• Loi immigration : Borne recadre Le Maire

     

    Lors d’une réunion à Matignon avec les responsables de la majorité, jeudi matin, la cheffe du gouvernement a indiqué avoir rappelé à l’ordre son ministre après sa prise de position sur le projet de loi.

    C'est peu dire que la sortie de Bruno Le Maire, en pleine crise sur le projet de loi immigration, est mal passée auprès d'une partie de la majorité. Dans Le Figaro, mercredi, le ministre de l'Économie a appelé à « reprendre la version du Sénat » amputée toutefois de « deux points sensibles : l'aide médicale d'État (AME) et les conditions d'accès aux aides sociales ». « Le seul moyen » que la loi passe, selon le transfuge de la droite.

    Peu coutumier de prises de position aussi tranchées sur des sujets dont il n'a pas la charge, l'homme fort de Bercy a surpris ses collègues et les parlementaires. « Il joue contre son camp. Il fait ça pour faire exploser la commission mixte paritaire », griffe un responsable de la majorité. Selon cet élu, Bruno Le Maire chercherait en effet à compliquer la tâche de la Première ministre Élisabeth Borne et du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'acharnent ces jours-ci à tenter d'aboutir à un compromis avec la droite et les centristes avant la CMP, qui aura lieu lundi en fin de journée.

    Toujours aux yeux de ce parlementaire, l'ancien candidat à la primaire des Républicains anticiperait un échec sur ce texte, à même de disqualifier la cheffe du gouvernement et son collègue de Beauvau, lui libérant la voie pour Matignon.

    Acte d'autorité

    Une attitude qui a fortement déplu à Élisabeth Borne. Ce jeudi matin, lors d'une réunion avec les responsables de la majorité, Gérald Darmanin et Franck Riester (Relations avec le Parlement), la locataire de Matignon a indiqué avoir sèchement recadré son ministre. « J'ai téléphoné à Bruno Le Maire. Je lui ai rappelé que le déficit en 2023 s'élevait à 4,9 % du PIB, qu'il devait être ramené à 4,4 % en 2024 et qu'il serait de bon ton de commencer à s'en occuper. » 

    Élisabeth Borne pense que, si le texte aboutit, elle pourra rester en poste et que, dans le cas contraire, elle devra partir. Elle se met beaucoup de pression.un soutien de la Première ministre

    Un acte d'autorité peu commun de la part de la Première ministre, qui illustre l'état ambiant de tension et de fébrilité depuis qu'Emmanuel Macron a sommé le gouvernement d'aboutir rapidement à un accord sur la loi immigration, après le vote de la motion de rejet dans l'hémicycle. Propulsée en première ligne après l'échec de son ministre et rival Gérald Darmanin, Élisabeth Borne pilote notamment les discussions avec Éric Ciotti, Olivier Marleix et Hervé Marseille. Dans l'entourage de « BLM », on dément tout rappel à l'ordre et coup de fil de remontrances. « Élisabeth Borne pense que, si le texte aboutit, elle pourra rester en poste et que, dans le cas contraire, elle devra partir. Elle se met beaucoup de pression », décrit l'un de ses soutiens, qui met toutefois en garde : une CMP conclusive ne garantit pas que la loi soit votée ensuite à l'Assemblée. « Le problème de ces négociations, c'est que personne n'assure les voix ensuite dans l'hémicycle, s'inquiète un élu, et que tout le monde a intégré, à tort, que le quinquennat était fini si le texte tombait. »

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