• Ce contrat pour intérimaires a été pérennisé dans le projet de loi Avenir professionnel. Pour le patronat, c'est une aubaine.

    Par Benjamin Arnaud

    Publié le 02 août 2018 à 07h34
     

    "Totale précarité" ou sortie du chômage ? Le CDI intérimaire a été sanctuarisé dans le Code du Travail dans le cadre du projet de loi Avenir professionnel, officiellement adopté ce mercredi 1er août. Ce contrat, qui garantit entre deux missions un salaire payé par l'entreprise de travail temporaire qui emploie l'intérimaire, est expérimenté depuis 2013 et a déjà été signé par plus de 35.000 personnes. 1.000 CDI intérimaires sont signés chaque mois. Mais cela reste assez peu en comparaison des 700.000 équivalents temps plein actuellement dans l'intérim.

    L'idée est simple : un contrat à durée indéterminée classique est signé avec une agence d'intérim, qui en échange propose des missions successives. Elles peuvent durer jusqu'à 36 mois contre 18 mois pour une mission d'intérim classique. Dans les périodes d'inactivité entre chaque mission, une rémunération minimale est garantie. Points négatifs : les indemnités de fin de mission sont supprimées, l'intérimaire doit accepter toutes les missions proposées dans un délai d'une demi-journée, même moins rémunérées et/ou loin de son domicile. Il doit aussi se tenir à la disposition de l'agence entre deux missions.

     

    Avec la sanctuarisation du CDI-i, certains syndicats dénoncent une précarisation des intérimaires. Selon Franck Picaud, coordinateur de la branche intérim au syndicat Force ouvrière, "c'est un contrat qui ne bénéficie ni des avantages du CDI classique, ni de ceux de l'intérim traditionnel. Il n'y a plus de prime de fin de mission, ni de prime de congés payés, cela représente 20% de revenus en moins", s'indigne-t-il. "Les congés sont imposés pendant les périodes d'intermission et ils profitent très peu de leurs droits à la formation."

    "Flexi-sécurité" à la Macron

    Le patronat de l'intérim, Prism'emploi, se réjouit au contraire d'une telle décision. "Le CDI intérimaire était une innovation sociale que l'on portait depuis plusieurs années", indique Sébastien Archi, directeur des affaires économiques de Prism'emploi. "Le CDI-i est une bonne solution pour les entreprises qui ont besoin de flexibilité, mais aussi pour les salariés qui veulent de la sécurité", défend-il. "Le CDI intérimaire constitue ainsi un des éléments de la flexi-sécurité à la française voulue par le président Macron."

    Sophie Durand, responsable de la relation presse de Randstad, une agence d'intérim, y voit un moyen de fidéliser les intérimaires :

    "Garder en CDI des intérimaires, cela permet de répondre aux besoins récurrents de certaines entreprises utilisatrices, sans avoir à recruter et à former quelqu'un d'autre à chaque fois."

    Un avis que ne partage pas Franck Picaud, de Force ouvrière. "Quand cela a été créé en 2013, c'était surtout pour que les agences d'intérim évitent la taxation des contrats courts", tient-il à rappeler.

    "Et puis, il y a un turn-over énorme : sur les 36.000 contrats signés depuis sa création, 15.000 en sont partis."

    Issu d'un accord de branche de juillet 2013, le CDI-i a ensuite été étendu par arrêté du ministère du Travail en mars 2014, avant d'être reconnu par la loi Rebsamen d'août 2015, mais seulement à titre expérimental jusqu'à fin 2018. Il était donc sur la sellette, d'autant qu'une décision de la Cour de Cassation avait estimé que les partenaires sociaux de la branche de l'intérim avaient outrepassé leurs compétences en créant ce contrat en 2013. Selon la cour, ces règles "relèvent de la loi". C'est Force ouvrière qui avait formé un recours et donc remporté une première bataille.

    Les syndicats ne sont pas tous du même avis. La CFDT, qui avait participé activement à la négociation de branche à l'origine du CDI-i en 2013, défend "un véritable tremplin vers l'emploi" et se félicite de la sécurisation de ce contrat.

    "Je resterai toujours au Smic"

    Pendant un an et demi, jusqu'en octobre 2017, Marie a tenté l'expérience, comme assistante comptable chez Cora Proxi, à côté de Nancy. Elle affirme que c'était "plutôt une bonne expérience". Pour la jeune Lorraine de 24 ans, "avoir un CDI à cet âge, c'est pas trop mal quand même" :

    "Les avantages du comité d'entreprise étaient corrects et appréciables. On était payé en fonction du taux horaire de l'entreprise, soit au Smic. Selon moi, c'est correct au regard de nos responsabilités minimes."

    Son CDI intérimaire  s'est transformé en un CDI classique, dans la même entreprise. "Je ne l'ai pas vécu comme précarisation", affirme-t-elle. "Cela reste un contrat à durée indéterminée, avec la sécurité de l'emploi qui va avec."

    Son cas semble aller dans le sens de l'étude bilan réalisée par le cabinet Amnyos et publiée en janvier 2018. 67% des ruptures de CDI intérimaire seraient suivies d'une embauche en CDI classique, dans la même entreprise pour 56% et dans une autre pour 11%.

    Mais pour Sylvie*, intérimaire à Tours depuis deux ans, l'expérience est au contraire très négative. Elle regrette notamment "l'immense difficulté" à prendre ses congés et ses jours de repos. "Je suis envoyée d'équipe en équipe, si bien que je n'arrive pas à honorer mes rendez-vous médicaux" : 

    "C'est peut-être un CDI mais il n'y a aucune possibilité d'évolution de salaire, je resterai toujours au Smic. Pour moi, c'est un CDI d'esclave."

    Benjamin Arnaud

    *Le prénom a été modifié.

    L'Obs

    Benjamin Arnaud

     


  •  

    QUE CALOR Dormir avec le ventilateur allumé entraîne des risques de douleurs musculaires, de maux de tête, et de troubles respiratoires…

    20 Minutes avec agence

     

    Publié le 01/08/18 à 17h12 — Mis à jour le 01/08/18 à 17h12

     

    En pleine canicule en France, le ventilateur semble être le meilleur ami de nos nuits. Mais l’appareil n’est pas forcément sans danger. Il peut même être mauvais pour la santé lorsqu’il est utilisé toute la nuit, avertit le docteur Mark Reddick sur le site spécialisé The Sleep Advisor.

    Selon lui, les ventilateurs peuvent avoir un effet asséchant sur les personnes endormies. L’air brassé risque de dessécher la peau, la gorge mais aussi les yeux – un effet problématique pour ceux qui dorment avec leurs lentilles de contact.

    Nez bouché, mal de tête, douleurs musculaires

    La sécheresse peut aussi s’étendre aux sinus. L’organisme sécrète alors du mucus en grande quantité pour compenser la déshydratation, et l’on se réveille avec les nez bouchés ou des maux de tête. Le ventilateur projette aussi des particules de poussière ou de pollen – un phénomène plus qu’indésirable pour les allergiques et les asthmatiques.

    Dernier risque, et pas des moindres : les problèmes musculaires au réveil. Plus le ventilateur est proche du corps pendant la nuit, plus le danger de se réveiller avec des douleurs et des raideurs musculaires est important.

    Des avantages aussi

    Reste que les ventilateurs permettent de traverser la canicule un peu plus sereinement et pour un coût limité. L’objet permet une bonne circulation de l’air et produit des bruits blancs, fréquences auditives que certains apprécient beaucoup pour s'endormir.

    Pour ceux qui ne peuvent et ne veulent pas se passer d’un ventilo, Mark Reddick conseille des modèles équipés d’une minuterie. Une manière de dormir au frais sans subir les désagréments d’une nuit entière près de l’appareil.