• Marlène Schiappa fera-t-elle mieux que face aux gilets jaunes ?

     

     

     

     
    Dans le cadre du "grand débat national" lancé par Emmanuel Macron, la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa a annoncé qu’elle animerait ce vendredi 25 janvier avec Cyril Hanouna, sur C8, une émission spéciale de "Balance Ton Post" pour débattre avec des citoyens. Un exercice qui ne lui avait guère réussi avec les gilets jaunes…

    Une secrétaire d’Etat à la tête d’une émission de télévision, le temps d’une soirée. Dans le cadre du grand débat national, lancé par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des gilets jaunes, le gouvernement appelle à multiplier les réunions citoyennes partout en France. Exemplarité oblige. La secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, innove : en début de semaine, elle a confirmé qu’elle animerait un débat en présence de citoyens "retraités, infirmiers, demandeurs d'emploi, commerçants, enseignants, agriculteurs", qui témoigneront de leur quotidien sur le plateau de Balance Ton Post ce vendredi 25 janvier. Une émission qu’elle co-animera avec Cyril Hanouna sur la chaîne C8. 

    L’émission, qui prend le caractère de "spéciale" pour l’occasion, sera intitulée "La parole aux Français" et enregistrée sur le site granddebat.fr, a détaillé la chaîne dans un communiqué. Le tout sous la forme "d’un échange citoyen avec des propositions concrètes" et non d’un "débat politique".

     

    SCHIAPPA EXCÉDÉE FACE À DES GILETS JAUNES

    "Ecouter et considérer les revendications des Français" est le principal dessein de ce grand débat national, asséné par l’exécutif à longueur de lettre, de déclarations de presse et de discours. Un exercice qui s’annonce quelque peu difficile pour Marlène Schiappa, si l'on en juge par le débat auquel elle avait participé, le 5 décembre sur BFMTV, avec des gilets jaunes. Le résultat s'était révélé catastrophique pour la secrétaire d'Etat qui était apparue passablement excédée, haussant le ton à plusieurs reprises et ne cachant pas son énervement face aux interpellations des citoyens qui lui faisaient face.

    "Tout ce qu’on peut dire, tout ce qu’on peut faire, rien ne va vous satisfaire en réalité (…). Ça ne vous va pas, ça ne vous va pas, ça ne vous va pas !", s’était-elle notamment égosillée, lançant aussi : "Je ne suis pas venue dans un tribunal"… Une secrétaire d’Etat qui se targuait pourtant d’être "payée pour écouter les gens", selon ses propres mots le 30 novembre, après une rencontre avec des gilets jaunes dans la Sarthe.

    >> Voir la vidéo de Marlène Schiappa face aux gilets jaunes :

    L'ÉMISSION D'HANOUNA CRITIQUÉE

    Cible d’une multitude de critiques sur les réseaux sociaux pour sa participation à l'émission d'Hanouna, Marlène Schiappa a tenté d’expliquer sa démarche. "Twitter s'indigne et s'enflamme extrêmement facilement, c'est une sorte de réflexe de Pavlov, dès lors qu'on sort des codes de la politique traditionnelle. Cette émission nous permet de nous adresser à 700.000 personnes", a-t-elle fait valoir sur Europe 1 mardi.

    Egalement chahutée par des sénateurs lors des questions au gouvernement, la secrétaire d’Etat a rétorqué qu'"il n’y a pas de citoyens de seconde zone. Il y a des milliers de personnes qui regardent chaque semaine l’émission de Cyril Hanouna. Ce grand débat national, il vise à parler à tous les citoyens". NB : parler aux citoyens, pas les enguirlander…

     
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  • Ingrid Levavasseur est originaire de l'Eure.
    Ingrid Levavasseur est originaire de l'Eure. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP
    POLITIQUE
    Portrait

    ​Qui est Ingrid Levavasseur, à la tête d'une liste gilets jaunes aux européennes

     
    A l'âge de 31 ans, Ingrid Levavasseur, aide-soignante originaire de l'Eure, a annoncé ce mercredi 23 janvier son intention de mener une liste gilet jaune aux élections européennes du printemps 2019, celle du "ralliement d'initiative citoyenne" (l'autre RIC). Portrait.

    On connaissait l'intérêt des gilets jaunes pour les urnes avec le RIC, référendum d'initiative citoyenne, qu'ils réclament en vain jusqu'ici. Avec la liste RIC, pour "ralliement d'initiative citoyenne", certains d'entre eux espèrent d'ores et déjà rencontrer le succès aux élections européennes prévues au printemps prochain. Cette liste a dévoilé ses dix premiers noms ce mardi 23 janvier, plaçant à sa tête Ingrid Levavasseur, l'une des figures médiatiques des gilets jaunes modérés. Appréciée pour sa "droiture" par les uns, accusée d'être une "traîtresse" par les autres, portrait de celle qui divise aujourd'hui les gilets jaunes.

    INGRID LEVAVASSEUR, DE L'EURE AUX PLATEAUX TV

    Désormais habituée des plateaux de télévision, cette habitante de l'Eure a été choisie "pour son côté engagé", explique à Marianne Christophe Chalençon, autre figure du mouvement qui a participé, aux côtés d'autres militants, à l'élaboration de la liste RIC : "Elle représente parfaitement les femmes gilets jaunes et leur engagement dans le mouvement". Une nomination "pas du tout volontaire", nous promet l'intéressée. Voulue ou non, sa candidature aurait en tout cas été validée "à l'unanimité" par les participants. Ce qu'elle explique par son profil de citoyenne lambda : âgée de 31 ans, cette mère divorcée de deux enfants, issue d'un milieu rural, coche en effet beaucoup des cases représentées par les gilets jaunes

    "Je suis une femme seule, avec des enfants : la désertification, je la connais, l'humain, je le connais, la souffrance, je la connais", fait-elle valoir pour Marianne. Aide-soignante pendant trois ans en soins palliatifs, à domicile puis en clinique privée, la jeune femme a régulièrement mis en avant les conditions de travail des "blouses blanches" pour expliquer son engagement. Lors d'une intervention remarquée le 7 décembre sur le plateau de LCI, elle expliquait ainsi être payée "1.250 euros net par mois". Un petit salaire, suffisant néanmoins pour être "au-dessus du seuil net des aides sociales".

    "J'ai toujours voté écolo au premier tour, contre quelqu'un au second"

    "J'ai de nouveau été aide-soignante à domicile pendant un mois et je touchais 1.100 euros par mois, puis j'ai décidé de faire une reconversion professionnelle pour être auxiliaire ambulancier", complète-t-elle. Une reconversion qu'elle n'a finalement pas encore commencée, préférant "se consacrer entièrement à la cause" des gilets jaunes. Laquelle est effectivement prenante : depuis la fin du mois de novembre, sa chevelure rousse est régulièrement croisée sur les plateaux télé et radio, qui ont fait de la jeune femme l'une des figure les plus médiatique des gilets jaunes. Début décembre, celle qui affirmait pourtant ne pas vouloir s'afficher dans les médias se voyait même offrir le poste de chroniqueuse pour une émission politique de BFMTV, avant d'y renoncer sous la pression de camarades. "STOPPPPPPP arrêtez avec vos messages cyniques, j’ai refusé cette offre !! Vous n’imaginez même pas le mal que vous faites aux gens qui se battent pour vous !", avait-elle répondu dans un message posté sur Facebook le 5 janvier.

    Après une brève pause, Ingrid Levasseur est réapparue dans la lumière, enchaînant à nouveau les plateaux avant donc d'annoncer cette semaine son intention de candidature. Un grand pas pour quelqu'un qui assure n'avoir "jamais, jamais eu aucun engagement politique, syndical ou associatif d'aucune sorte""J'ai toujours voté aux élections, nous confie-t-elle, mais sans grand espoir de voir mon choix se concrétiser". La jeune femme dit "avoir toujours voté écolo au premier tour, puis contre quelqu'un au second". Au printemps, elle espère donc parvenir à représenter "tous les citoyens qui ne se retrouvent pas dans les politiques aujourd'hui".

    DÉJÀ UNE FRONDE CONTRE LA LISTE GILET JAUNE

    Sur Internet, elle est pourtant bien moins suivie que d'autres figures du mouvement, comme Maxime Nicolle, Priscilla Ludosky ou Eric Drouet. Peut-être sa candidature lui vaudra-telle d'être la première à bénéficier d'une page Wikipedia mais en attendant, sa page Facebook - "Levavasseur Ingrid Citoyenne en Gilet Jaune" - rassemble environ 10.000 abonnés. Au contraire d'autres gilets jaunes, il est impossible d'y trouver un seul live : elle s'en sert surtout pour annoncer ses apparitions médiatiques. Elle y rédige aussi de longs billets pour remobiliser les troupes : "Je ne lâche rien. Je suis encore là. Je suis une femme déterminée et pleine de convictions !", écrivait-elle ce 13 janvier. Le 24 décembre, elle profitait d'ailleurs d'un billet pour exprimer son soutien à l'organisateur du 17 novembre, Eric Drouet, alors en garde à vue.

    Des divisions ont depuis écorné cette belle unité : Ingrid Levavasseur a récemment confié, sur le plateau de Jean-Marc Morandini sur CNews, "ne pas être solidaire des actions mises en place par Eric Drouet et Maxime Nicolle". Ce mercredi 23 janvier, c'était au tour de Maxime Nicolle de s'en prendre à la jeune femme : "Vous êtes en train de vous foutre de la gueule de je ne sais combien de personne. Des opportunistes [...]", a-t-il tempêté dans une vidéo titrée : "Annonce d'une liste des traîtres Ingrid Levavasseur et Haik SHAHINIAN Ex GJ aux élections". Ingrid Levavasseur répond en jouant l'apaisement : "Nous ne sommes simplement pas d'accord sur la manière dont on doit mener le mouvement, mais ce n'est pas grave. Chacun a le droit de se battre à sa façon".

    En balayant ces critiques, la jeune femme ne répond toutefois pas à la crainte de beaucoup dans les groupes Facebook du mouvement : celle que la présence d'une liste gilet jaune aux élections européennes soit surtout bénéfique… à Emmanuel Macron. Ce jeudi après-midi, Eric Drouet a ainsi publié un communiqué pour désavouer l'initiative. Sans citer expressément les concernés, le routier s'agace : "Voter gilets jaunes, c'est voter Macron". En décembre, un sondage Ipsos avait attribué 12% des suffrages à une telle liste aux européennes, grignotant les voix au Rassemblement national (14%) et à la France insoumise (9%), au bénéfice de La République en marche. Son objectif à elle : "Mobiliser tous ceux qui s'abstiennent de voter actuellement". Et de rappeler, au besoin : "Les citoyens n'appartiennent à aucun parti politique". Ni à aucun gilet jaune, pourrait-elle ajouter pour certains de ses camarades…