• E. Leclerc indique-t-il le prix du carburant avec et sans taxe?

    FAKE OFF Un post Facebook aux plus de 140.000 partages remercie l'enseigne E. Leclerc d'indiquer le prix du carburant avec et sans taxe...

    Alexis Orsini

     
    • Le post Facebook viral affirmant que l'enseigne E. Leclerc affiche le prix détaxé du carburant.
     

    Publié le 30/10/18 à 18h00 — Mis à jour le 31/10/18 à 09h46

     

    Le post Facebook viral affirmant que l'enseigne E. Leclerc affiche le prix détaxé du carburant. — capture d'écran

    • Un post Facebook de protestation contre la hausse du carburant remercie, photo à l'appui, E. Leclerc d'afficher le prix « taxé » et « détaxé » du carburant.
    • Le cliché en question montre les tarifs TTC du Sans Plomb 95 et du gazole et les tarifs hors taxe, soulignant leur différence importante.
    • Mais il s'agit en fait d'une station-service indiquant les tarifs sans taxe réservés à certains types de bateaux, comme le confirme à 20 Minutes la capitainerie de Bourcefranc-le-Chapus.

    EDIT du 31 octobre 2018 : ajout de la réponse d'E. Leclerc, reçue après publication.

    En pleine grogne généralisée contre la hausse du prix des carburants – qui donne lieu à un appel au blocage des routes le 17 novembre, notamment relayé par Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen –, un post Facebook dénonçant les taxes en vigueur sur le carburant rencontre un succès conséquent.

    Cette photo d’une station-service E. Leclerc affichant les prix au litre du sans plomb 95 et du gazole, mais aussi leur tarif lorsqu’ils sont « détaxés » a en effet cumulé plus de 140.000 partages en seulement deux jours – tout en étant parallèlement relayée sur Twitter.

     « C'est de pire en pire, on nous prend pour des cons sauf chez Leclerc.... Attention, c'est [à] titre indicatif le prix du carburant détaxé » affirme le texte accompagnant cette photo, qui aurait été prise le 28 octobre, selon sa légende. Le Sans Plomb 95 affiché coûte ainsi 1,51 euros au litre (contre 0,67 euros hors taxe) et le gazole 1,46 euros (contre 0,64 euros hors taxe).

    « Leclerc nous fait constater le prix taxé et détaxé » se félicite le post… alors que ces tarifs ne sont en réalité pas destinés aux automobilistes mais à certains marins bénéficiant d’une exemption sur les taxes en vigueur.

  • Plusieurs agglomérations ont instauré la gratuité des transports urbains : AubagneDunkerqueNiort ... Même Paris y réfléchit. Les dirigeants de ces agglomérations sont-ils des gens clairvoyants ou bien démagogues ?

    JPEG

     

    Une levée de boucliers

    En fait, l'idée de gratuité des transports soulève une montagne d'objections et de réfutations.

    La présidente de région Île de France, Valérie Pécresse, a riposté à l'idée de gratuité en commandant un rapport qui préconise ... d'augmenter les tarifs !

    La FNAUT (Fédération Nationale des Associations d'Usager des Transports) est vent debout contre la gratuité, en assurant que les usagers de la demandent pas (mais je ne sais pas qui leur a demandé leur avis). La FNAUT a ainsi cosigné avec l'UTP un argumentaire en 10 points contre la gratuité. Ah oui, vous ne savez pas ce que veut dire "UTP" ? Regardez ici !

    Bon, détaillons ces dix arguments :

    1. La gratuité n'existe pas : il faut bien que quelqu'un paye.
    2. La gratuité n'est pas compatible avec l'évolution des finances publiques.
    3. La gratuité n'est pa favorable au développement de l'offre de transports publics.
    4. La gratuité singularise les transports par rapport aux autres services publics.
    5. La gratuité n'est pas la meilleure forme d'équité sociale.
    6. La gratuité n'est pas favorable au développement durable.
    7. La gratuité peur altérer la perception de la valeur du service.
    8. La gratuité n'est pas compatible avec le modèle économique du secteur.
    9. La gratuité n'est pas une demande des utilisateurs.
    10. La gratuité est difficilement réversible.

    Dans cette liste d'arguments, qui fait feu de tout bois, le plus drôle est certainenement le dernier. En effet, la FNAUT, qui est sensée défendre les intérêts des usagers laisse entendre que si la gratuité est mise en place, alors les usagers ne voudront plus revenir en arrière, et que c'est donc une bonne raison pour ne pas l'instaurer !

    Face à de tels arguments, on se demande bien comment des agglomérations sont quand même passées à l'acte !

    Dans la suite de cet article, je vais dégager les arguments pour la gratuité des transports.

    Des villes asphyxiées par l'automobile

    Ce constat, tout le monde peut le faire La ville crève de l'automobile. La seule pollution particulaire provoque 40 000 décès par an en France. C'est 10 fois plus que les accidents de la route !

    Dans l'agglomération loriantaise, la voiture représente 56% des déplacements, contre 6% pour les transports collectifs. Dans l'agglomération lilloise, ces proportions sont respectivement de 57% (voiture) et 10% (transports collectifs). On pourrait multiplier les exemples, ils donnent le même genre de résultats, sauf dans les très grandes villes.

    Des transports en commun peu fréquentés ...

    6% ou 10% des déplacements, ce n'est vraiment pas beaucoup, surtout que les transports en communs drainent en grande partie une clientèle captive, notamment scolaire. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter les horaires de bus pendant les vacances scolaires dans de très nombreuses villes.

    ... Mais très coûteux

    Au fait, qui paie les bus ? On pourrait croire que ce sont les usagers. En fait, une grande partie est financée par le versement transports, qui est une taxe versée par les entreprises. Dans les douze plus grandes agglomérations, le versement transport finance 45 % du budget transport et représente en moyenne plus de 190 € par habitant et par an (source Wikipedia).

    Dans la région parisienne, la billetterie ne couvre que 30% du prix des transports en commun. Le reste est assuré par le versement transport des entreprises ou bien par des apports des collectivités ou des employeurs (qui payent donc deux fois ...). Cette proportion de 30% se retrouve à peu près dans toute la France. Ceci veut dire que si l'usager devait payer la totalité, il faudrait plus que tripler le prix des billets de bus !

    Prenons l'exemple de l'agglomération d'Annecy : le budget 2018 de la Sibra est de 34,3 millions d'euros, La principale source de revenus de la Sibra est le versement transport (55%) tandis que la billetterie ne rapportent que 20 % de ce montant (source : Wikipedia)., tout cela pour assurer 6% des déplacements urbains (contre 64% pour la voiture).

    Voyons voir, Annecy dépense 34.8 millions d'euos (170€ par habitant) pour 6% des déplacements. Si tous les autres déplacements coûtaient aussi cher, cela ferait un budget total de 580 millions d'euros pour les déplacements urbains d'une agglomération de 205 000 habitant. Chaque habitant dépenserait donc près de 3000 euros annuels pour ses déplacement urbains !

    Au vu de ces chiffres, le budget des transports en communs est en grande partie gaspillé ! Si ceux-ci devenaient gratuit à Annecy, la recette de la billetterie serait forcément remplacée par une augmentation des impôts locaux, mais celle-ci ne représenterait que 34€ par an et par habitant. Instaurer la gratuité des bus à Annecy reviendrait donc à inclure dans les impôts locaux un abonnement annuel de 34€ par an. C'est dérisoire.

    On pourra faire le même calcul dans de nombreuses villes moyennes françaises.

    Pourquoi les gens prennent-ils leur voiture ?

    Il existe des tas de raisons à la préférence pour la voiture : commodité, rapidité etc. Mais il y en a une qu'il ne faut pas négliger : la voiture coûte moins cher que les tickets de bus.

    Cela peut sembler étonnant, puisqu'on ne compte pas moins de 0.41€ par km, même pour une petite voiture. Pour comprendre ce paradoxe, il faut introduire une notion assez peu connue : le coût marginal.

    En effet, pour arriver à un coût de 0.41€ par km, il faut diviser le coût total annuel de sa voiture par le nombre de km parcouru. On obtient ainsi un coût kilométrique moyen, mais ce n'est absolument pas avec celui-ci que raisonne l'automobiliste.

    En fait , une personne qui doit arbitrer entre le bus et l'automobile considère qu'il a déjà payé un certain nombre de dépenses fixes pour sa voiture (amortissement, assurance, entretien, garage, etc). Qu'il prenne sa voirure ou pas, cet argent est dépensé de toutes façons. L'automobiliste ne prendra donc en compte que le coût supplémentaire induit par le trajet en voiture. Or ce dernier et faible. Un voiture consomme à peu près 7 litres d'essence au 100 km. À 1€50 le litre, cela ne représente que 0.11 euro par km. Dans des villes moyenne, la voiture est ainsi moins chère que l'autobus si on raisonne sur le coût marginal.

    En conclusion

    Dans l'état actuel des choses, le prix du billet ne couvre qu'une faible part du coût total des transports en commun. Pourtant le prix du billet suffit à dissuader de prendre l'autobus plutôt que la voiture. Dans ces conditions, une grande partie de l'argent que met le contribuable dans les réseaux d'autobus est gaspillée.

    Instaurer la gratuité reviendrait à inclure un abonnement au bus dans les impôts locaux pour un montant dérisoire. Une telle proposition n'est donc pas du tout absurde et pourrait diminuer la part du transport automobile en zone urbaine, tout en valorisant les fonds publics considérables déjà affectés aux transports publics.