Le quadragénaire un brin énervé garde son flegme. « Cela me rappelle un peu le boulot quand même, grince Stéphane. Je suis en vacances et passe une semaine à Bordeaux avant de partir au Pays basque. Mais je ne pensais pas devoir attendre le prochain tram à cause de l’affluence ! » La scène se passait sur la ligne B en milieu d’après-midi, pendant la canicule de la mi-juillet. Des Bordelais, des Girondins mais aussi beaucoup de touristes dans la rame bondée avec une chaleur délicieusement communicative au gré de l’hygiène de chacun.
Les choses ne semblent pas s’être arrangées depuis, par exemple sur la ligne A où un utilisateur régulier, Aurélien, décrit des rames surchargées et "des esprits qui s’échauffent dans les trams. Tout ceci envoie une mauvaise image aux nombreux touristes qui viennent découvrir Bordeaux aux mois de juin et juillet." Certains gardent pourtant le souvenir ému de rames vides, l’été…
Le réseau doit souffler
Y a-t-il un effet ciseaux entre les horaires d’été mis en place par TBM et une population embarquée restant visiblement importante ? Depuis la mi-juillet et jusqu’à fin août, la fréquence de passage des rames est en effet passée de 5 à 8 minutes et les terminus partiels, qui fluidifient les trafic en période pleine, sont temporairement désactivés.
Une nécessité selon Christophe Duprat, vice-président de Bordeaux Métropole en charge des transports et donneur d’ordres de Kéolis : il faut profiter de l’été pour réparer et rénover "un réseau de tram construit en 2003 et qui commence à vieillir. Il y a des voies à refaire, des matériels roulant à entretenir. Des travaux de maintenance lourds". Et les chauffeurs prennent leurs vacances. Bref, l’été, le réseau à besoin de souffler.
Et la période s’y prête car jusqu’en 2016, une baisse de 40% de fréquentation du réseau de transport en commun y avait été observé. Donc, « nous adaptons l’offre de transports au rythme des trafics », expliquait, à la mi-juillet, Aurélien Braud, directeur marketing commercial et intermodalité chez Kéolis Bordeaux Métropole. Avant de préciser : "Nous ne réduisons l’offre que de 25 à 30 %."
Une baisse de fréquentation sous-estimée ?
Mais les trams restent surchargés, car des éléments nouveaux compliquent les chosesen cet été 2017 : l’arrivée de la LGV tout d’abord. Selon Christophe Duprat, malgré la mise en place de renforts, notamment sur la ligne C du tram, "il va falloir un peu de temps pour évaluer l’afflux supplémentaire de touristes". Tout comme il faudra comprendre pourquoi "il y a beaucoup plus d’étudiants cet été qui font le trajet entre le campus et le centre-ville de Bordeaux. Phénomène qui n’avait jamais été observé".
Bref, selon l’élu, il se pourrait que l’affluence dans la capitale girondine en juillet et août soit plus importante qu’anticipé, surtout lorsque la météo capricieuse de ces derniers jours "pousse les vacanciers à venir visiter Bordeaux". Christophe Duprat fera le point avec ses équipe à la rentée pour tirer les enseignements de cet été 2017. "Les transports en communs bondés l’été, tous les touristes du monde connaissent ça. Ce n’est pas qu’à Bordeaux. Mais il faudra sans doute revoir les fréquences sur certaines lignes, notamment en juillet."
En attendant, le tram retrouvera ses pleines capacités pour la rentrée de septembre. Et il sera toujours bondé.