• Rugy au JDD sur le nucléaire : "Il aurait fallu que les annonces soient suivies d’effets"

      22h45 , le 27 octobre 2018

    Sur le nucléaire, l’ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot avait obtenu des gages. Son successeur François de Rugy en cherche aussi auprès d'Emmanuel Macron, qui a repoussé ses annonces à la mi-novembre.

    François de Rugy et Nicolas Hulot lors de la passation de pouvoir au ministère de la Transition écologique.

    François de Rugy et Nicolas Hulot lors de la passation de pouvoir au ministère de la Transition écologique. (Romuald Meigneux/Sipa)
     

    Le voilà plongé dans le grand bain, celui du nucléaire et de l’énergie. Et comme Nicolas Hulot, comme tous ses prédécesseurs, François de Rugy y vit de pénibles moments de solitude. "Depuis la loi sur la transition énergétique, on a perdu trois ans", déplore le ministre de la Transition écologique. "Il aurait fallu que les annonces soient suivies d’effets", soupire-t-il, en évoquant cette loi votée en 2015 qui prévoyait, à l’horizon 2025, de ramener la part du nucléaire de 75 à 50% dans la production d’électricité. Il ajoute : "Oui, à ce ministère, c’est difficile. Si on ne veut parler que des bonnes nouvelles dans le journal, il faut changer de ministère..."

    Hulot était inquiet

    Avant de démissionner, fin août, Nicolas Hulot planchait sur cette fameuse programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), censée permettre d’atteindre ces objectifs. "L’été dernier, quand il est parti en vacances, il était inquiet, confie un de ses proches. Il savait que c’était le point d’orgue de l’année : soit il réussit à changer la politique énergétique, soit il se fait tordre le bras par les lobbys." Puis Hulot s’en est allé. Le 28 août, lorsqu’il démissionne en direct, il évoque le "nucléaire, cette folie inutile". Et l’admet : il n’a pas "réussi à convaincre".

    Lire aussi - François de Rugy, un ambitieux au ministère de la Transition écologique et solidaire

    Depuis, Rugy a récupéré le dossier. "En arrivant, il n’a pas trouvé un arbitrage clair sur la PPE, explique-t-on dans son entourage. Mais des piles de scénarios, ça oui. Il a choisi le sien et il mène aujourd’hui la bataille pour que les arbitrages s’en rapprochent le plus possible." Vendredi dernier, un document de travail du gouvernement a fuité : le passage sur le nucléaire inquiète les ONG et certains députés. "En creux, c’est un programme de relance du nucléaire où l’on envisage la construction d’une nouvelle série d’EPR, dénonce le député En Marche et proche de Hulot, Mathieu Orphelin. Ce qu’il faut relancer, ce sont les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie."

     
    Par Arthur Nazaret

  • Accueil des migrants : la nouvelle mise en garde de Macron aux Etats les plus récalcitrants de l'UE

      07h47 , le 26 octobre 2018

    Avant une visite en Slovaquie et en République tchèque, Emmanuel Macron a lancé dans plusieurs journaux un avertissement aux pays, notamment la Pologne et la Hongrie, qui ne respecteraient pas la "solidarité" européenne.

    Emmanuel Macron avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban le 20 septembre en Autriche.

    Emmanuel Macron avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban le 20 septembre en Autriche. (Reuters)

    Le face à face se poursuit entre Emmanuel Macron et le groupe dit de Visegrad, réunissant Hongrie, Slovaquie, République tchèque et Pologne. Et ce, alors que le chef de l'Etat est attendu à partir de vendredi dans la capitale slovaque Bratislava et la tchèque, Prague. Dans une interview à 4 journaux tchèque, polonais, slovaque et hongrois diffusée en amont de cette visite, le président français a appelé ces Etats à leur devoir de "solidarité". "L'Europe n'est pas un supermarché", a-t-il répété en s'inquiétant des positions anti-migrants et des dérogations aux principes du droit en Pologne et en Hongrie.

    "Nous avons une exigence collective de cohérence et de solidarité. On ne peut bénéficier du budget européen sans admettre la solidarité en matière migratoire par exemple", a déclaré Emmanuel Macron. "On ne peut chercher à réduire sa contribution au budget européen sans comprendre ce que le marché unique apporte par ailleurs. Si on veut tuer l'Europe, on continue comme cela. L'Europe n'est pas à sens unique : c'est un engagement réciproque", poursuit-il. Une prise de position réaffirmée à sept mois des élections européennes, où le président français s'attend à un duel entre "progressistes" et nationalistes. Le groupe de Visegrad refuse catégoriquement une répartition obligatoire des migrants entre pays de l'UE.

    Macron s'en prend encore à la Pologne et la Hongrie

    Emmanuel Macron a également lancé un avertissement portant sur les réformes judiciaires en Pologne. Il a ainsi dit espérer "que le gouvernement polonais fera les gestes nécessaires pour répondre aux inquiétudes de la Commission et de ses partenaires". 

     

    Une Europe qui fait fi de la diversité des idées et des croyances [...], c'est une trahison de ce que nous sommes

    Egalement interrogé sur les propos du dirigeant hongrois Viktor Orban, qui le considère comme son principal adversaire pour ces élections européennes, le président français a estimé que "la situation de l'Etat de droit en Hongrie connaît des développements préoccupants", avec des menaces sur l'équilibre des pouvoirs et le travail des ONG. "J'ai une bonne relation avec Viktor Orban, que je respecte personnellement et comme Premier ministre choisi par le peuple hongrois. (...) Mais une Europe qui fait fi de la diversité des idées et des croyances, de l'indépendance de la justice ou de la presse, de l'accueil des réfugiés qui ont fui des persécutions politiques, c'est une trahison de ce que nous sommes", a ajouté le président français.

    Des compromis espérés avec la Slovaquie et la République Tchèque

    Revenant sur l'assassinat du journaliste d'investigation slovaque Jan Kuciak en février dernier, il a affirmé que "menacer, attaquer ou tuer des journalistes porte atteinte aux fondements de nos démocraties". Le président tchèque Milos Zeman, connu pour ses positions anti-migrants et qu'Emmanuel Macron rencontre vendredi soir, s'en prend régulièrement à la presse, sur le ton de l'humour noir. En octobre 2017, il s'était présenté à une conférence de presse muni d'une kalachnikov factice sur laquelle était écrit "pour les journalistes".

    Au cours de cette visite de deux jours en Slovaquie et en République Tchèque, Emmanuel Macron va toutefois tenter de trouver des compromis, notamment sur la répartition obligatoire des migrants, où Paris s'oppose en particulier à l'Italie et à la Hongrie. En quête d'alliés pour ses autres projets de réformes de l'UE, le dirigeant français veut renouer avec les pays d'Europe centrale. Il partage notamment les mêmes vues que ses deux pays hôtes sur le renforcement de la zone euro, la taxation des géants du numérique ou l'Europe de la défense. Bratislava et Prague avaient aussi soutenu la France l'année dernière pour réformer la directive sur le travail détaché.

    Samedi matin, après la visite d'une exposition à Prague, Emmanuel Macron se rendra en Turquie, à Istanbul pour le sommet sur la Syrie en présence des dirigeants Recep Tayyip Erdogan, Angela Merkel et Vladimir Poutine.

    Par Arnaud Focraud