• loin d’être terminé d’ici au 20 janvier, date de sa probable intronisation

    Les 5 défis de Biden avant de faire son entrée à la Maison Blanche

     

    La voie semble se dégager devant Joe Biden à mesure de la prise en compte des votes massifs par anticipation qui profite au candidat démocrate à la Maison Blanche, mais le camp de Donald Trump a engagé des procédures juridiques et réclame de nouveaux décomptes dans certains Etats clefs. Selon les dernières projections de l’institut Edison Research disponibles jeudi matin, Joe Biden est crédité de 243 grands électeurs contre 214 pour Donald Trump. Les projections d’AP et de la chaîne Fox sont plus favorables encore à l’ancien vice-président de Barack Obama, qu’elles créditent de 264 grands électeurs, à portée de la barre fatidique des 270 voix.

    C’est entendu, Joe Biden est un « nice guy ». Un « mec bien » qui serait un « président normal » en comparaison avec Donald Trump, à en croire les analystes politiques américains. Mais si ce qualificatif ne rappelle pas forcément de bons souvenirs en France, il est surtout mal adapté à la situation que va devoir affronter le candidat démocrate s’il emporte bel et bien cette élection présidentielle. Il n’aura guère le temps de savourer son succès, ni même de lever le pied après sa campagne marathon tant les jours et les semaines à venir s’annoncent difficiles. C’est, en effet, une véritable course de haies qui l’attend avant d’arriver à la Maison Blanche, ce 20 janvier. Au moins cinq défis se présentent devant lui durant cette « overtime period » comme l’appellent les Américains.

    1. Batailler sur le plan juridique dans plusieurs Etats

    L’équipe de juristes de Donald Trump qui avait déjà déposé plusieurs centaines de plaintes avant même la tenue du scrutin, le 3 novembre, est plus que jamais sur le pied de guerre. A coups de dénonciations de fraudes, de sommations d’arrêt des dépouillements et de demandes de recomptage des bulletins de vote, l’objectif est d’empêcher qu’un « petit groupe de gens » ne vole l’élection pour reprendre l’expression de l’hôte de la Maison Blanche. « Si nous comptons tous les bulletins légaux, le président gagne », assure Bill Stepien, son directeur de campagne. Sont dans l’œil du viseur les Etats où le vent est en train de tourner en faveur de Joe Biden comme le Nevada, le Wisconsin, le Michigan, la Georgie, l’Arizona et la Pennsylvanie où Rudy Giuliani, l’avocat personnel de Donald Trump, s’est rendu en personne. De son côté, l’équipe de Joe Biden ne reste pas inactive. « Nous allons défendre cette élection et nous n’avons rien d’autre à faire que de protéger les droits des électeurs et de défendre le processus démocratique », explique Bob Bauer, le conseiller du candidat démocrate, ancien avocat personnel de Barack Obama à la Maison Blanche. Les deux parties qui s’apprêtent à batailler sur le front juridique ont sollicité leurs soutiens financiers pour cette autre campagne qui s’annonce coûteuse. Via le « Biden Fight Fund » pour ce qui est du démocrate.

    2.Calmer l’impatience de ses troupes

    « Votre patience est remarquable. Nous savons que cela va prendre du temps. Nous devons être patients le temps que le travail soit terminé. Ce n’est pas à moi ou à Donald Trump de déclarer qui est le gagnant. C’est aux électeurs. On est confiant. Gardez la foi, les mecs, on va gagner ». Dès le soir de l’élection, Joe Biden s’est attaché à calmer ses troupes et à leur demander d’être patients. « Pour progresser, nous devons cesser de traiter nos opposants comme des ennemis. Nous ne sommes pas des ennemis », a-t-il encore tweeté mercredi. Car si la tenue du scrutin s’est déroulée dans le calme, la tension risque de grimper au fil des jours. Mercredi, à Detroit, des supporteurs de Donald Trump ont tenté d’envahir des locaux où étaient dépouillés des bulletins de vote aux cris de « Stop the count ». Les manifestations anti-Trump de leur côté sont circonscrites pour l’instant à Portland (Oregon), point chaud de la contestation contre les violences policières à l’égard des noirs cet été.

    3.Préparer la transition

    Sous l’adresse buildbackbetter.com, tiré de son slogan de campagne, l’équipe de transition de Joe Biden et Kamala Harris a déjà son site internet. Il reste désormais à l’animer. C’est la tache de Ted Kaufman, un proche du candidat démocrate à qui il avait succédé au Sénat. Il est l’auteur d’une loi édictant les règles à suivre pour le passage de témoin entre deux présidents. Depuis juin, il a formé une équipe d’une centaine de personnes, aujourd’hui, composée d’anciens de l’administration Obama, de responsables du parti démocrate de toutes sensibilités comme des proches de la très progressiste Elizabeth Warren ou du centriste Pete Buttigieg, ses anciens concurrents dans la course à l’investiture. Il s’agit de former un gouvernement, de nommer quelque 4 000 personnes à des postes clés (dont 1 200 doivent être confirmées par le Congrès) et préparer les premiers jours du Président nouvellement élu.

    4.Gérer Donald Trump et les siens

    L’alter ego de Ted Kaufman est censé être Mark Meadows, le secrétaire général de la Maison Blanche de Donald Trump. Mais difficile d’avancer tant que l’intéressé n’a pas reconnu sa défaite. Et la date d’intronisation est le 20 janvier…  « Eh bien, on verra ce qui arrive. Vous le savez », s’était contenté de répondre Donald Trump, fin septembre, à la question d’un journaliste de savoir s’il accepterait « un passage de pouvoir en douceur ». Le président n’a jamais caché qu’il était prêt à contester une éventuelle défaite jusque devant la Cour suprême des Etats-Unis. « Si on en arrive là, c’est que la situation sera chaotique », s’inquiète le politologue américain Benjamin Ginzberg. Joe Biden peut espérer compter sur quelques dirigeants républicains modérés, à l’image de Mitt Romney. « Une passation de pouvoir pacifique est fondamentale à une démocratie. Sans cela, c’est la Biélorussie. Toute suggestion qu’un président ne puisse respecter la Constitution est impensable et inacceptable », a twitté le sénateur de l’Utah en septembre. Par ailleurs, des ONG commencent à s’inquiéter du non-respect par l’administration Trump de son obligation légale de préservation des documents.

    5.Gérer l’ego de ses soutiens

    Abondance de candidats ne nuit pas, mais Joe Biden va devoir gérer les susceptibilités de ceux qui l’ont soutenu durant cette campagne. A en croire la presse américaine, ses soutiens progressistes Elizabeth Warren et Bernie Sanders se verraient bien occuper les postes de secrétaire au Trésor et de secrétaire au Travail. Amy Klobuchar, la sénatrice du Minnesota, l’une des premières à s’être désistée en faveur de Joe Biden lors des primaires démocrates, est annoncée à la justice. On parle de Pete Buttigieg, un temps candidat à l’investiture démocrate, comme ambassadeur à l’ONU ; de Susan Rice, l’ancienne conseillère à la sécurité de Barack Obama comme secrétaire d’Etat, et de John Kerry, l’ancien chef de la diplomatie américaine du temps d’Obama, au climat. Mais s’il en arrive à ce stade, cela voudra dire au moins que Joe Biden aura franchi avec succès toutes les haies précédentes…

     

    « Ce sera une vraie police de proximité"Indisciplinés »