Question posée par Thomas le 27/05/2019
Bonjour,
Au Parlement européen, le Rassemblement national aura bientôt entre 23 et 25 sièges et La République en marche de 22 à 24 sièges, selon les résultats publiés par l'Ipsos. Le parti de Marine Le Pen récolte 23,4% des suffrages exprimés, contre 22,4% pour la liste menée par Nathalie Loiseau. Les projections des sondeurs ne sont pas très éloignées du résultat sur ce point. Mais comme vous le relevez dans votre question, que nous avons modifiée, les instituts de sondages se sont en revanche assez largement trompés concernant Europe Ecologie-Les Verts et Les Républicains : «Les sondages ont-ils vu la percée d’EE-LV et la chute de LR aux européennes ?»
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CheckNews a relevé les scores que prévoyaient quatre instituts de sondages (Ifop, Ipsos, Harris Interactive, Elabe) pour les onze listes arrivées en tête aux européennes de dimanche. Et ce à trois échéances : juste avant le scrutin, à la mi-mai et au début du mois. L’ensemble des résultats est à retrouver ici. Ci-dessous, nous avons calculé la moyenne de ces quatre estimations, pour chaque date et chaque liste.
Résultat : les sondeurs ont vu juste pour LREM et ont légèrement surestimé le Rassemblement national. Mais la surprise est totale pour Europe Ecologie-Les Verts. Alors que la tendance semble même légèrement à la baisse (8,4% en moyenne juste avant le scrutin, contre 9% au début du mois), les écolos battent les pronostics de près de 5 points. A l’inverse, Les Républicains, quoique donnés à la baisse sur le mois (de 14,3% à 12,9%), sous-performent complètement par rapport à ce qui était annoncé, de plus de 4 points. Dans une moindre mesure, il en va de même pour La France insoumise, qui réalise près de 2 points de moins que les prédictions de la moyenne des sondeurs (6,3% dans les urnes contre 8,1% dans les sondages).
«Je peux encore changer d’avis»
Comment expliquer la différence entre pronostics et réalité, notamment sur les cas d’EE-LV et de LR ? Une des justifications avancées par les sondeurs est la participation, plus élevée que prévu. Donnée à la hausse sur tout le mois de mai (+5 points sur la période), elle s’est finalement établie à plus de 50%, plus haut qu’aucun institut ne l’avait envisagé. Il s’agit d’une «mécanique de mobilisation», décrit Brice Teinturier sur France Inter au lendemain du scrutin qui a pu induire en erreur les sondeurs. Mais «ce n’est pas sur la participation qu’il y a eu le plus de problèmes», estime toutefois le directeur général délégué de l’Ipsos.
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«Le vrai problème, il est sur la droite. Une droite qui finit à 8,2%, personne ne l’avait», constate Teinturier, qui s’en explique : «On avait de très nombreux électeurs, des LR, qui hésitaient avec La République en marche.» Cette «fluidité», selon le sondeur, permettrait aussi de comprendre l’imprévue percée écolo : «Ceux qui nous disaient "je peux encore changer d’avis" chez les sympathisants, chez les électeurs de LREM, étaient 37% à nous dire qu’ils pouvaient ensuite voter, en second choix, soit pour les écologistes, soit pour Place publique.»
Si raté il y a eu, les instituts de sondage estiment donc pouvoir l’expliquer. D’une autre manière, c’est aussi ce que dit un éditorialiste de France Culture dans un billet intitulé «La grande défaite des sondeurs», au lendemain des européennes : «Ce qui est certain, c’est que plus rien n’est certain.»