face à la hausse de la précarité et des inégalités qui se creusent. Il y a urgence à agir ».

    Depuis 2022, la durée d’accompagnement de l’épicerie est limitée à six mois, renouvelable une fois, pour essayer d’aider plus de personnes. D’ici à 2025, le CCAS lancera une épicerie sociale et solidaire mobile, pour « allers vers » les publics en difficulté, et notamment dans les quartiers de Beutre ou Beaudésert, avec un accès « plus ouvert » que l’épicerie actuelle.

     

     

     


  • Pourquoi l’ultime négociation sur l’emploi des seniors s’annonce délicate

     

    Ce lundi 8 avril, syndicats et patronat se retrouvent pour une dernière journée de discussion, avant de se concentrer à nouveau sur l’assurance chômage.

    C’est la journée de la dernière chance. Ce lundi 8 avril, les syndicats et les organisations patronales se rencontrent pour un ultime round de négociations, qui pourrait se prolonger jusque tard dans la nuit. Ils planchent toujours sur un nouveau « pacte de la vie au travail », à la demande de l’exécutif, avec pour objectif d’améliorer (entre autres) le taux d’emploi des seniors (55-64 ans). En 2022, ce dernier atteignait 56,9 %, son plus haut niveau depuis 1975, mais encore environ six points en dessous de la moyenne de l’Union européenne.

    En principe, les négociations devaient être bouclées au 26 mars, mais les organisations syndicales ont préféré retarder l’échéance, afin de digérer le volumineux projet d’accord envoyé par le Medef dans la dernière ligne droite, qui contient un certain nombre de dispositions « clivantes ». Pour tenter d’amadouer les syndicats, le patronat a renvoyé une nouvelle mouture début avril, que nous avons pu consulter.





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