-
de nombreux Gilets jaunes ont exprimé leur colère face à des annonces qu'ils jugent insuffisantes.
Des Gilets jaunes dénoncent une « mascarade » de Macron
Après les annonces du président de la République, de nombreux Gilets jaunes ont exprimé leur colère face à des annonces qu'ils jugent insuffisantes.
Source AFPModifié le 11/12/2018 à 11:53 - Publié le 10/12/2018 à 23:48 | Le Point.fr.Les propositions d'Emmanuel Macron n'ont pas fait retomber la colère d'une partie des Gilets jaunes. Face à un président qui propose une hausse du smic ou encore la défiscalisation des heures supplémentaires, les Gilets jaunes voient « mascarade », « pipeau », « de l'esbroufe, du saupoudrage ». À Marseille, à Rennes, comme au Boulou, à la frontière franco-espagnole, les Gilets jaunes ne décolèrent et promettent un « Ve acte qui peut être la fin de la Ve République ».
Lire aussi Macron : un tournant social qui pourrait creuser le déficit
Au rond-point du Boulou (Pyrénées-Orientales), à la nuit tombée lundi soir, quelque 150 Gilets jaunes ont écouté attentivement les mots du chef de l'État autour d'un haut-parleur, avant de se mettre à vociférer en chœur. « Il essaie de faire une pirouette pour retomber sur ses pattes. On voit bien qu'il n'est pas sincère, que c'est de la poudre aux yeux », lance Jean-Marc, un garagiste qui répare des 2 CV. « C'est de l'esbroufe, des effets d'annonces, du saupoudrage, on dirait même que c'est de la provocation », abonde Thierry, 55 ans, mécanicien vélo qui a enfilé le gilet jaune il y a quinze jours.
« Tout ça, c'est du cinéma, tant qu'on ne s'attaque pas aux problèmes de fond, il faut prendre le taureau par les cornes et annuler la dette publique », déclare-t-il à l'AFP avant de partir « bloquer » le péage du Boulou, à la frontière franco-espagnole. « On est remontés à bloc, on est repartis au front », promet-il. Moins d'une heure après l'allocution présidentielle, le péage de l'A9 était entièrement paralysé en provenance d'Espagne, a constaté un photographe de l'Agence France-Presse. « Peut-être que si Macron avait fait cette allocution il y a trois semaines, ça aurait calmé le mouvement, mais maintenant c'est trop tard », estime Gaétan, 34 ans, l'un des référents du groupe Rennes Lapins jaunes. « Pour nous, ce discours c'est du pipeau. »
« Sparadraps sur des brûlures »
À Montabon (Sarthe), sur un rond-point à la sortie de l'A28, les Gilets jaunes, réunis confortablement sous une tente chauffée, ont regardé le président à la télé, en partageant un pique-nique sur une toile cirée. « Dommage, encore raté ! » s'exclame Étienne, « Le père Noël n'a rien dans sa hotte », raille Hubert.
Lire aussi Le gilet jaune, de la sécurité routière à la contestation sociale
Attablés au café de la Paix à Commercy (Meuse), une quinzaine de Gilets jaunes, mobilisés depuis le 17 novembre, découvrent le discours devant un Picon et une barquette de frites, interrompant l'allocution présidentielle de ricanements ironiques : « Monsieur se repend », persifle Élisabeth, une retraitée de 66 ans, quand le président reconnaît qu'il lui est arrivé d'en « blesser certains ». « Il était temps », renchérit Damien, la trentaine. « Menteur », fustige une femme. « Il est pris en otage donc il lâche quelques miettes », commente Jonathan, fonctionnaire de 35 ans.
Venus des quatre coins du Tarn, les Gilets jaunes réunis sur le rond-point de Réalmont lâchent soupirs et rires nerveux. « Le peuple lui demande de démissionner et lui impose des sparadraps sur des brûlures au 3e degré [...] c'est du foutage de gueule », lâche Pierrot, artiste au RSA à Albi. Pour Luc, pizzaïolo à Marseille, « c'est une mascarade. Il annonce des primes versées par les employeurs, mais comment ils vont faire, ils n'ont plus de sous. »
« De bonnes idées », mais...
Certains Gilets jaunes voient quand même « une prise de conscience », voire une « avancée » dans le discours présidentiel. « L'augmentation du smic de 100 euros, c'est vraiment pas mal », se réjouit Erwan, l'un des porte-parole à Rennes. Les annonces pour les retraités qui gagnent moins de 2 000 euros « ça va quand même leur faire un petit plus », « la prime de fin d'année aussi, c'est très bien ». « Il a même parlé des grandes entreprises qui ne payent pas leurs impôts en France, on espère que ça bougera là-dessus aussi. »
Lire aussi Gilets jaunes : la gueule de bois bordelaise
« Il y a de bonnes idées, un mea culpa, qui arrive trop tard mais on ne va pas cracher dessus », abonde Claude Rambour, 42 ans, Gilet jaune membre des Gaulois de Calais. Mais « il aurait dû aller plus loin », dit le quadragénaire qui craint que ce discours veuille « diviser les Gilets jaunes ». « On va prendre le temps de réfléchir, d'interpréter, d'en parler entre nous », explique Laure, une mère sans-emploi de Gironde, qui n'est pourtant « pas convaincue ».
Mais « le fait qu'il ne revienne pas sur la suppression de l'ISF, c'est pire que tout. C'est par là qu'il a allumé la mèche et il n'éteint pas l'incendie, fustige à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) Pierre-Gaël Laveder. Globalement, « Macron n'a pas pris la mesure de ce qui se passait : [...] on en est maintenant à demander de changer de système. » Le militant CFDT prévient que ça risque « de péter cette nuit » et « samedi, le Ve acte, ça peut être la fin de la Ve République ».
« la LR sort de leur schysophrénie & coucou nous revoilousEn immersion dans la junde d'amazonie (document ) »