• "Nos élites ont perdu conscience du modèle social français"

     

    Professeur au Collège de France depuis 2012, Alain Supiot est un de nos meilleurs spécialistes du droit social. Il propose des pistes pour réenchanter « la démocratie sociale ».

    Professeur au Collège de France depuis 2012, Alain Supiot est un de nos meilleurs spécialistes du droit social. Son livre l'Esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total (Seuil, 2010) est un classique du genre. Il y dénonçait avec lucidité les dégâts causés par la déréglementation néolibérale. « Réformer ne consiste pas à s'adapter à l'injustice du monde », écrivait-il, en guise d'avertissement. « Liquider toute espèce d'interdit au nom de la liberté économique ne peut qu'engendrer l'écrasement du faible par le fort et ouvrir les vannes de la violence » , ajoutait-il. Le mouvement des « gilets jaunes » - avec ses risques de manipulation par les extrêmes - lui a donné raison. Huit ans après, il réitère pour Marianne son diagnostic, et propose des pistes pour réenchanter « la démocratie sociale ».

    Vous êtes de ceux qui usent de la fonction tribunitienne avec parcimonie. Ce qui n'empêche pas vos interventions dans la presse ou à la radio d'être extrêmement prémonitoires. Que ce soit lors de la campagne présidentielle de 2007, où vous regrettiez que la fonction publique soit évacuée du débat sur le travail, ou plus récemment à l'occasion de la loi El Khomri au printemps 2016, où vous dénonciez le moins-disant social provoqué par les « potions néolibérales censées doper la croissance et l'emploi » . Au vu des récents événements, quel regard portez-vous sur le mouvement des « gilets jaunes » ?

    Alain Supiot : J'y lis en filigrane la première phrase de la constitution de l'...

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