• "L'IA réduit nos pensées, notre langage à des stéréotypes calculés sur les moyennes du passé"

    Anne Alombert et Gaël Giraud décryptent le rétrécissement de la pensée induit par l'intelligence artificielle.
    Riccardo Milani / HANS LUCAS

     

    "L'IA réduit nos pensées, notre langage à des stéréotypes calculés sur les moyennes du passé"

     

    "L'IA réduit nos pensées, notre langage à des stéréotypes calculés sur les moyennes du passé"

    Mimétisme, réflexes prédictifs, moyennisation...Dans « Le Capital que je ne suis pas » (Fayard), l'économiste jésuite Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, et Anne Alombert, maîtresse de conférences en philosophie contemporaine à l'université Paris 8, décryptent le rétrécissement de la pensée induit par l'intelligence artificielle. Entretien avec la coautrice.

    À vous lire, on a le sentiment que les algorithmes nous rendent médiocres et influençables. Est-ce là votre thèse ?

    Anne Alombert : Avec Gaël Giraud, nous constatons que le débat autour de l’Intelligence artificielle est très manichéen. D’un côté, il suscite une vision apocalyptique, prédisant la prise de pouvoir des machines. De l’autre, on nous suggère simplement de nous adapter à un « progrès » technologique inéluctable et, par ailleurs, réputé inoffensif.

    Enfin, une troisième voie préconise de boycotter tout simplement les Intelligences génératives et les plateformes numériques. Nous pensons qu’il faut avant tout élucider la politique de ces algorithmes et le modèle économique sous-jacent des entreprises qui les exploitent, lancer un débat démocratique et proposer des alternatives. C'est ce que veut faire notre livre.

    En cela, vous rejoignez la thèse du chercheur Michel Desmurget, auteur du livre Le crétin digital, qui parle de « décérébration » lorsqu’il évoque l’impact du numérique sur le cerveau…

    Non, pas exactement. Selon nous, ce n’est pas le numérique ou l’Intelligence artificielle en général qui posent problème mais certains modèles d’affaire fondés sur la captation des attentions, ainsi que le développement de technologies visant à remplacer nos facultés d’interprétation par des calculs statistiques.

     

     

     

     

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